Prendre des décisions, c’est pas simple. C’est déjà ardu quand on est la seule personne concernée, c’est encore pire quand on est en groupe et que chacun a sa petite opinion. Choisir un film ou une garniture de pizzas se transforme en véritable calvaire, alors qu’à la base, on était partis sur l’idée de passer une bonne soirée !
J’ai eu la chance de trouver le moyen de me faciliter grandement la vie – et en plus, de façon différente à chaque fois, pour ne pas tomber dans une bien triste monotonie. C’est avec joie que je vais partager quelques petits tuyaux avec toi, pour que ta vie devienne simple comme kikoo.
Bon, s’agirait pas que tu te retrouves à t’endetter sur quarante ans en achetant une villa à Maubeuge avec tes potes, à cause d’une sombre histoire de Pile ou Face. Un peu de bon sens, je te prie. Ces quelques méthodes que je vise à (ré)introduire dans nos quotidiens sont réservées aux petites décisions à prendre — celles qui n’auront pas trop d’impact sur le reste de ta vie.
Je résume : « Porter un slip ou pas », ok. « Me lancer dans un commerce illégal pour se faire des gonades en diamant », non.
Le chifoumi
Imaginons : tu es avec ta ou ton meilleur-e ami-e et vous avez très envie de vous commander à manger. Problème : vous ne savez pas vraiment quoi, et puis, vous n’êtes pas vraiment d’accord, et la livraison n’est gratuite qu’à partir d’une certaine somme que vous n’atteindrez pas avec une commande pour une personne. Payer deux fois les frais de livraison quand on pourrait les éviter complètement, tout de même…
Alors choisissez la simplicité, choisissez le chifoumi !
Le chifoumi a été inventé en Chine, a priori vers la fin de la Dynastie Ming (qui dura de 1368 à 1644, pour t’aider à te faire une idée et si t’as envie de te souvenir de ce que tu faisais ce jour-là). Les joueurs, par deux, disent « chifoumi » et sortent leur main sur le « mi » pour montrer ce qu’ils ont choisi entre la pierre, la feuille ou les ciseaux. Les ciseaux coupent la feuille, la feuille recouvre la pierre, la pierre casse les ciseaux.
Attention : certaines personnes essaient lamentablement de tricher en introduisant le puits. Ne tombe pas dans le panneau comme la pierre tombe dans le puits, par pitié, parce que ça ne marche pas : alors que dans le choix originel, toutes les possibilités avaient les mêmes chances de perdre ou gagner, le ratio devient ici beaucoup plus favorable au puits et à la feuille.
De toute façon, il se trouve que l’autre nom du chifoumi, c’est Pierre-feuille-ciseaux.
Pierre. Feuille. Ciseaux.
Est-ce que quelqu’un, par le plus grand des hasards, voit « puits » dans ce nom ? Non mais dites-moi si vous le voyez j’sais pas, faut me prévenir, moi j’le vois pas en tout cas mais si ça se trouve C’EST P’TÊT MOI QUI AI UN PROBLÈME HEIN, PEUT-ÊTRE QUE, J’SAIS PAS, QUE CISEAUX ÇA VEUT AUSSI DIRE PUITS !
Pardon je. Pardon. Je vais faire un tour et respirer très fort pour me calmer.
Faire le mort
Tes amis et toi êtes en voiture pour une destination précise. Le GPS est tombé en panne, vous ne captez pas la 3G, et c’est la première fois que vous prenez cette route. Vous arrivez à un carrefour, et ne savez pas dans quelle direction aller. Comment faire converger les opinions ? Comment rassembler le very-best of
de vos certitudes pour n’en garder le meilleur ? Comment fistuliser les avis et s’en sortir main dans la main pour le meilleur ? Qui aura le dernier mot pour décider s’il faut aller à droite, à gauche, ou faire demi-tour ?
Personnellement, dans ces moments-là, dans ces moments terribles où, pourtant, tu n’as pas envie de trop te mouiller au cas où t’aurais tort, eh bien je fais la morte. J’arrête de parler. Je ferme bien ma mouille. Voire je fais semblant de dormir.
L’avantage, c’est qu’après coup, si la décision se révèle mauvaise et que vous auriez mieux fait de faire autrement, tu peux rejeter la faute sur les autres en disant que « ah je m’en doutais, mais vous aviez l’air tellement sûrs de vous que je vous ai laissés faire ».
Les ultimatums
Tu es invitée chez une pote, mais tu ne sais pas si tu as vraiment envie d’y aller ou pas. D’un côté, c’est tentant : c’est ton amie. Tu l’aimes bien. Tu sais que tu passerais un bon moment. Mais de l’autre, tu as une flemme monstrueuse d’enfiler slip et jean pour sortir de chez toi. Tu ne sais que choisir. Tu hésites, tu te tâtes, voire même te palpes (car j’aime donner une dimension un peu sensuelle à ce que j’écris)… Tu penses que tu ne t’en sortiras jamais.
Eh bien, j’ai la solution : les ultimatums. Par exemple « si j’ai une notification Facebook m’invitant à jouer à Candy Crush dans les 4 prochaines minutes, j’y vais, sinon, non ». Ou bien « si mon frigo fait son bruit habituel dans les trente prochaines secondes, j’y vais ».
Attention tout de même à ne pas aller chercher trop loin des suppositions qui ont de trop faibles chances d’arriver, comme « si un Golden Retriever, un bouledogue français et une chatte se pointent à ma fenêtre dans l’heure qui vient, j’y vais ». Ce serait de la mauvaise foi.
La bouillie pour les trois cochons
Tes amis et toi êtes sur le point de sortir, mais vous n’êtes pas forcément d’accord sur le type de soirée que vous souhaitez. L’un veut aller en club, l’autre dans un pub, un troisième préfèrerait continuer l’apéro à domicile, le dernier rêve d’un kebab… Pourquoi s’emmerder ? Franchement ?
Personne n’a envie de céder, parce que personne n’a envie d’être le faible, celui qui voûte un peu l’échine et se traîne derrière ses amis en rongeant son frein, nourrissant l’amertume qui le prend au coeur chaque fois qu’il soupire un « bon, ok » à son groupe de potes.
Si ton créneau, quand tu es entre amis, c’est plutôt la nostalgie, je te propose d’opter pour la fameuse comptine de la bouillie. Ambiance gencives de porc et poêle à bois : tu n’as qu’à serrer ton petit poing, faire semblant de mélanger une grosse marmite de soupe avec une cuillère pendant la première partie de la chanson, et désigner tes amis avec ton poing, toujours fermé, sur la deuxième. C’est technique.
Je fais de la bouillie pour mes trois petits cochons. Pour un pour deux pour trois pour quatre pour cinq pour six pour sept pour huit pour neuf, boeuf (sic).
Celui qui tombe sur « boeuf » est éliminé. Recommencez l’exercice jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un•e gagnant•e.
Problème résolu ? Problème résolu. C’est aussi ça, être adulte : savoir ne pas se prendre la tête trop longtemps sur des dilemmes sans intérêt.
Et toi, t’en as aussi, des façons cool de prendre des décisions ?
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
(rognons, du verbe rogner, qui veut dire raboter, avec le jeu de mot sur les rognons du cochon)