Docteure Monboule, c’est la personne à contacter quand vous avez des questions qui concernent la sexualité. Eh oui, Madmoizelle reprend du service pour vous accompagner dans vos tourments… du cul.
Vous vous posez des questions sur votre vie sexuelle ? Vous avez des envies ou des fantasmes, et vous ne savez pas comment en parler ou les réaliser ? Chaque semaine, Docteure Monboule vous aide à mettre le doigt sur ce qu’il vous faut (ou dedans, c’est comme vous préférez) !
La promesse de cette consultation, c’est que vous en sortirez avec des conseils utiles, sans jugement ni injonction… Et des mauvais jeux de mots, parce que pourquoi s’en priver.
Si vous avez des questions à poser à la docteure, écrivez-nous à drmonboule[at]madmoizelle.com avec l’objet « SOS Docteure Monboule »
« Chère Docteure Monboule,
Ça va faire 4 mois que je suis avec mon mec et tout se passe super bien.
C’est quelqu’un de très démonstratif, et c’est ce que j’adore chez lui ! Il a toujours des petits attentions pour moi et est très expressif.
Par contre, quand on couche ensemble, juste après qu’il a joui, il devient soudainement très froid et évite le contact physique. Lui qui est d’habitude assez tactile devient l’opposé total.
Quand j’essaye de l’approcher pour un petit câlin, il gigote un peu et se dégage de mes bras, puis se retourne et se met à scroller sur son téléphone. J’ai essayé de lui en parler, mais il me dit juste qu’il est fatigué.
Déjà que je n’ai pas trop confiance en moi, la situation me peine beaucoup ! J’ai l’impression que je le dégoûte après le sexe… »
Aïe ! Ce que vous me décrivez là m’a tout l’air d’être ce qu’on appelle : des symptômes postcoïtaux. Et pour le ou la partenaire qui en fait « les frais », comme vous, ça n’est pas toujours évident…
Alors qu’il y a quelques secondes votre mec hurlait à la lune de plaisir, et était, littéralement, partout sur vous, le voilà rivé à l’autre bout du lit, froid comme un glaçon une fois l’orgasme atteint. Pendant ce temps-là, alors que vous nagez dans l’euphorie de la jouissance, vous vous retrouvez seule, encore nue comme un ver et trempée de sueur, avec vos yeux pour pleurer.
Pire, il vous arrive d’avoir l’impression d’être avec un mauvais coup d’un soir qui, une fois la coucherie terminée, passe déjà à autre chose. Vous étiez chauds comme la braise et vous voilà isolés comme deux icebergs en pleine fonte des glaces… Pas cool.
Dans le milieu du BDSM, l’aftercare (le temps et l’attention accordés aux partenaires après une expérience sexuelle intense) a une place essentielle. Une pratique que certains et certaines aimeraient voir systématisée dans les rapports sexuels plus « vanilles » ! Mais visiblement, ce n’est pas la tasse de thé de votre partenaire…
Évidemment, il n’est pas question de le forcer à vous dorloter s’il n’en n’a pas envie — et avant de le prendre personnellement et de lui en vouloir, il y a deux-trois trucs que vous devriez peut-être prendre en compte. Voici mon ordonnance.
Prescription 1 : comprendre d’où vient ce détachement soudain
Respirez un bon coup, et dites-vous bien que cette soudaine froideur que vous ressentez de la part de votre partenaire n’a probablement aucun lien avec vous. Surtout si, comme vous me le racontez, il est d’ordinaire très tactile et démonstratif avec vous.
Ce changement abrupt de température peut, légitimement, surprendre et provoquer chez vous un choc thermique. Mais sachez qu’il existe plusieurs possibilités pour expliquer ce que votre copain traverse après l’orgasme :
- Peut-être que votre mec souffre de dysphorie postcoïtale ? Oula, je sens que je vous perds. Ne vous inquiétez pas, je vous explique : la dysphorie postcoïtale, c’est un état qui peut provoquer des sentiments de « tristesse, d’agitation et de pleurs après un rapport sexuel », ou même de l’anxiété ! Bref, tout un tas d’émotions qui ne donnent pas franchement envie de se vautrer sur le corps suant de l’autre ou de crouler sous les papouilles.
- Plus spécifiquement, il peut être atteint de symptômes postcoïtaux, c’est-à-dire « des sautes d’humeur et une baisse d’énergie » — ce qui peut expliquer pourquoi vous avez l’impression qu’il vous rejette soudainement et manque d’intérêt une fois qu’il a lâché la sauce.
