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Société

Le soleil, ça rend heureux ?

Il commence à faire beau, les jours rallongent et on remise les manteaux… Le printemps est là ! Et la bonne humeur aussi. Mais pourquoi donc ? Quel effet le soleil a-t-il sur notre moral ?

 

Les JT passent en boucle des images de peau dénudée et de lunettes de soleil, tout le monde s’extasie à la boulangerie : il fait BEAU, il y a du SOLEIL, c’est presque les vacances (presque).

Vous savez quoi ? Nous allons en remettre une couche : quels effets le soleil a-t-il sur nos comportements ? Sommes-nous plus heureux lorsqu’il brille ?

Le soleil nous rendrait plus sympathiques

summer

Dans Cerveau & Psycho, Nicolas Gueguen a consacré un article au sujet.

Selon le chercheur, les rayons de soleil pourraient bien motiver notre propension à aider autrui et favoriseraient les relations sociales : nous donnerions plus aux mendiants en été et au printemps qu’en automne ou en hiver, nous acceptions plus souvent d’embarquer des autostoppeurs lorsque le ciel est dégagé (à température égale, nous nous arrêterions plus souvent lorsque le soleil brille),…

Pour illustrer son propos, Gueguen mentionne une expérience menée par Michael Cunningham.

Dans celle-ci, Cunningham abordait des personnes, dans la rue, et leur demandait de répondre à une liste de 80 questions pour une enquête d’un département sociologique de l’Université.

Son but : observer le nombre de questions auxquelles les participants acceptent de répondre et étudier un éventuel lien avec la météo (contrôle des paramètres météorologiques et mesure de l’ensoleillement).

L’enquête était réalisée sous plusieurs conditions météorologiques (variations de températures). POUF : plus le soleil brille, plus le nombre de questions auxquelles le sujets répondent augmente – quelle que soit la température.

En d’autres termes, l’ensoleillement, et non la température, pourrait avoir un impact sur nos comportements et nous rendre plus coopératifs !

Quand le sun shine in, les pensées positivent

summerdog

L’effet « soleil » s’explique peut-être par ricochets : le soleil pourrait influencer positivement notre humeur, qui pourrait elle-même influencer notre tendance à être sympathiques et à voir la vie en rose…

Avec pour objectif d’évaluer l’impact de la météo sur nos affects, Jaap Denissen (2008) a fait remplir à des individus des échelles décrivant des facettes de l’humeur positives (enthousiaste, déterminée…) et négatives (irritable, triste…).

Le chercheur a ensuite mis les paramètres météorologiques (vent, précipitations, pression, degré d’ensoleillement) en correspondance : selon ses analyses, plus l’ensoleillement serait fort, plus les scores d’humeur positive augmenteraient – un effet qui ne se retrouve pas forcément pour les autres facteurs météorologiques.

Dans son papier, Gueguen indique même que lorsqu’il fait beau et que l’on adresse un sourire aux passants, ceux-ci nous souriraient en retour plus souvent – OUI, PARFAITEMENT : lorsqu’il fait gris, nous ferions drôlement plus la gueule.

Le truc, c’est que pour que l’effet apparaisse, il faudrait que nous soyons conscients de la présence du soleil, ou en tout cas que nous le percevions : si la danse des sourires a lieu dans un hall… l’effet n’est plus observable, et le taux de retour de sourires chute.

Mais POURQUOI ? Pour Nicolas Gueguen, l’effet pourrait être imputable au bien-être suscité par le soleil… Soleil = bien-être = réactions positives, youplaboum et pique-niques dans les parcs !

soleil

Monsieur Soleil a respiré trop de camomille je crois.

Une étude menée par Howard et Hoffman (1984) conclut également à un effet de la météo sur nos humeurs. Les deux chercheurs ont demandé à 24 étudiants de remplir un questionnaire évaluant leur humeur pendant 11 jours consécutifs. Verdict : l’humeur serait effectivement corrélée au temps – et notamment avec le niveau d’humidité.

Plus le temps serait humide, plus nos capacités de concentration baisseraient et plus nous aurions envie de dormir…

De son côté, Faust (et al., 1974) a analysé l’humeur de 16 000 étudiants. Bon nombre d’entre eux répondent négativement à certaines conditions météorologiques.

Par exemple, la grisaille nous pousserait à une petite déprime, à être plus irritables qu’à l’accoutumée…

Keller (et al., t’sais, 2005)  a mobilisé 605 participants dans 3 études différentes pour observer les liens entre humeur, pensées et météo.

Selon les constats de ces études, un temps plaisant serait associé à une meilleure humeur et des pensées plus positives ; en tout cas au printemps (en été, il semblerait que nos humeurs soient moins bonnes – potentiellement du fait d’un temps « trop » chaud).

Des sentiments de tristesse et de déprime débarqueraient à l’inverse lorsque les journées raccourcissent, que le temps d’ensoleillement diminue et que les températures chutent…

HEY, ne nous enflammons pas : le soleil ne fera pas forcément de vous des êtres indestructibles, heureux à bouffer du foin et souriants aux premier-e-s venu-e-s.

Certaines études temporisent même l’effet supposé du soleil et de la météo sur l’humain. Par exemple, Hardt et Gerbeshagen (1999) ont étudié 3 000 patients souffrant de douleurs chroniques et s’étant rendus à l’hôpital sur une période de 5 ans.

