S’il fallait encore des preuves pour montrer qu’être mère au foyer est un vrai boulot, les voici.
Sa femme décède, il embauche du personnel
Sur TikTok, Allison Roozen explique que sa meilleure amie, mère tout comme elle, est morte. Toutes les deux semblaient proches, elles avaient été enceintes au même moment, avaient eu leurs bébés à la même période, mais un jour, son amie est décédée, et son mari s’est retrouvé seul.
Ce dernier a donc dû embaucher du personnel pour faire ce qu’elle faisait gratuitement, comme un paysagiste, une femme de ménage, mais également deux baby-sitters, tout en demandant de l’aide aux voisins et aux grands-parents pour s’occuper des enfants. Pour la partie plus « émotionnelle », Allison Roozen explique que cette tâche revient à la nouvelle petite amie du mari veuf.
C’est ce qui s’appelle « déléguer », au sens large du terme, visiblement. Allison conclut sa vidéo avec une citation forte : « Maintenant, ils ont un village, alors qu’avant, ils avaient une mère qui faisait tout ça ».
Et c’est bien ce qui est choquant dans cette vidéo. Cette mère décédée faisait tout ce boulot, gratuitement, comme des milliers de mères le font tous les jours. C’est profondément triste et injuste, mais c’est la réalité.
Dans les commentaires sous la vidéo, de nombreuses femmes s’expriment : « le plus triste, c’est que si c’était l’inverse, la mère n’engagerait aucune aide et elle se débrouillerait seule », « ma plus grande peur est de disparaître après une vie de travail, et d’être juste remplacée, alors qu‘une fraction de cette aide m’aurait aidé à être une meilleure version de moi-même » ou encore « Je n’ai pas d’enfant, mais bon sang, je suis convaincue qu’être mère est le travail le plus important et le plus stimulant qui existe ».
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Mère au foyer : un boulot qui ne paye pas
Bien évidemment, nous ne connaissons pas le contexte intime de leur relation. Néanmoins, pour elle et pour toutes les autres mères qui fournissent un boulot considérable, parfois en plus de celui pour lequel elles sont officiellement payées, pour toutes celles qui élèvent leurs enfants sans aide ou si peu, pour toutes celles qui triment, pour toutes celles qui se tapent une charge mentale, émotionnelle et affective considérable, on peut s’indigner et demander reconnaissance.
La justice, notamment, avait déjà pu prouver que les mères au foyer méritaient un salaire, comme ça avait été le cas en Espagne, lorsqu’un homme, qui reléguait à sa femme toutes les tâches ménagères, et avait dû lui verser 200 000 euros de compensation.
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Mais plus largement, d’un point de vue féministe, la rémunération du travail des mères est un point compliqué. Si l’on peut vouloir que les femmes qui élèvent leurs enfants soient rémunérées pour les tâches qu’elles effectuent, demander un salaire pour des tâches domestiques irait à l’encontre de l’évolution des mentalités sur le rôle de la femme dans la société. En effet, une rémunération serait une manière d’institutionnaliser le rôle de maman, et donc d’éloigner les mères d’un emploi « réel ». Comme le disait Nadia Daam dans un article publié sur Slate :
« Il est utile de rappeler ici qu’être mère n’est pas un métier. Un métier, c’est une activité rémunérée, exigeant une formation, et dont on tire des moyens d’existence.
Nadia Daam
Mais où est donc la solution ? Comme nous en parlions dans un article qui interrogeait, à l’époque de la pandémie de Covid, la rémunération des mères pendant les confinements, l’idée n’est pas d’adresser une injonction aux femmes de travailler ou de rester à la maison, mais de s’interroger sur les freins qu’elles peuvent rencontrer afin de mieux les accompagner. Multiplier les places en crèche, revoir l’organisation dans l’entreprise pour favoriser l’investissement des hommes dans la vie familiale, allonger le congé paternité…
Toutes ces actions qui doivent se démocratiser pourraient aider le paysage sociétal à mieux prendre en compte le rôle si crucial des femmes qui sont aussi mères et dont la charge des enfants leur revient intégralement. Rappelons que, selon l’INSEE, en 2011, parmi les Françaises âgées de 20 à 59 ans non étudiantes, 2,1 millions sont des « femmes au foyer ».
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Les Commentaires
Mon papa est décédé et ma maman a du embaucher un jardinier et chercher un mécanicien. Elle a aussi cherché une aide ménagère pour les taches que faisaient mon père et qu'elle ne peut pas faire (en gros tout ce qui est en hauteur car elle a des vertiges et risquerait de tomber). Mes parents n'ont pas d'enfants en bas âge donc pas de baby-sitter. Mais les journées ne font que 24 heures et il est impossible de faire les tâches de 2 personnes dans ce laps de temps.
Peut-être que ce mari est un goujat et que sa femme avait besoin d'aide ou peut-être que c'était son bonheur de gérer sa maison et ses enfants et ne pas travailler à l'extérieur. On a pas assez d'informations pour en juger car il manque la voix de la principale intéressée.