Vous vous posez des questions sur votre vie sexuelle ? Vous avez des envies ou des fantasmes, et vous ne savez pas comment en parler ou les réaliser ?
Chaque semaine, Docteure Monboule vous aide à mettre le doigt sur ce qu’il vous faut (ou dedans, c’est comme vous préférez) !
La promesse de cette consultation, c’est que vous en sortirez avec des conseils utiles, sans jugement ni injonctions… Et des mauvais jeux de mots, parce que pourquoi s’en priver.
Si vous avez des questions à poser à la docteure, écrivez-nous à
drmonboule[at]madmoizelle.com avec l’objet « SOS Docteure Monboule »
Chère Docteure Monboule,
Je viens de me mettre en couple, et c’est ma première relation avec une fille. Nous n’avons pas encore couché ensemble ni abordé la question de la protection pendant les rapports sexuels.
Quand il s’agissait de coucher avec des hommes cisgenres, j’avais toutes les informations en main : mes parents, l’école, les films m’avaient fait connaître l’existence des préservatifs pour pénis, et expliqué à quoi ils servaient. Mais dans le cas de rapports lesbiens, j’ai l’impression qu’il y a un tabou, qu’on en parle jamais.
Du coup, je suis pleine de questions : est-ce qu’il y a des possibilités de protections contre les IST quand les deux personnes qui couchent ensemble ont des vulves ? Est-ce que si personne n’en parle, c’est parce qu’il n’y a pas de risques ? Help !
Chère détectoriste,
Je dis détectoriste car, un peu comme ces gens qui sillonnent les chemins armés d’un détecteur à métaux, tu es en quête d’une information précieuse au milieu d’une immense pile de détritus. Car c’est ce qu’Internet a à offrir quand on cherche une information sur le sexe lesbien.
Trouver des connaissances sur les pratiques de safe-sex entre personnes à vulves peut en effet relever du parcours du combattant : il semblerait qu’en matière d’éducation sexuelle, le monde se soit arrêté à l’étape traumatisante du préservatif sur la banane en SVT ! Oui, ce move pédagogique qui date de l’ère industrielle et qui a ruiné un fruit plein de potassium pour tout le monde.
Mais soit sans craintes : en tant que spécialiste du cul, j’ai les informations dont tu sembles avoir besoin ! Pas de prescriptions obligatoires pour cette semaine, seulement un ensemble de possibilités au sein desquelles, j’espère, tu trouveras ce qui te convient.
Les risques de transmission d’IST pendant un rapport lesbien
Commençons par le début : peu importe le genre ou l’orientation sexuelle, les infections sexuellement transmissibles (IST) sont toujours à prendre en compte. Tant qu’il y a des fluides corporels et des muqueuses impliqués, le risque est présent !
Que ce soit lorsqu’on pratique le sexe oral, la pénétration (vaginale ou anale) avec les doigts ou avec des accessoires, ou encore le contact entre les vulves, il est possible de transmettre des infections ou des mycoses. Entre autres, la chlamydia, l’herpès, la trichomonase, ou encore le papillomavirus humain… Autant de nom d’oiseaux qu’on préfère lire dans un article que sur son rapport médical !
Si l’on parle peu des moyens de se protéger des IST lors des rapports entre personnes à vulve, c’est en raison de l’invisibilisation des lesbiennes dans l’éducation sexuelle bien plus que d’une absence de risques.
La digue dentaire
La digue dentaire, dont le nom d’accessoire d’orthodontie ne fait absolument pas honneur à son utilité, peut être utilisée de plusieurs manières dans un rapport sexuel.
Pensée pour le sexe oral tant sur une vulve que sur un anus, la digue se présente comme un carré de latex ou de polyuréthane d’apparence assez simple. Elle se trouve assez facilement en pharmacie, et se place sur la partie génitale à laquelle vous aurez décidé de rouler une pelle.
Imperméable, elle a l’avantage de ne laisser passer aucun fluide qui pourrait vous mettre en danger. En n’oubliant pas de l’enduire d’un lubrifiant à base d’eau, elle aura l’avantage de tenir un petit peu mieux en place.
Soyons honnêtes : la plupart des avis sur la digue ne sont pas des plus convaincus. Plutôt épaisse, elle ne tient pas seule et il faut donc la maintenir pendant l’acte en trouvant une position adéquate. Cela nécessite un peu d’entraînement et de persévérance !
Si vous avez du mal avec l’objet, de nombreuses associations de prévention sexuelle recommandent de s’en fabriquer à partir d’un préservatif.
Pour cela, il suffit ôter les deux bouts, et de le couper dans la longueur pour obtenir un rectangle qui s’utilisera comme la digue. Avec pour avantage d’être déjà lubrifié, et un peu plus fin, donc plus agréable à l’utilisation !
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Cette digue, qu’elle soit achetée telle quelle ou fabriquée version DIY, pourra aussi être utilisée lors des contacts entre vulves : là aussi, le frottement des muqueuses peut être vecteur d’infections sexuellement transmissibles. Il faut donc penser à se protéger, notamment en période de règles, car le sang favorise fortement la transmission de bactéries ou de virus.
Se protéger pendant la pénétration
Du côté de la pénétration, l’utilisation de préservatifs internes (dits « féminins ») (ceux qui se glissent à l’intérieur du vagin) vous sera utile, tant pour la pénétration digitale qu’avec des sex toys. L’important, c’est d’utiliser des préservatifs différents pour chaque partenaire : c’est cela qui évite le mélange des fluides, et donc les risques.
Si vous avez des coupures sur les doigts, ou que vous n’êtes pas sûre de l’absence de bactéries sous vos ongles (dois-je vraiment vous rappeler à toutes et à tous qu’on ne passe pas à table sans s’être lavé les mains ?) vous pouvez aussi utiliser des gants digitaux (ou « capotes à doigts »), qui vous permettront de les mettre où vous voulez sans vous inquiéter. En plus, il paraît que ça rend les doigts tout doux et lisses, et augmente ainsi les sensations !
Tester les culottes protectrices
À en faire la description, je me rends bien compte que ces possibilités de protection ont l’air un peu archaïques, et j’aimerais avoir des choses un peu plus pratiques, agréables et fun à te proposer. J’ai fouiné du côté des innovations et je suis tombée sur des culottes pour sexer en toute sécurité : les sous-vêtements Lorals !
À usage unique, ces sous-vêtements en latex doux et fin ont été créés pour permettre toutes formes de rapports sexuels (oraux, digitaux, anaux) en toute sécurité.
Certes, à 25$ le pack de 4, ces culottes sont encore relativement coûteuses et doivent être importées des États-Unis. Mais l’idée est assez belle pour être notée !
Le dépistage, toujours une bonne idée
D’après ta missive, ta partenaire et toi semblez être en couple depuis peu. Quand vous vous sentirez prêtes (ou dès maintenant, si vous en avez envie !) vous pourrez aussi vous faire dépister sur ordonnance d’un médecin, ou sans ordonnance et de manière gratuite dans un Planning familial ou au sein d’un Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD).
Si vous êtes toutes les deux en accord et que cela correspond à votre mode de relation, vous pourrez alors laisser tomber les protections !
Normalement, avec toutes ces options, vous devriez avoir de quoi faire… Mais si tu trouves mieux, tiens-nous au courant ! De mon côté, je vais aller brûler des vieux manuels de SVT.
À lire aussi : Savoir si on a une IST : le guide pour (re)connaître ces petites saloperies
Les Commentaires
C'est noté dans la FAQ. Dommage l'idée était carrément tentante !