« Un bizutage humiliant », filmé et partagé sur les réseaux sociaux. C’est par ces mots qu’a été décrit à nos consœurs de Sud-Ouest le calvaire qu’aurait subi un jeune commis, ligoté à une chaise nu, une pomme dans la bouche et « une carotte dans les fesses », dans les cuisines du luxueux Hôtel du Palais à Biarritz, début décembre. Son chef étoilé, Aurélien Largeau a quitté ses fonctions mardi 26 novembre.
Ce n’est pas un bizutage, ce sont des violences sexuelles
Interrogé par l’AFP, le procureur de Bayonne, Jérôme Bourrier, a confirmé que le parquet avait ouvert, de son propre chef, une enquête préliminaire pour agression sexuelle et violences. À l’heure actuelle, aucune plainte n’a été déposée.
La qualification pourrait encore évoluer, selon Libé, qui a également pu échanger avec le procureur : « À la question de savoir si pénétration il y a eu, le parquet répond ne disposer que « des éléments fournis par Sud-Ouest ». Le cas échéant, l’affaire pourrait être requalifiée en viol, affirme le parquet ».
Sans venir corroborer explicitement les témoignages récoltés par Sud-Ouest, un responsable du groupe a indiqué à l’AFP que le départ précipité du chef était lié à un « incident préoccupant » qui « ne reflète pas les valeurs que nous défendons, une investigation a été menée et les décisions adéquates ont été prises. La sécurité, la santé et le bien-être de nos collègues, de nos clients et de nos partenaires sont nos priorités absolues ».
Ce climat sexiste et violent doit cesser
Aurélien Largeau, recruté en 2020 pour diriger le restaurant gastronomique de l’hôtel cinq étoiles et auréolé d’une étoile au guide Michelin l’an dernier, nie « formellement les allégations » dont il fait l’objet, dénonçant auprès de France Bleu Pays Basque des faits « mensongers et diffamatoires ». « Je condamne toute forme de maltraitance, bizutage ou humiliation au sein des brigades et plus largement, et jamais je ne m’associerai à de tels comportements », a abondé le chef de 31 ans qui dit préparer sa défense avec ses avocats.
Ces histoires glaçantes ne sont pas rares. Depuis plusieurs années, des témoignages font état du climat sexiste et violent qui subsiste dans le milieu très hierarchisé – et mascuin – de la restauration. En 2021, les journalistes Nora Bouazzouni et Lénaïg Bredoux publiaient notamment une grande enquête pour Mediapart, révélant les « violences physiques, psychologiques, sexuelles, [les] propos racistes et homophobes [et les] conditions de travail éprouvantes » qui gangrénaient la gastronomie. Deux ans plus tard, rien n’a changé ?
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