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Culture

Sofia Coppola défend l’écart d’âge dans Lost in Translation (et on craint le pire avec Priscilla)

Après Lost in Translation et son couple platonique séparé par une différence d’âge de 34 ans, Sofia Coppola est de retour avec une histoire d’amour entre un homme de 24 ans et une enfant en dessous de la majorité sexuelle. Alors que la réalisatrice a confié ne pas avoir vraiment réfléchi à l’écart d’âge entre les personnages de son deuxième film et avant la sortie de Priscilla, il est grand temps de questionner l’esthétisation de la pédocriminalité dans son cinéma.

Lost in Translation n’était pas un accident : avec Priscilla, Sofia Coppola confirme son intérêt pour les couples hétérosexuels où les hommes sont (beaucoup) plus âgés que les femmes.

À lire aussi : Le Consentement : une bande-annonce glaçante et salutaire pour le film sur l’affaire Matzneff

Sofia Coppola « n’avait pas vraiment pensé » à l’écart d’âge dans Lost in Translation

En 2003, Lost in Translation, racontait la romance entre un homme dépressif (Bill Murray, 53 ans au moment du tournage), et celui de Scarlett Johansson, qui n’en comptait que 19. Elle jouait une jeune femme en manque d’attention, délaissée par un mari absent. Seuls dans un hôtel à Tokyo, les deux personnages finissaient par nouer une relation platonique.

34 ans séparaient les deux comédiens. Pourtant, dans un entretien récent, la cinéaste a même confié ne pas avoir songé à la dimension problématique de Lost in Translation, avant que ses enfants n’attirent son attention sur ce point. Dans les colonnes de Rolling Stone, elle a confié :

« J’ai montré le film à mes enfants il y a quelques années, alors que nous allions à Tokyo et que nous séjournions au Park Hyatt. C’était la première fois que je le revoyais depuis quelque temps, et ils me disaient : « Pourquoi est-elle si jeune et lui bien plus vieux ? » J’avais fait le film quand j’étais plus proche de l’âge de Scarlett et je n’y avais pas vraiment pensé. Mais eux, c’est ce qu’ils ont le plus remarqué.

Une partie de l’histoire avait pour objectif de montrer qu’il était possible d’avoir des connexions romantiques qui ne sont pas sexuelles ou physiques. On peut avoir une attirance pour quelqu’un où il n’y a rien de tout ça. L’idée était de montrer qu’on peut avoir une connexion avec quelqu’un avec qui on ne peut pas être, parce qu’on est à des stades différents de notre vie. »

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Priscilla : esthétiser la pédocriminalité ?

Si l’argument des stades de vie différent peut être entendu, force est de constater que les écarts d’âge colossaux ou la pédocriminalité ne semblent toujours pas interroger Sofia Coppola. La réalisatrice continue de signer des films qui esthétisent et romantisent l’emprise masculine. Priscilla a beau être la coqueluche des festivals et l’un des films les plus attendus de 2024, il pose question. Le long-métrage met en scène une histoire d’amour qui a commencé alors qu’Elvis Presley était âgé de 24 ans, quand Priscilla n’en avait que de 14 ans.

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Rappelons qu’en 1959, ce que l’on appelle aujourd’hui « majorité sexuelle » était fixé à l’âge de 15 ans. Les relations sexuelles avec un enfant plus jeune étaient donc déjà considérées comme un crime, y compris lorsqu’elles étaient commises sans violence, contrainte ou menace.

Il est encore tôt pour savoir si Priscilla versera dans la romantisation de cet écart d’âge. Pour cela, il faudra voir le film, en étant attentive aux choix de représentation de Sofia Coppola, à commencer par l’importance qu’elle accorde au regard, aux émotions et à la perception du personnage féminin. Mais en attendant, le trailer n’a pas su nous rassurer. Il semble annoncer un film à l’esthétique léchée qui glamourise le couple sans le questionner et représente Priscilla comme une femme, bien plus âgée qu’elle ne l’était en réalité.

Réponse en salle le 3 janvier 2024.


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Les Commentaires

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Avatar de Mel24
21 septembre 2023 à 09h09
Mel24
Ça c’est sur! C’est vrai qu’elle a toujours fait en sorte que ses actrices se sentent bien et soient protégées sur le plateau de tournage d’après leurs interviews. Elle en soi n’est pas problématique. J’ai l’impression qu’il y a, comme pour toutes, du sexisme intériorisé comme notamment sur les relations avec les hommes et la façon de montrer les corps féminin. Ça c’est le patriarchat et c’est pas sa faute à elle.
Je me demande parfois si quand t’as beaucoup de privilège et donc en fait t’as pas vraiment besoin du féminisme- c’est-à-dire que comme elle a pas eu de souci pour commencer sa carrière vu sa famille, elle s’est peut-être jamais posé la question de ce qui peut rendre les choses plus difficiles pour les autres et ne pas remettre certaines choses en question. C’est une vraie interrogation mais j’ai jamais rencontré une personne comme ça pour lui poser la question Mais ça on peut le dire de tous les nepo baby hommes aussi. C’est pas propre à Sofia Coppola.
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