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Voyages

J’ai passé une soirée hors du temps à Arraial do Cabo — Carte postale du Brésil

Emma a voyagé au Brésil et elle se remémore l’une des soirées les plus incroyables qu’elle ait vécues là-bas, à Arraial do Cabo, ville côtière du pays.

Si tu veux partager ton expérience d’un pays, d’une ville, d’un aspect culturel (objet, tradition, plat, fête etc.) qui t’a marqué au cours d’un voyage, écris-moi à cette adresse :

jaifaitca [at] madmoizelle.com !

De tous mes souvenirs de voyages, c’est une soirée à Arraial, une petite ville côtière du Brésil, qui m’a profondément marquée.

Nous sommes en été, lors d’une fin d’après-midi. Il fait chaud, nous sommes tous les cinq, mes amis brésiliens et moi.

On est allé·es se promener en « centre ville » pour retirer de l’argent et s’acheter divers babioles.

Il commence à se faire tard et on doit rejoindre le reste du groupe pour manger.

Sur le chemin du retour on entend de la musique, du bon rock, alors on cherche à savoir d’où ça vient car c’est le style de musique qui nous va bien.

On se retrouve alors à l’entrée d’un vieux bâtiment désaffecté, peut-être un ancien petit gymnase. Vu de l’extérieur, il paraît assez lugubre.

Mais la musique provient bel et bien de cet endroit. Nous entrons.

C’est là que commence l’aventure.

Une petite soirée secrète à Arraial

On se retrouve face à une douzaine de vieux bonhommes (plus ou moins vieux mais la moyenne devait être 60 ans) sûrement brésiliens, (mais je n’en ai jamais été certaine).

Ces personnes sont installées tranquillement, la plupart torse nu et en tongs. Le dress code n’est clairement pas strict.

Ils avaient préparé un petit barbecue dans un coin, avec des bières mais il y avait surtout une grosse sono, un micro, des guitares en carton (littéralement).

Et chacun leur tour, ces petits bonhommes se relaient pour interpréter les chansons qui se suivent.

Celui qui endosse le rôle du chanteur fait du playback pendant que les musiciens s’essaient au air guitar avec leurs bouts de cartons entre les mains.

Taper l’incruste dans une fête brésilienne

Aussitôt arrivé·es, nous sommes pris dans l’euphorie bon enfant que nous offre cette surprenante rencontre.

Les hommes rient et acclament telles de vraies groupies les faux boys band qui jouent devant eux. Alors nous nous joignons à eux pour les acclamer, plié·es de rire par l’absurdité ou le génie de ces gens.

Les interprétations étaient remarquables, j’en rigole encore. Bien évidemment, notre arrivée ne passe pas inaperçue et petit à petit, les joueurs proposent leurs guitares de fortune à mes amis.

Un par un, ils se succèdent sur la « scène » (à même le sol et à deux mètres de l’audience) parce qu’on ne refuse pas une occasion pareille de s’amuser sur nos chansons de rock préférées.

Notre état d’excitation.

Les titres s’enchaînent encore et nous rions toujours plus.

Après qu’ils se soient habitués à nous, ils nous proposent même de partager le micro avec eux. Se retrouvent alors mélangés sur scène de parfaits inconnus partageant un moment d’euphorie mémorable.

Comble de l’histoire, pas un mot n’a été échangé entre notre groupe et le leur, seulement des gestes et des chants.

S’ambiancer dans une soirée loufoque

Fan de cette initiative, mes amis commencent à chercher des débris autour de nous, des tonneaux, de vieilles bouteilles en plastique, et hop : voici une batterie pour accompagner le groupe.

Ils se placent derrière les chanteurs et guitaristes et de nouvelles personnes pouvaient jouer ensemble.

La musique retentit encore et encore. Je me joins également à cette joyeuse bande d’une chanson à l’autre, on se détend.

Nous ne nous connaissons pas mais personne n’est gêné. Tout le monde chante faux (ou pas), on crie, on rit, on perd toute notion du temps.

C’est la fête !

On enregistre quelques vidéos souvenirs avec nos portables avant de tomber en rad de batterie.

On ne sait pas quelle heure il est. De toute façon, de l’intérieur il est impossible de voir la lumière dehors.

Ça a du bon d’arrêter un peu le temps et ne penser ni aux heures ni aux minutes.

Retour à la réalité… pas tout de suite

Mais on se rappelle que l’autre partie du groupe nous attend, peut-être s’inquiète (ce n’est pas leur genre mais sait-on jamais !)

À chaque nouvelle chanson on se dit « bon, à la fin de celle-ci, on y va » (vous connaissez sûrement cette phrase).

Chaque morceau qui suit est meilleur que le précédent et on n’a jamais envie de partir.

On continue comme ça un moment. Comme on a beaucoup sympathisé avec ces gens, j’essaie de baragouiner un peu de portugais. On essaie de se comprendre mais avec la musique c’est d’autant plus difficile pour moi de comprendre.

Nous sommes sur le point de quitter l’endroit, quand le titre de 4 Non Blondes, « What’s up », résonne dans la salle.

C’est l’une de mes chansons préférées et je la connais par coeur.

Dès les premières notes, mes yeux s’écarquillent et mes amis se retournent vers moi en me disant mais « vas-y, va chanter, va chanter !! ».

Alors c’est reparti !

Cette fois c’est moi au micro, tous mes amis aux instruments et je m’époumone sur cette chanson de mon coeur, je joue, on joue et on donne tout.

C’était incroyablement puissant cette désinhibition, cette osmose, ce sentiment de petite communauté improvisée !

Dire merci et au revoir

À la fin, on finit par dire au revoir, on prend les contacts et il s’avère que nous sommes dans une sorte de club qui s’appelle Turma Do Tupi.

On sort d’ici, le soleil est bas.

C’est le soir, il commence à pleuvoir, une pluie faible et chaude. Nous rentrons chez nous pieds nus parce que les tongs et la pluie c’est pas tiptop.

Nous sommes encore complètement euphoriques et abasourdis par cette rencontre.

C’était si bieeeeeeen !

Et à la question combien de temps on a passé là-dedans ?

Personne n’a jamais su y répondre.

À lire aussi : Mon périple de la Grèce jusqu’en Crète — Carte postale de Méditerranée


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

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