« Évaluer l’état émotionnel et la détresse psychologique chez les enfants de 9 à 18 ans ». C’est l’objectif de l’étude de Santé Publique France, révélée aujourd’hui dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire.
3.898 enfants et adolescents ont été consultés entre juin et septembre 2020 grâce à des questionnaires adressés aux enfants et à leurs parents.
Premier constat : deux catégories ont été particulièrement atteintes négativement par le confinement, à savoir les ados et les filles. Ces deux groupes mentionnent davantage de problèmes liés au sommeil : difficultés à s’endormir, mais aussi des cauchemars et des réveils nocturnes.
Les filles témoignent aussi de « davantage de difficultés émotionnelles » : « elles se sentaient le matin beaucoup plus tristes, préoccupées, nerveuses et fatiguées, moins détendues et tranquilles, et elles s’ennuyaient beaucoup. »
La charge mentale dès le plus jeune âge
L’étude souligne un point important. Le mal-être plus important repéré chez les filles peut s’expliquer par le poids de la charge mentale
qui pèse sur leurs épaules :
« La différence entre les filles et les garçons pourrait s’expliquer par un stress perçu plus important chez les filles que les garçons ou des différences de modalités de réponse entre sexes (les filles étant plus enclines à l’expression des émotions), mais aussi par la répartition genrée des tâches, notamment éducatives et domestiques, au sein de la famille, y compris en période de confinement.
Parmi les enfants et les adolescents ayant cité le fait de s’occuper de ses frères et sœurs comme un point négatif du confinement, les filles étaient significativement plus nombreuses que les garçons (5,2% vs 3,2%). »
Une surprise ? Malheureusement, pas vraiment. Une étude britannique montrait il y a quelques mois une tendance très similaire : 66% des filles et jeunes femmes entre 14 et 24 ans affirmaient avoir passé plus de temps à faire des tâches ménagères, les courses ou à s’occuper d’autres membres de la famille, en comparaison aux garçons du même âge, qui n’étaient que 31%. S’il nous fallait une preuve supplémentaire des conséquences de la crise sanitaire sur les atteintes aux droits des femmes…
Ces résultats sont néanmoins à mettre en balance avec le fait que davantage de filles ont répondu au questionnaire.
De bonnes conditions de vie pour faire face au traumatisme du confinement
L’étude est très claire sur un point, qui avouons-le, ne nous surprendra pas : de bonnes conditions de vie favorisent la résilience après une période aussi bouleversante que celle vécue lors d’un confinement.
Qu’entend-on par « bonnes conditions » ? L’étude estime que le fait de vivre dans un logement avec un accès à l’extérieur (un balcon, une terrasse, voire un jardin pour les plus chanceux), de ne pas avoir de difficultés financières ni pour se nourrir, ou encore d’avoir des activités et la possibilité d’être en contact avec ses amis sont des facteurs décisifs.
« Le soutien financier aux familles monoparentales, le maintien des activités périscolaires, et les sorties régulières sont des éléments pouvant influer sur la santé mentale des enfants et des adolescents en période de confinement », préconise donc Santé Publique France, afin que les plus vulnérables puissent sortir la tête de l’eau en cette période.
Il est clair que mesurer dès aujourd’hui l’impact du confinement sur les plus jeunes constitue une première étape pour s’assurer de trouver des solutions à leur mal-être et leur permettre de grandir, de se construire de façon épanouie.
La question de la santé mentale, primordiale (et pas qu’en temps de confinement) et pourtant encore souvent négligée, devra être prise au sérieux si l’on veut faire face aux conséquences morales et psychologiques de la crise sanitaire chez les plus jeunes.
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