Article publié le 10 juin 2018
Mentir, c’est mal, et ça peut se payer cher.
Un jour, j’ai dit à ma grand-mère que j’adorait son gratin de blettes (c’est faux).
Depuis, j’y ai droit à chaque visite et je ne peux m’en prendre qu’à moi-même…
Au lit aussi, mentir sur ses préférences, c’est prendre le risque de se voir servir et resservir le même plat médiocre encore et encore.
Pourtant, 31% des Françaises simulent « assez régulièrement » l’orgasme avec leur partenaire, selon cette étude de 2015. C’est le niveau le plus élevé observé en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord.
Elles sont 49% à admettre avoir « assez régulièrement » des difficultés à atteindre l’orgasme, encore le niveau le plus élevé des huit pays de l’enquête.
Aussi, certaines décident de forcer quelques gémissements et mimiques suppliantes, pour des raisons variées dont voici une liste non exhaustive :
- Ne pas paraître « frigide » (une maladie qui n’existe pas, rappelons-le)
- Flatter l’égo du mâle, ou de la femelle d’ailleurs
- Écourter le moment
Mais feindre le plaisir, c’est prétendre que les difficultés à s’accorder n’existent pas, et ça n’aide pas à les surmonter.
Ça traduit aussi une conception biaisée du sexe, basée sur la performance et la course à la jouissance.
Voilà donc pourquoi simuler l’orgasme nique ta vie sexuelle.
Enthousiasme !
Parce que l’orgasme n’est pas le Saint-Graal
Prétendre que la jouissance t’envahit traduit l’importance symbolique accordée à l’orgasme.
Dans cette vision des choses, l’orgasme valide la rapport et annonce sa fin imminente. La simulation permet par exemple d’accélérer l’achèvement d’une partie de sexe peu satisfaisante.
Mais… qui a dit qu’il fallait jouir à tous les coups ? Pas moi.
Parce que la pénétration est peut-être surcotée
Peut-être, hein.
Je parle bien ici de pénétration vaginale (le zizi dans la chatte), bref le truc que tout le monde (hétéro) imagine quand on parle de « faire l’amour ».
Mais moins d’une femme sur cinq atteint l’orgasme seulement grâce à la pénétration, d’après cet article.
Simuler l’orgasme vaginal, c’est préserver le côté sacro-saint d’une pratique largement surcotée. Car c’est au contraire la diversité des stimulations qui donne les meilleurs résultats !
Le plaisir féminin est avant tout clitoridien. Nier cette réalité en simulant risquerait bien de survendre le rôle du pénis dans l’orgasme…
Rendre la pénétration optionnelle, un blasphème ?!
Si tu savais…
Parce qu’on est pas dans un porno
Les films porno donnent l’impression que plus une femme prend du plaisir, plus elle fait de bruit.
L’idée est poussée à son maximum en montrant des femmes qui gémissent avec constance d’un bout à l’autre du rapport, et quelle que soit la pratique.
Or, dans la vraie vie, la jouissance peut se dérouler… dans le silence !
Parce que ça empêche de prendre du plaisir
Oui parce que rappelons que c’est un peu le but du jeu à la base. Or pour vivre le moment, il faut se laisser aller et lâcher prise.
Le calme du mental, l’abandon dans la pleine conscience, c’est la clé pour déguster l’instant présent comme il se doit.
C’est l’état que recherchent les gens qui méditent par exemple !
Le mental et la conscience pure fonctionnent comme des vases communicants. Si l’on sollicite l’un, l’autre a moins de place pour s’exprimer.
Donc si tu es concentrée sur ton jeu d’actrice (il faut quand même que ce soit réaliste…), tu n’es pas concentrée sur tes sensations. It’s simple math.
D’aucun argumenteront en faveur du fake it til you make it. Simuler peut permettre de s’exciter, de se mettre dans le bain pour préparer le terrain à un authentique orgasme.
Mais au lit comme dans la vie, cette philosophie n’est pas un bon conseil sur le long terme.
Pour régler les problèmes, mieux vaut en parler sincèrement que faire l’autruche, non ?
Là, je pense qu’on est sur de la sincérité
Parce qu’il vaut mieux communiquer
Il est facile de blâmer l’autre lorsque l’on rencontre des difficultés à prendre du plaisir.
Simuler permet de ne pas froisser l’ego de son ou sa partenaire, de lui faire croire qu’il/elle assure quand c’est tout le contraire, avec par exemple des indicateurs sonores qui l’induisent en erreur.
Les sons et gémissements peuvent être utilisés avec sincérité pour guider ton partenaire. Lui envoyer de faux signaux, c’est le laisser délibérément dans le faux !
Pendant qu’on ment, on ne fait pas l’effort d’identifier ce qui nous fait vraiment du bien et de le communiquer à notre partenaire.
Que peut-on espérer de cette mascarade du kif ? Les meufs qui simulent auraient-elles renoncé à leur propre plaisir ?
Parce que le sexe n’est pas fait que pour les hommes
Les hommes ont un besoin irrépressibles de sexe. Les femmes non, mais elles sont toujours prêtes à rendre service.
Voilà le genre d’idées reçues qui entretiennent le mythe que le sexe est fait pour le plaisir des hommes et qui nient que les filles aussi aiment ça.
Le plaisir féminin est tabou, pointé du doigt comme une perversion.
D’où une passivité des femmes dans les rapports hétéros. Simuler, c’est valider que son plaisir est secondaire, que l’expression de ses véritables désirs est gênante, superflue.
Et ça, c’est grave.
Arrêtons de prendre notre partenaire pour un benêt crédule, exprimons vraiment ce qui va et ce qui ne va pas et réclamons notre plaisir !
À lire aussi : Comment faire jouir une femme quand on est un homme ?
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Les Commentaires
Honnêtement si Tintin avait en effet stimulé mon clitoris, je n'aurais eu qu'à répondre "mais si tu sais, c'est le nom du petit bouton de chair que tu touches pour me donner du plaisir." Et je n'aurais surtout pas ressenti le besoin de parler de mon exp en-dessous de cet article.
Mais pour moi le plaisir était anecdotique avec lui. Hem. Donc non, il ne m'a jamais stimulé le clitoris. D'où mon sentiment de révélation après ma blague. Ceci explique cela, lol.