- Votre partenaire est peut-être très anxieux en ce moment… ou même dépressif ! Ce qui peut ne rien à voir avec votre relation ou avec ce qu’il ressent pour vous. Peut-être qu’une fois le moment d’euphorie passé, il se met à ruminer ses problèmes et se retrouve incapable de penser à autre chose et à être présent pour vous ?
- Les hormones ont potentiellement leur rôle à jouer là-dedans. Quand on ken, le corps sécrète un paquet d’hormones comme la dopamine, l’ocytocine ou encore la prolactine. Ce cocktail jouissif provoqué un pic d’émotions vives. Mais qui dit pic, dit redescente ! Inévitablement, le niveau de ces hormones chutent, plus ou moins rapidement, ce qui peut déclencher anxiété et tristesse. C’est peut-être ce qu’il se passe dans le corps de votre copain…
- Il est possible que votre mec ait vécu des traumatismes liés à sa sexualité qui sont triggered après avoir joui. Si, par exemple, il a été victime d’une agression sexuelle par le passé, peut-être que certains éléments ou certaines attitudes peuvent faire remonter tout ça.
- Enfin, je sais que vous redoutez cette option, mais peut-être qu’il se passe quelque chose dans votre relation ou dans vos rapports sexuels qui le mettent mal à l’aise et qu’il n’arrive pas à vous exprimer ? Ou peut-être même qu’il est complexé à propos de quelque chose, qu’il n’arrive pas à vous dire ce qu’il aime ou n’aime pas pendant le sexe et que cette frustration le ronge une fois la partie de jambes en l’air terminée…
Prescription 2 : en discuter ouvertement
Évidemment, vous l’avez vu venir, je vous conseille d’en discuter. Et ce, ensemble et avec un ou une pro (comme un ou une sexologue, par exemple).
Le mieux reste avant tout d’avoir une discussion ouverte et honnête avec lui ! Et surtout, de ne pas le forcer à cracher le morceau, ni de le faire se sentir anormal.
Essayez de lui exprimer votre incompréhension, et dites-lui à quel point ça vous préoccupe. S’il voit que ça vous perturbe autant et qu’il communique bien, il voudra que vous en parliez. S’il le souhaite, écoute-le, et ne le jugez pas.
Des bonnes questions autour desquelles vous pouvez tenter de bavarder sont :
- « Est-ce que j’ai fait involontairement quelque chose qui aurait pu déclencher ce que tu ressens après le sexe ? » — c’est d’ailleurs l’occasion de faire un point sur le consentement car peut-être qu’il y a eu des gestes ou des mots acceptés dans le feu de l’action que votre partenaire a pu regretter après coup (des propos coquins qui sont allés trop loin à son goût, par exemple).
- « Ce que tu ressens après le sexe est-il lié au sexe en lui-même ou à quelque chose qui se passe plus généralement dans ta vie passée ou présente ? »
Prescription 3 : trouver des compromis
Si, après avoir discuté votre mec vous avoue avoir besoin d’espace après vos parties de jambes en l’air, essayez de ne pas le prendre personnellement et de trouver des solutions qui vous conviennent à tous les deux.
Ensuite, à voir si de son côté quelque chose se débloque et l’encourage à faire quelques petits pas vers vous après l’orgasme.
N’oubliez pas, l’important est que chacun d’entre vous se sente à l’aise et écouté !
Vous avez besoin d’une consultation ? Écrivez à drmonboule[at]madmoizelle.com avec l’objet « SOS Docteure Monboule » !
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Les Commentaires
Non, on ne peut pas toujours verbaliser ce que l'on ressent, encore moins sur le moment, parce qu'on est focaliser sur "faire passer la crise" .
Lire en tout premier commentaire que ce genre de comportement est forcément un manque de respect et d'amour et que si on fait "que" scroller sur son téléphone c'est forcément qu'on est juste un.e con.ne et qu'on s'en fou de son partenaire, c'est vraiment super violent, en fait...
Scroller sur un smartphone c'est une manière de fuir la réalité et de faire passer une crise d'angoisse, ou tout autre Trigger qui peut faire remonter un trauma.
C'est vraiment hyper violent de lire que non, c'est pas vrai et pas légitime.
Surtout que c'est à peine voilé que c'est parce qu'on parle d'un homme que ça fait penser ça..
ça fait parti du patriarcat de penser en premier lieu qu'un homme ne peut pas avoir de trauma ou éprouver des crises d'angoisses ou ce genre de réaction.
C'est complètement cliché, comme réaction, de penser que parce qu'on parle d'un homme, forcément c'est juste un con qui ne respecte pas sa copine.. C'est vraiment pas bienveillant comme réflexion..