Tout le monde le sait : il est normal qu’à un moment ou à un autre, tout s’arrête. C’est inévitable — triste, mais inévitable quand même. Je vais pas philosopher ici sur la vacuité de la vie qui mène toujours à la mort, non non. Je vais plutôt vous parler de la fin de ma série préférée. Parce que j’ai un peu de mal à m’en remettre.
Le jour où tout a commencé
Il y a plus de 5 ans, en feuilletant un magazine télé, je suis tombée sur une photo promotionnelle et un petit article vantant une série américaine prochainement diffusée en France, Sons of Anarchy. Période rebelle oblige, je me suis dit « Cool, des anarchistes ! ». Période pubère oblige, je me suis aussi dit « Oh nom de Zeus, un beau blond à cheveux longs sur une Harley Davidson ! ». Et j’ai craqué.
Le samedi suivant, j’étais devant Sons of Anarchy, diffusée en deuxième partie de soirée. Et j’ai comme qui dirait KIFFÉ. C’est ainsi que je suis tombée sous le charme de cette série créée par Kurt Sutter, un maître en matière de shows alliant brutalité et sexualité (The Shield, c’était lui).
J’étais donc amoureuse de ces personnages, principalement de Jax parce que je suis bon public et qu’agiter un garçon aussi jbahfbivjhfoduh devant moi, ça marche toujours, mais aussi du meilleur pote barbu et torturé (Opie, donc), de la machoîre de Clay (Ron Perlman lui-même, excusez du peu), de l’ambiance de méchants hippies en moto qui ne veulent pas vivre dans la même réalité que les autres mais qui passent quand même leur temps à la modeler selon leur bon vouloir…
Des hauts, des bas, de la complexité et de l’huile de moteur
J’avoue, je n’ai pas toujours été fidèle.
Déjà, il se passait 1000 ans entre la diffusion française de deux saisons. Ensuite, je me suis mise sur le tard à la VOST, objectivement bien meilleure (forcément : rend sa vraie voix à une personne et soudain ça ressemble à du velours dans tes oreilles)… mais bon, fallait écouter ET lire, ce dont je n’étais pas capable avant de me faire greffer une deuxième moitié de neurone. Et enfin, Sons of Anarchy (ou SOA, ou Samcro, choisis ton camp), eh ben ça a beau être des mecs en cuir qui se tapent sur la gueule et font dans le commerce illégal, c’est pas toujours simple, au contraire !
La stratégie commerciale de la vente d’armes à l’IRA (et autres joyeusetés — mais je veux pas spoiler, je suis gentille) et moi, à certains moment, ça a fait deux. Pendant la saison 5, j’avoue, j’ai un peu décroché… Les petites pointes d’humour me manquaient alors que la violence prenait largement le dessus. Je me disais alors « mooooooooooh mais t’inquiète, Sutter a prévu d’aller jusqu’à la saison 7, t’as du temps pour te refaire ! ». Ahah. Ben oui. Mais non.
À raison d’une douzaine d’épisode par saison, il m’en restait une trentaine pour retrouver la flamme qui faisait battre mon petit coeur. Et en effet, la saison 6 a porté ses fruits : j’étais de nouveau totalement mordue ! Et tout comme pendant les vacances je ne peux pas m’empêcher de me répéter « naaaaan, plus qu’UN MOIS avant les cours ! », j’ai commencé à couiner en imaginant l’arrivée prochaine de l’ultime saison de ma série chérie
. Je voyais le bout du tunnel et pour le coup, j’avais pas vraiment envie de suivre la lumière.
This is the end, my only friend, the end…
À l’heure où j’écris cet article, le dernier épisode de la dernière saison sera diffusé aux États-Unis dans un peu plus d’un jour. Je pourrai le regarder d’ici 3-4 jours. J’ai déjà prévenu mon chéri : ce jour-là, je veux être seule pour pouvoir pleurer un bon coup. Et je risque de déprimer pendant les quelques jours qui suivent. Pardon, je suis un être extrêmement sensible parfois.
