— Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec Glénat comics. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.
Glénat comics a fait paraître Bitch Planet, un comics qui a connu un énorme succès outre-Atlantique au point de devenir un vrai symbole du féminisme dans la pop culture.
Bitch Planet T1 en librairie depuis le 4 mai 2016
Imaginez une société patriarcale dans laquelle les femmes jugées « non conformes » aux yeux de ces messieurs seraient envoyées sur une autre planète pour y être emprisonnées et rééduquées : c’est la dystopie imaginée par les auteurs, et ça a de quoi faire froid dans le dos…
Si elles sont trop grosses ou n’ont pas les cheveux comme il faut, si elles sont trop exubérantes, bref, si les femmes viennent contrarier les canons esthétiques établis par les hommes au pouvoir ou si elles sont considérées d’une façon ou d’une autre comme gênantes (et ceci peut impliquer de la délation par sa propre famille), c’est direction Bitch Planet sans passer par la case départ.
C’est tout le culte de la femme parfaite qui est interrogé ici, poussant à l’extrême les problématiques de notre époque. D’ailleurs, dans le comics, la véritable femme parfaite n’existe pas, puisqu’elle est un hologramme qui répète inlassablement ce que les « non conformes » doivent assimiler (la propreté, la docilité, ce genre de trucs).
Les héroïnes du comics ne vont pas se laisser dicter leurs lois : elles vont jouer de leurs cerveaux et de leurs poings pour se soulever contre ce patriarcat injuste, et faire comprendre leur insatisfaction avec… conviction !
Pour l’anecdote, ces personnages féminins sont tellement inspirants que de nombreuses personnes se sont tatouées un « NC » dans la vie réelle, en hommage au tatouage « non conforme » que l’on grave sur la peau des femmes exilées, et surtout à leur sens de l’insurrection.
Du coup, et si on inversait la situation et qu’on imaginait une société matriarcale ? Qu’est-ce que ça changerait au quotidien ?
Liberté de circulation
Dans une société matriarcale où les femmes seraient au pouvoir, on pourrait espérer que le harcèlement de rue ne soit plus un problème, ou du moins qu’il soit reconnu et réprimé de manière plus systématique.
Les coupables seraient condamnés à de nouveaux types de travaux d’intérêt généraux, comme par exemple devoir se faire passer pour des femmes sur les tchats Internet afin de se faire aborder de manière lourde, lubrique et très gênante. Cela permettrait ainsi de localiser de nouveaux harceleurs potentiels.
À lire aussi : Harcèlement de rue ou compliment ? — Je veux comprendre
On ne culpabiliserait plus les victimes de harcèlement et de viol en pointant du doigt leur manière d’être habillées ou ce qu’elles ont bu avant de rentrer chez elles.
Imaginez un peu : en été, on pourrait revenir de la piscine sans se rhabiller et ce dans l’indifférence ET la sérénité les plus totales ! Ça nous permettrait d’avoir beaucoup moins chaud et de sentir les petits vents rafraîchissants sur son bidon.
Gloire aux menstrues
Quelque chose qui changerait radicalement dans une société matriarcale, ce serait le rapport aux règles. Non seulement on arrêterait de diaboliser ce phénomène parfaitement naturel, mais surtout, on rendrait illégales les blagues du type « T’es désagréable, t’as tes règles ou quoi ? ».
On arrêterait aussi de prétendre que les menstrues sont sales au point d’avoir des liquides bleus aseptisés qui les remplacent dans les publicités de protections hygiéniques…
À lire aussi : Pourquoi les règles, ce n’est pas sale
Surtout, il ne serait plus question de payer une petite fortune pour ces protections qui relèvent de la nécessité absolue.
Des boutiques spécialisées dans la protection hygiénique ouvriraient un peu partout, et on irait acheter en toute décontraction ses serviettes ou sa cup en fonction de son flux du moment — un peu comme quand tu vas acheter une baguette ou un flan pâtissier en fonction de ton petit ou gros creux.
Et puis, bien entendu, les femmes auraient une semaine de congés payés pendant leurs règles afin qu’elles puissent se reposer et ne pas faire semblant que tout va bien quand elles ont envie d’aller vomir toute la journée.
À lire aussi : Douleurs insoutenables et sexualité limitée : l’endométriose, je vis avec depuis toujours
Notre corps, nos droits
Dans une société dirigée exclusivement par des femmes, les hommes n’auraient plus un droit de décision sur les problématiques qui concernent uniquement les femmes.
Ils ne seraient pas conviés, hors professionnels compétents, à toutes les discussions importantes autour des droits des femmes, et j’entends par là qu’ils ne viendraient pas essayer de nous coller en douce une petite réforme du droit à l’avortement en pensant qu’ils ont quelque chose à imposer à ce sujet.
À lire aussi : Répertoire du sexisme illustré en politique
Réglons ça entre femmes, que diable ! Et qu’ils s’occupent de leurs problèmes entre eux. On se retrouvera tou•tes ensemble autour d’un goûter pour parler de ce qui nous concerne, quel que soit notre genre.
Au passage, dans les hémicyles, on mettrait en place un mécanisme de petit taquet automatique dans la tête de celles et ceux qui se permettraient des remarques sexistes dans les assemblées. Ce dispositif serait par ailleurs mis en place pour les commentateurs sportifs et les journalistes sur les tapis rouges.
Mener sa carrière comme on l’entend
Dans une société matriarcale, on ne viendra plus te demander pendant un entretien d’embauche si tu comptes tomber enceinte dans les prochains mois ou comment tu envisages d’être habillée pour venir travailler. Ce que tu as envie de faire de ta vie privée ne viendra plus interférer dans ta carrière !
À lire aussi : Les questions sexistes des entretiens d’embauche, un problème tenace
Les femmes pourront aussi avoir les métiers qu’elles voudront, et devenir sumos, fusilières marines ou prêtresses si elles le veulent sans qu’on vienne les empêcher de quoi que ce soit sous prétexte qu’elles sont des femmes. En retour, elles transmettraient toute leur expérience aux hommes candidats aux métiers soi-disant exclusivement « féminins ».
Fin des diktats de beauté
Dans une société régie par des femmes, on finirait par dire un bon gros bye-bye définitif aux diktats de la beauté qui nous pourrissent salement la vie.
Les magazines féminins arrêteraient de nous conseiller des régimes de la déprime à base de trucs informes et sans goût, tout en blindant les articles d’images qui mettent en avant des corps irréels.
Dans les médias, on trouverait plutôt des sujets consacrés à l’empouvoirement, et plein d’articles pour se sentir bien dans ses baskets quelle que soit son apparence.
Ainsi, on apprendrait à être aussi cool et badass que Penny Role, l’un des personnages du comics.
Penny en a clairement rien à faire de ce que les autres pensent de son physique et de ce qu’ils essayent de lui imposer. Vu comment elle se sent bien et fière comme elle est, elle deviendrait un modèle pour toutes les femmes !
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires
Je déterre un peu ce sujet parce qu'on m'a offert le tome 1 de Bitch Planet pour mon anniv et que j'ai juste A-DO-RE !!
Du coup je me suis dit que si ce titre n'était pas déjà passé sur madmoizelle il fallait absolument en parler =D
Donc voilà,hésitez pas à le lire, c'est génialissime de révoltance et d'empouvoirement !!