Il y a 3 ans, mon premier témoignage sur mon métier de sirène paraissait sur madmoiZelle !
Par la suite, de nombreux autres médias se sont mis à s’intéresser aux sirènes professionnelles et au mouvement du mermaiding, et c’est donc avec grand plaisir que je viens vous donner des nouvelles !
Être sirène professionnelle, un vrai métier
Il y a trois ans, je disais à quel point percer en tant que sirène était difficile, car c’était une activité méconnue — surtout en France — et un « métier de niche ». Depuis, le monde des sirènes est en plein boum. Et je dois admettre que je m’en sors plutôt bien !
Je suis passée d’une activité-passion à temps partiel à un vrai métier à temps plein.
Les demandes d’animation en sirène ont beaucoup augmenté ; déjà parce qu’il y a un certain « effet de mode », et ensuite tout simplement parce que les agences évènementielles et les clients potentiels connaissent désormais le concept.
J’ai également l’occasion de diversifier mes activités en faisant des tournages pour des clips musicaux et des publicités, ainsi que des photos sous l’eau en tant que modèle subaquatique (pas toujours en sirène mais parfois avec de très belles robes !).
Les shows en aquariums, qui restaient très rares à mes débuts, représentent désormais la majeure partie de mon travail. J’ai d’ailleurs la chance d’avoir un spectacle toute l’année à l’Aquarium de Paris !
Mais il m’arrive aussi de me produire ailleurs, en France et à l’étranger, du coup je bouge pas mal.
Cependant au travail « visible » (les shows et les animations) s’ajoute tout le travail d’organisation (répondre aux mails, préparer les évènements), de communication (gérer mon site et mes différents comptes sur les réseaux sociaux), et bien sûr la réparation et la fabrication de mes queues de sirène qui me prend un temps fou.
Être sirène professionnelle et fabriquer soi-même ses costumes
En parlant de costumes, j’ai vraiment essayé de les améliorer au fil des années. J’en ai réalisé 13 en tout, et j’en ai actuellement 4 qui me servent à tour de rôle selon les évènements.
Malgré tout, la fréquence à laquelle je les utilise fait que je suis amenée à en fabriquer de nouveaux régulièrement : en effet l’eau salée, chlorée, le soleil, le sable, les rochers et le transport les abîment beaucoup même s’ils sont faits dans des matériaux très résistants.
Faire une nouvelle queue de sirène est à chaque fois un investissement de temps, d’argent et d’énergie puisque cela me coûte plusieurs centaines d’euros en matériel, une dizaine de jours de fabrication et beaucoup de sueur et de larmes.
(Photo : Roberto d’Alessandro – Aquarium de Paris)
L’emploi du temps d’une sirène professionnelle
L’augmentation de mon activité de sirène a pris plus de place que je n’aurais pu l’imaginer il y a quelques années, et cela a eu un impact dans ma vie d’étudiante puisque j’ai pris du retard dans la rédaction de ma thèse.
J’ai d’ailleurs décidé de centrer mon sujet sur les sirènes afin de diminuer l’écart entre mon métier et mes recherches, et même s’il n’est pas toujours évident de me trouver du temps pour écrire, je m’accroche !
Un costume pèse entre 12 et 15 kilos.
En quoi consiste une « journée sirène » ? Et bien cela varie bien sûr en fonction de la prestation. J’essaie d’abord d’avoir eu une bonne nuit de sommeil car être fatiguée, c’est pas très bon à la fois pour l’image et pour la performance qui est assez physique !
Que je plonge sous l’eau ou que je sois sur la terre ferme sans bouger, mon costume pèse quand même entre 12 et 15 kilos donc il vaut mieux être en forme pour le porter !
Je prends un petit-déjeuner léger en regardant mes mails et les différents réseaux sociaux, j’envoie des devis, j’appelle des clients… Ensuite je passe au maquillage, qui est toujours assez conséquent puisqu’il doit tenir non seulement le temps d’un spectacle mais aussi sous l’eau !
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Lors d’un spectacle en aquarium, je pars avec la majorité du maquillage fait chez moi. J’arrive ensuite sur place environ 1h30 avant de début de ma plongée le temps de mettre en place mes affaires, finir le maquillage, m’habiller et faire mes exercices de respiration.
Je ne mange pas le midi avant ma prestation car je n’aime pas du tout être en train de digérer quand je vais sous l’eau !
(Photo : Roberto d’Alessandro – Aquarium de Paris)
Après le spectacle, il faut rincer toutes mes affaires pour en enlever le sel et les étendre. Je prends aussi une douche sur place et je me sèche les cheveux… ce qui prend un certain temps étant donné qu’ils sont longs et épais !
Parfois j’ai une autre plongée en soirée pour des évènements privés : je reste alors à l’aquarium, je profite du lieu vide aux heures de fermeture et je me pose devant le bassin aux requins. Ce sont des moments hors du temps dont j’aime vraiment profiter.
Sinon je rentre, je mange enfin vers 17h, je répare/fabrique mes costumes, réponds à nouveau aux mails qui sont arrivés entre-temps et je travaille sur ma thèse.
En général, je m’arrête vers 20h quand mon compagnon rentre du travail, mais quand je suis dans le rush pour finir un costume, il peut m’arriver de terminer mes journées beaucoup plus tard.
Être sirène professionnelle face le regard des autres
Le regard des autres sur mon activité a lui aussi beaucoup changé.
Au début, j’étais la plupart du temps confrontée à des regards interloqués quand je mentionnais mon activité. Mon entourage a d’abord cru à une lubie ; seul mon copain a vraiment compris que je venais d’avoir une sorte de révélation et que j’étais partie pour aller jusqu’au bout de mon rêve.
(Photo : Roberto d’Alessandro – Aquarium de Paris)
Au fil des années j’ai eu de plus en plus de retours positifs, et je suis très agréablement surprise de voir aussi peu de moqueries, même sur les réseaux sociaux où tout peut très vite basculer.
J’ai en revanche eu une période un peu difficile avec mes amis qui ont eu l’impression que mon personnage de sirène prenait trop de place dans ma vie. C’est vrai qu’entre mes études et ce job,
je suis souvent débordée, et cela a pesé sur ma vie sociale car je n’ai pratiquement jamais de week-end et prends très rarement des vacances.
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Comment devenir sirène professionnelle ?
La communauté de sirènes françaises s’agrandit d’année en année ! On me demande d’ailleurs souvent ce qu’il faut faire pour être sirène.
Je ne vais pas mentir : les vraies opportunités de travail sont quand même rares et seule une poignée de sirènes professionnelles dans le monde arrivent à vivre de cette pratique.
Cependant, c’est une passion qui est vraiment ouverte à tous et se décline sous bien des aspects. Il y a par exemple des personnes avec la phobie de l’eau qui vont réussir à vaincre leur peur par ce biais, d’autres qui n’aiment pas le sport et trouvent ici un bon moyen de concilier exercice physique et amusement !
Enfin, le mermaiding n’est pas réservé aux femmes !
Même si dans l’imaginaire collectif contemporain, le mythe de la sirène est plutôt féminin, on a tendance à oublier que parmi les premières représentations de créatures mi-hommes mi-poissons dans l’antiquité, certaines étaient masculines — tel le dieu EA des Mésopotamiens ou encore Triton, le fils de Poséidon chez les Grecs.
Les hommes-sirènes (ou Mermen en anglais) seront même je pense la prochaine vague du courant du mermaiding, surtout que les studios hollywoodiens nous préparent un Aquaman très sexy et un remake de Splash avec Channing Tatum dans le rôle de la sirène !
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