Vous êtes en quête de lecture pour vous éduquer, et regorger d’arguments la prochaine fois que vous vous retrouvez coincé·e·s à table à côté d’un vieux lourd réac’ qui pense qu’être queer est un effet de mode ou une perversion ? Voici quelques idées variées de livres écrits par des personnes LGBT+ afin de vous divertir, vous instruire, et vous émouvoir.
Les liens qui empêchent, de Sarah SchulmanLes liens qui empêchent, de Sarah Schulman
Dans l’essai Les liens qui empêchent, Sarah Schulman interroge l’homophobie familiale et ses conséquences. Comment on la reproduit au sein même du cercle familial, quand bien même ce dernier devrait être le lieu du développement et de la croissance de chacun·e ? En s’appuyant aussi bien sur des théories sociologiques que sur des expériences et des témoignages individuels, l’autrice décortique les mécanismes qui conduisent les familles à exclure certains de leurs membres parce que LGBT+. Paru en 2009 aux États-Unis, cet essai a été traduit de l’anglais par Élodie Leplat et vient d’être publié le 10 mai 2024 aux éditions B42.
Les liens qui empêchent, de Sarah Schulman
Art queer, de Quentin Petit Dit Duhal
Les artistes queers représentent une minorité sociale. Quand leurs œuvres sont exposées, les questions de sexualité et de genre sont souvent évitées. Pourtant, les enjeux que l’art queer représente peuvent nourrir de nouveaux discours sur le hors-norme, l’exclusion et la hiérarchie. Les diverses thématiques traitées dans l’essai Art queer, histoire et théorie des représentations LGBTQIA+ mettent en lumière le rôle et la place des artistes dans les luttes sociales. Elles permettent de mieux comprendre les enjeux actuels liés à la construction du genre et à la nécessité de « faire communauté » au sein de nos sociétés.
Art queer, de Quentin Petit Dit Duhal
Révéler mes visages, de Janis Sahraoui avec Tal Madesta
Des années avant d’assumer sa transidentité, Janis est socialisée comme un petit garçon, cible de harcèlement scolaire et de violences domestiques qui se décuplent suite à la mort de sa mère Fatima. Elle trouve refuge dans la musique, et derrière le masque de Sliimy dont la carrière explose en 2009 (avec le single « Wake Up » et l’album Paint your face), accompagné de beaucoup de harcèlement. Elle réapparaît en 2016 avec l’EP L’Heure bleue. Son EP Solo, sorti en 2022, marque son coming out trans. Voilà qu’elle raconte toute son histoire, du Sud de la France à Paris, en passant par Berlin, sa transition de genre, mais aussi sa carrière artistique, du mainstream à l’indépendance, dans Révéler mes visages. Un livre co-écrit avec Tal Madesta, journaliste indépendant, auteur de Désirer à tout prix (2022) et de La fin des monstres (2023).
Révéler mes visages, de Janis Sahraoui avec Tal Madesta
métacures de Douce Dibondo
Militante afroféministe et autrice, Douce Dibondo voit la vie en noire et queer, et l’écrit avec beaucoup de poésie à travers son premier recueil, métacures, publié aux éditions Blast le 5 mai 2023. Une plume légère et incisive, viscérale, qui a quelque chose de thérapeutique, cathartique. À lire à voix et tête hautes.
À lire aussi : « La suradaptation des personnes racisées est une épée de Damoclès » : Douce Dibondo (La Charge raciale)
L’odeur des pierres mouillées, de Léa Rivière
Danseuse de formation, Léa Rivière chorégraphie les mots pour créer de nouveaux mondes, au-delà de tout cadre cishétéronormatifs. Paru le 7 juillet 2023 aux éditions du commun, son recueil de poésie L’odeur des pierres mouillées regorge de rivières, de pierres et de queers, et développe une forme d’écologie trans salvatrice.
L’odeur des pierres mouillées, de Léa Rivière
Les Humilié·e·s de Rozenn Le Carboulec
Journaliste lesbienne et fière de l’être, Rozenn Le Carboulec tire le bilan de l’adoption houleuse du mariage pour tous, dix ans après, dans son essai Les humilié·es, paru le 3 mai 2023 aux éditions des Équateurs. Une critique méthodique d’un emballement médiatique et politique qui a traumatisé plusieurs générations de personnes LGBT+.
Les Humilié·es, de Rozenn Le Carboulec
L’amour de nous-mêmes, d’Erika Nomeni
Une femme noire, en surpoids, queer et précaire en héroïne de roman, c’est chose rarissime. C’est la perspective adoptée par l’autrice Erika Nomeni pour son roman L’amour de nous-mêmes, publié le 3 février 2023 aux éditions Hors d’atteinte. L’autrice (également compositrice, rappeuse et DJ) y développe les agressions subies pour assigner sa protagoniste, Aloé, à une place trop étroite et normative, dans une forme épistolaire : 10 mails en forme de quête identitaire, de réflexions sur les dynamiques de genres, de sexualités, de classe et de race, mais aussi sur l’amour, qu’elle envoie à une certaine Sujja dont on ne connaît pas les réponses. Ce qui n’en rend ce roman que plus obsédant encore.
L’amour de nous-mêmes, d’Erika Nomeni
Manifeste pour une démocratie déviante, de Costanza Spina
Directrice de la publication du média Manifesto XXI, Costanza Spina inaugure la nouvelle maison d’édition trouble, lancée par les fondatrices du média féministe Censored Magazine, avec un essai de philosophie politique incarné, publié le 9 juin 2023. Après avoir grandi jusqu’à ses 17 ans en Italie, puis fuit le conservatisme du régime de droite en place, iel développe dans son Manifeste pour une démocratie queer comment s’organiser face à la montée des extrêmes droites en Europe, et comment nos amours queers peuvent servir de ressources de lutte radicale et révolutionnaire.
Manifeste pour une démocratie déviante, de Costanza Spina
Transidentités, une histoire volée, d’Axel Léotard
Alors que les personnes transgenres obsèdent malgré elles les classes médiatiques et politiques, et qu’Elon Musk veut interdire le terme cisgenre, on peut s’interroger sur l’histoire des transidentités que trop de boomers veulent présenter comme un nouveau phénomène de mode ou le résultat de pressions sociales récentes. C’est justement ce à quoi s’attèle Axel Léotard dans Transidentités, une histoire volée, paru le 17 mai 2023 et qui remonte aux premières traces connues sur la question. Lui-même a entamé sa transition en 2003, avant de devenir délégué aux questions trans de l’Inter LGBT de 2004 à 2014, prenant part à la circulaire de dépsychiatrisation des transidentités en 2009 et sur la modernisation de la loi sur le changement d’état civil de 2016, ce qui en fait un précieux témoin de l’évolution de ces questions en France.
Transidentités une histoire volée, de Axel Léotard
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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