Il a rigolé et m’a demandé « Tu m’as vu pleurer à la fin de Breaking Bad ? ». Non monsieur, c’est vrai, tu es resté de marbre. Mais Breaking Bad, tu l’as regardée en une semaine ! Tu n’as pas cultivé ton attachement à cette série pendant des années. Tu n’as pas vécu avec comme j’ai vécu avec SOA.
J’ai bien pensé adopter leur mode de vie, à mes vilains bikers, et puis je me suis rendue compte que j’aurais du mal à gérer le commerce d’armes avec l’IRA, vu que je connais aucun Irlandais. Et puis paie la place des femmes dans la série : soit des accessoires, soit l’instrument de la perte des hommes (je ne vais pas faire une liste de tout ce qui se casse la binette et de tous ceux qui meurent à cause des femmes mais le coeur y est) ! Très peu pour moi… Je me suis contentée de me trouver un chéri motard blond à cheveux longs (sans blague) et d’apprendre à manier un deux-roues, ça compense tout en évitant la prison (je déteste l’orange, leurs tenues ne m’iraient pas).
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Mais c’est un petit deuil que je vais devoir faire, et j’ai pas trop trop envie.
L’arrêt d’une série, cette petite mort du monde moderne
On a tous connu ça, je crois : on suit une série, on en tombe éperdument amoureux, on se sent proche des personnages, ou on rêve d’être comme eux, et puis le show s’arrête, et on a l’impression d’avoir un gros trou tout vide au milieu de la poitrine. C’est bête, parce que c’était de la fiction, et que la fiction, c’est rarement éternel (mention spéciale aux Feux de l’amour et autres séries qui semblent ne jamais vouloir finir) !
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Pour ma part, j’ai commencé à cultiver cet amour des séries au milieu des années 90. J’étais une mini-pouce et je suivais religieusement les rediffusions d’Urgences le dimanche soir à 18h. J’étais totalement subjuguée, je me voyais déjà médecin (sauf que les études de plus de 10 ans c’est pas pour moi, du coup… j’écris un mémoire sur les séries : tout se rejoint !). Mais le temps a passé, la série a duré une quinzaine d’années : j’ai eu le temps de grandir, de partir de chez moi, de ne plus avoir le temps de la regarder et donc de m’en éloigner. Comme c’était arrivé pour Charmed ou encore Smallville. C’était facile pour moi de voir ces séries rendre leur dernier souffle vu que, clairement, je n’en avais plus rien à faire.
Mais là, pour la première fois, j’ai pu suivre une série du début à la fin et garder le même intérêt tout du long. La voir s’achever, c’est un peu comme voir mourir une relation amoureuse (oui oui, carrément) : on sait que c’est mieux que ça s’arrête, on sait qu’il y aura d’autres belles histoires après celle-là, mais quand même, ça a fait partie de nous pendant un bout de temps, du coup on est triste. Je sais, c’est vachement beau et profond ce que je dis là. Je vise AU MOINS un doctorat en philosophie avec cet article.
Bref, je suis triste, parce que je n’aurai plus à attendre de retrouver Jax, Clay, Bobbie, Chibs, Tig, Juice, Tara, Gemma et tous ces grands tarés pour une quarantaine de minutes de bonheur et d’horreur une fois par semaine. Mon chéri (toujours lui) grogne que la seule chose qui va me manquer c’est la belle gueule de Charlie Hunnam, a.k.a. Jax… Certes, l’homme est particulièrement parfait selon mes goûts, mais Sons of Anarchy ne se résume pas à sa barbiche blonde ni à son torse musclé ! C’est véritablement l’ambiance, la complexité des personnages, les petites touches d’humour qui vont, dans quelques jours, disparaître et laisser une petite part de vide dans mon coeur de fangirl.
Et sans rire, rien que de l’écrire, ça me met la larme à l’oeil.
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