Les patients remplissaient lors de leurs passages un questionnaire évaluant les états de dépression. Après analyse, les chercheurs ne trouvent pas de corrélation entre la période de l’année, le nombre d’heures quotidiennes de soleil et les états dépressifs…

Et si la météo impactait notre sérieux ?

joey

Il n’y a pas que les sourires et la bonne humeur dans la vie – même si ça rend le quotidien sacrément plus joli. Uri Simmonsohn (et al.) s’est donc penché sur l’impact du soleil sur les inscriptions d’étudiants à l’université.

Figurez-vous que si la visite de l’université a lieu par temps gris, les futurs étudiants s’inscriraient plus dans une fac réputée pour sa formation et son contenu académique…

Et inversement, lorsque la visite se fait un jour ensoleillé, les sujets s’inscriraient plus dans une université offrant des activités ludiques.

Dans la même veine, Simmonsohn a analysé les recommandations faites par des évaluateurs à propos des candidatures d’étudiants postulant dans une université (chaque candidature est étudiée par deux personnes qui recommandent, ou non, l’admission du candidat), et a rapproché ces recommandations à des données météorologiques.

Le constat est similaire : lorsque le soleil brille, les évaluateurs centrent leurs recommandations sur des données non académiques (sport, hobbies), tandis que lorsque le ciel est gris, ils prennent plutôt en compte des données académiques (notes, mentions). 

Le soleil pousserait à la générosité… et à la dépense

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Cette fois, la recherche est menée par le psychologue Bruce Rind.

L’expérience se déroule dans un hôtel aux fenêtres opaques (qui ne laissent pas filtrer d’informations sur la présence ou l’absence de soleil dehors), auprès de clients prenant leur petit déjeuner dans leur chambre, sans savoir le temps qu’il fait.

Enregistrons bien ça : le ou la serveur-se pourrait augmenter ses pourboires rien qu’en mentionnant un temps ensoleillé !

En effet, lorsque le serveur indique aux client-e-s qu’il faut beau, les pourboires atteignent en moyenne 24% de la note, alors qu’ils se situent à 19% de la note lorsqu’il mentionne un temps pluvieux…

Ce n’est pas tout : le temps pourrait également avoir un effet sur nos comportements de consommation (par ricochet, le temps affecterait l’humeur, qui affecterait la consommation).

Murray, Di Muro, Finn et Popkowski Leszczyc ont entrepris 3 expériences afin de tester une relation causale potentielle entre le soleil, les affects négatifs et les dépenses du consommateur.

Dans la première, l’équipe observe les ventes quotidiennes d’un magasin de thé sur une période de 6 ans, ainsi que les données sur la météo quotidienne de la même période (température, pluie, neige, humidité, vent, pression, soleil…).

Résultat : lorsque la température est basse, la présence de soleil irait de pair avec une augmentation des ventes.

Dans la seconde, Murray et ses collègues ont demandé à 33 individus de tenir un journal quotidien de leurs comportements de consommation propre (achats de thé, de café…) et de leurs humeurs pendant 20 jours consécutifs. Les données quotidiennes météorologiques sont mises en correspondance.

Ici, les rayons de soleil sembleraient causer une réduction des humeurs négatives et une augmentation des dépenses du consommateur.

Enfin, dans la troisième, 78 participants donnent des éléments sur ce qu’ils seraient prêts à payer pour X quantité de 5 produits (thé, jus d’orange, abonnement à un centre de fitness…).

Les participants se trouvent soi dans une pièce dotée d’une lampe, soit dans une pièce sans source de lumière. Les humeurs des sujets sont mesurées (par une échelle d’humeur).

Paf : les personnes exposées à la source de lumière seraient prêts à payer plus cher que les autres pour les 5 produits…

chat

Nous avons vu tout un tas de choses, une flopée d’effets potentiels du soleil, de la lumière, de l’humidité…

Mais somme toute, ce dont nous sommes sûr-e-s, comme toujours, c’est que nous ne sommes sûr-e-s de pas grand-chose : s’il existe un lien entre la météo et nos comportements, quelle force a-t-il ?

Ces effets sont-ils similaires ailleurs, dans d’autres pays, sur d’autres continents, dans d’autres climats ? Suffit-il de croire « qu’il fait beau », pour que les effets existent ?

Au risque de passer pour une relou, temporisons aussi : le soleil, c’est chouette, ça donne envie de s’exposer, de s’endormir dehors, de traînasser au soleil…

Mais le soleil peut aussi être un danger pour votre santé : protégez-vous, crémez-vous, faites gaffe à la surexposition – on s’en fout du bronzage (je vous l’jure, je ne dis pas ça parce que je suis translucide tout au long de l’année), jetez un œil à ceci ou au témoignage d’une madmoiZelle allergique au soleil.

Pour aller plus loin :


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Les Commentaires

10
Avatar de Yn_naf
25 avril 2013 à 14h04
Yn_naf
En même temps c'est lié à la vitamine D que le soleil nous apporte, et pour la fatigue en hiver c'est à cause du fait que notre horloge biologique se règle comme la durée du jour et de la nuit ce qui fait qu'on a besoin de plus de sommeil en hiver qu'en été (je ne sais pas si ça a été dit dans les commentaires précédents)
0
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