« Café langues de pute », un nom de blog qui claque à une époque où traiter une femme de « pute » est l’une des pires insultes et pourtant l’une des plus courantes.
Le blog Café langues de pute parle slut-shaming
Fanny y évoque des sujets aussi variés que les magazines féminins qui lui cassent les pieds à vouloir lui donner des conseils sur le sexe, le sexisme ordinaire en politique, ou encore la pression de la société sur le poids des femmes.
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Le 29 avril dernier, elle a évoqué un sujet peu évoqué et pourtant omniprésent : le slut-shaming.
Ce terme regroupe les remarques, le harcèlement, les critiques faites aux femmes en réaction à leur supposée attitude de « pute », jugement basé sur des faits et des impressions toujours très objectives (oui mais non).
Le slut-shaming, c’est juger une femme sur sa sexualité ou tout simplement sur son attitude par rapport aux hommes, à ses relations amoureuses, aux autres de façon générale.
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Dans ce billet
d’une justesse absolument frappante, Fanny se met d’abord à la place du garçon qu’elle aurait pu être, et dont l’attitude de « coureur de jupons » n’aurait jamais fait de lui une « pute ».
D’abord parce qu’il n’y a pas vraiment de terme équivalent pour un garçon, et puis parce qu’un garçon qui ramène une fille différente chaque soir, c’est un « tombeur », un « beau gosse », un « champioooon ! ».
Être une femme et avoir une sexualité, c’est être une traînée ?
Mais Fanny est une femme. Elle a le même comportement que son équivalent masculin, c’est donc une « pute » : logique non ?
« Je suis une adulte sans histoires, j’ai des tatouages et une belle gueule. Je suis un peu séductrice.
Je suis une trainée. »
Qu’elle couche beaucoup, ou qu’elle ait des pratiques sexuelles originales, d’accord… Tant qu’elle est dans une relation sérieuse et qu’on connaît personnellement l’homme à qui le pénis qu’elle salue tous les soirs est attaché.
Mais alors quand elle est célibataire et qu’elle couche avec plusieurs mecs la même semaine, le même mois, la même année, alerte au scandale !
« J’ai cru que je pouvais parler de ma vie sexuelle comme je voulais. Après plus de sept ans dans une relation sérieuse, je croyais que notre époque acceptait la sexualité comme on le voulait chez les femmes comme chez les hommes. […] J’avais oublié un détail.
Je couchais avec une seule personne. Il était mes limites, mes frontières, et je n’en sortais pas. J’étais respectable parce que mes désirs n’allaient jamais plus loin que ma chambre. Contre le mur du salon, à la limite. Jamais sans autorité masculine en dehors de mon appartement. »
Le slut-shaming, c’est un regard, totalement déplacé, porté par des inconnu-e-s, mais aussi par un entourage qui est souvent d’autant plus violent.
Sous couvert de « Mais je m’inquiète pour toi ! », les remarques prononcées par les proches de Fanny sont d’une cruauté et d’une injustice sans nom. Ça donne juste envie de les secouer pour qu’ils prennent conscience de la bêtise de ce genre de phrases.
« Petit extrait de ce dernier mois :
« Toi, tu vas mourir de la syphilis de toute façon »
« Tu devrais te préserver »
« Les mecs, elle est dispo, vous devriez tenter votre chance ce soir »
« Je croyais que tu étais la PIRE que je connaissais »
« Toi, tu étais en couple ? Genre TOI ? J’y crois pas »
« Je ne vais pas te laisser approcher mon petit frère du coup »
Je pourrais parler de ce billet pendant des HEURES tant il est juste et bien écrit. Alors vraiment, merci Fanny d’avoir mis des mots sur le slut-shaming tel que tant de femmes le subissent. Merci.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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