Après le FOMO, qui a fait le tour de la presse et des réseaux sociaux, c’est au tour du FOPO de faire parler de lui. Si seule une lettre sépare ces deux troubles psychologiques, dans leur signification, il y a en réalité un fossé. Le FOMO désigne la « peur de rater quelque chose » (Fear Of Missing Out). Le FOPO, quant à lui, se réfère à la « peur de l’opinion des autres » (Fear Of People’s Opinion). C’est le psychologue Michael Gervais qui a mis en lumière ce « syndrome »dans son ouvrage « The first rule of Mastery : stop worrying about what people think of you ». On vous explique précisément en quoi il consiste.
Qu’est-ce que le FOPO ?
Au long de ces 224 pages dédiées au sujet, l’auteur nous fournit une définition détaillée de ce dernier. Auprès de nos confrères du HuffPost, il explique que le FOPO est « avant tout un mécanisme d’anticipation que nous utilisons, (…) un processus préventif pour accroître notre acceptation aux yeux des autres et nous permettre d’éviter le rejet. » Sans surprise, la peur de l’opinion des autres est donc elle-même motivée par une autre peur : la peur du rejet.
Le FOPO regroupe tous les actes et comportements adoptés « pour éviter de paraître stupide devant d’autres personnes ou (…) pour éviter un rejet potentiel de la part d’un groupe. »
Ce trouble est évidemment particulièrement présent dans les phases de l’existence où l’identité est fragile, en pleine construction, pas tout à fait aboutie, et où l’influence d’autrui est grandissante ; comme durant l’adolescence. Mais ce que le psychologue nous dit, c’est qu’elle peut toucher n’importe qui, grand comme petit, adulte comme tout-petit, à n’importe quelle phase de sa vie.
S’il est normal de vouloir être accepté dans le groupe social dans lequel on s’inscrit ou dans la société dans laquelle on vit, cette envie devient maladive lorsqu’on commence à accorder une importance démesurée à l’opinion d’autrui au détriment de la nôtre, lorsqu’on se concentre sur les pensées et les sentiments des autres à notre sujet plutôt que sur nos propres ressentis ; lorsque le regard de l’autre nous pourrit la vie et que le besoin d’appartenance finit par revêtir les manifestations que nous allons vous décrire.
Comment se manifeste le FOPO ?
Le FOPO « se caractérise principalement par une hypervigilance et une réactivité sociale. » Ainsi, celui qui en souffre finit par « analyser son monde pour obtenir son approbation. » C’est surtout face à une interaction sociale que ce FOPO s’exprime de la manière la plus flagrante, puisque l’individu est directement confronté à l’opinion de l’autre. Le moindre fait et geste de l’interlocuteur y sera donc suranalysé, surinterprété, en amont de l’interaction, pendant, et en aval. Selon Michael Gervais, on reconnaît le FOPO car il se manifeste en trois phases : la phase d’anticipation ; la phase de vérification dite de « contrôle » ; et la phase de réponse dite d’adaptation.
- La phase d’anticipation est marquée par d’innombrables pensées et sentiments qui vous traversent l’esprit avant de vous rendre à un événement social ou d’avoir une interaction avec autrui.
- La phase de contrôle se caractérise par une analyse accrue des paroles de l’interlocuteur, du ton de sa voix, de ses comportements, de ses expressions faciales ; bref, par une analyse poussée de chaque élément du langage verbal et corporel de ce dernier. Plutôt que de vous intéresser sincèrement à ce qu’il peut dire et/ou ressentir, vous êtes obnubilé par l’image que vous projetez, par le fait d’être OK aux yeux de l’autre. Vous êtes centré sur vous-même plutôt que sur ce dernier. Un signe explicite de cette phase de surnalyse : vous venez de rencontrer une personne, sauf que vous êtes tellement obsédé par l’image que vous projetez que quelques minutes après qu’elle se soit présentée, vous avez déjà oublié son prénom.
- La phase de réponse concerne la réaction comportementale que vous allez adopter face aux signes que l’interlocuteur a démontrés. « Si vous sentez que vous pourriez être rejeté ou que vous pourriez être mal vu… ce que les gens finissent par faire, c’est qu’ils changent de comportement de manière à être inclus. » Un exemple d’adaptation comportementale provoquée par le FOPO serait de rire à des blagues que vous ne trouvez pas drôle.
Bien évidemment, cette peur de l’opinion des autres a un impact sur la santé de la personne concernée : elle ajoute une charge mentale non négligeable, qui se traduit par une fatigue mentale et physique. « Cette phase d’anticipation et cette phase de contrôle sont épuisantes. Elles sont très fatigantes. Vous devenez un organisme coûteux à gérer », déplore le psychologue.
Pourquoi souffrons-nous de FOPO ?
L’homme est un animal social : il a besoin de vivre en société pour être heureux et en bonne santé. Le psychologue explique ainsi que ce besoin remonte à très loin dans le temps : l’être humain associait alors la sécurité à l’appartenance sociale. S’il ne rentrait pas dans le moule de la tribu dans laquelle il était, il se faisait rejeter et il était compliqué pour lui de survivre seul face à la nature sauvage.
Au-delà d’être une question de vie ou de mort, ou qu’une nécessité vitale, l’homme ne peut y échapper :
« Nous vivons dans des relations, nous vivons dans des communautés… nous interagissons toujours avec d’autres personnes, il est donc difficile de ne pas se soucier de ce que les gens pensent », explique une psychologue et thérapeute familiale.
HuffPost
Le FOPO est une expression exacerbée de ce désir de se faire accepter par ses pairs.
D’ailleurs, si le FOPO s’épanouit aujourd’hui, c’est aussi parce que les mécanismes sociologiques normaux sont accentués par les progrès technologiques de nos sociétés, et par les réseaux sociaux en particulier. Ces derniers donnent à voir une réalité parfaite et idéalisée de l’autre, à laquelle on est inlassablement appelé à se comparer, qui finit par nous complexer et par nous pousser à faire excessivement attention à l’image in fine projetée. Les mentions j’aime, les commentaires, les demandes d’amis, mettent sur un piédestal la validation externe de soi.
Des signes qui indiquent que vous souffrez de FOPO
- Vous vérifiez votre téléphone pour paraître important ou occupé.
- Vous buvez lors d’une fête ou soirée même si vous n’en avez pas vraiment envie.
- Vous ressentez de l’anxiété à l’idée de commander dans un café, une boulangerie etc. pour être sûr de bien faire les choses et de ne pas faire grandir la queue derrière vous.
- Vous faites semblant d’avoir vu un film que vous n’avez en réalité jamais vu.
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