Mis à jour le 12 août — Simone Biles a concouru hier soir et comme prévu, elle est arrivée sur la première marche du podium, très sereinement.
Au moment de son passage à son dernier agrès, le sol, elle avait déjà suffisamment d’avance sur toutes ses concurrentes pour savoir qu’elle remporterait la médaille d’or.
Ce podium a été complété par son amie Alexandra Raisman, médaille d’argent, et Aliya Mustafina, une gymnaste russe. Elles n’ont pas démérité, mais que voulez-vous : Simone semble régner sans partage pour le moment.
Vous pourrez d’ailleurs la retrouver le 14 août dans la finale de saut (la finale de barres asymétriques se déroulera ce jour-là également), le 15 août dans la finale de poutre et le 16 août au sol.
Article initialement publié le 11 août 2016 — J’ai fait de la gymnastique artistique un petit paquet d’années. De mes 6 ans à mes 18 ans, à peu près. J’vais pas vous mentir, je n’ai jamais atteint un niveau exceptionnel, mais par contre j’aimais beaucoup regarder les Championnats du Monde et les Jeux Olympiques pour admirer celles qui faisaient des acrobaties que je ne serai jamais capable de faire.
Et puis à 18 ans j’ai arrêté la gym, parce que les études, parce que changement de ville, parce que je n’ai pas eu le courage d’essayer de m’intégrer dans un nouveau club. Je me suis doucement éloignée de ce milieu, même si j’y pense souvent avec beaucoup de nostalgie.
La découverte de Simone Biles
Et puis elle est arrivée. Avec son explosivité hors-norme, son équilibre à toute épreuve et son habileté à s’en décrocher la mâchoire. Je l’ai découverte un peu par hasard, au détour d’une news sur les Championnats du Monde que je n’avais pas regardés, cette année-là. Elle ne sortait pas de nulle part, mais comme j’avais un peu décroché, pour moi c’était une petite nouvelle.
Malgré ses 1m45, Simone Biles n’a rien d’une « petite ».
Je n’ai pas tardé à comprendre que malgré ses 1m45, elle n’avait rien d’une « petite ». Après ses premières médailles d’or en 2013, elle a remporté un deuxième Championnat du Monde en 2014 : le concours général, en individuel et par équipe, le sol, et la poutre. 2015 est venu, et elle a remporté son troisième Championnat du Monde consécutif.
Rien que ça.
Simone « Je ne suis pas humaine » Biles
Simone Biles n’est pas juste la meilleure gymnaste de ces dernières années. Jusqu’à présent, en gymnastique artistique, la référence intemporelle était Nadia Comaneci : la première à avoir jamais obtenu la note parfaite de 10 (ce qui n’est plus possible aujourd’hui, le niveau ayant évolué et la notation adaptée en conséquence). Et même elle n’a pas de mots pour décrire cette nouvelle légende.
En gymnastique, d’ordinaire, les athlètes ont une spécialité. Et c’est le cas de Simone Biles : elle est imbattable au sol, où elle dispose même d’un élément « signature » qui porte son nom, le « Biles » : un double tendu avec demi vrille qu’elle exécute (comme tout le reste) à la perfection.
« J’ai vu certains de mes amis garçons essayer, mais il n’y arrivent jamais. Alors ils se vexent. »
Je meurs d’admiration.
Bad-ass, je vous dis. Elle pourrait quasiment concourir avec les hommes au sol de toutes façons, qui font généralement six acrobaties alors que les femmes en font trois. Simone, elle, en fait cinq. Ce qui fait dire à Nadia Comaneci, interrogée par Reuters que « même si elle chute, elle peut gagner grâce à son niveau de difficultés extrêmement élevé. »
On a simplement jamais vu ça dans l’histoire de la gymnastique : au-delà d’être la meilleure aujourd’hui, Simone Biles est la meilleure de tous les temps.
Mais là où Simone Biles défonce, c’est qu’elle n’est pas la meilleure seulement au sol. Elle bat aussi tout le monde à la poutre, et elle sera sur le podium en saut — si elle ne remporte pas tout simplement la médaille d’or dans ces trois catégories. On n’a simplement jamais vu ça dans l’histoire de la gymnastique. Au-delà d’être la meilleure aujourd’hui, Simone Biles est la meilleure de tous les temps.
Ca conduit même beaucoup de gens à s’interroger sur le phénomène physique qu’elle représente : comment est-il humainement possible d’accomplir ce genre de prouesses ? Quartz a décrypté ses mouvements dans la vidéo qui suit, où ils expliquent globalement qu’elle est une boule de muscles :
Et en plus de ça, une belle personne.
En plus de sa musculature incroyable et de son sourire qu’elle garde même en plein effort, Simone Biles a une histoire inspirante. Le reportage qui suit a un ton sensationnaliste qui ne me plaît pas vraiment, mais il faut avouer que son parcours est hors-normes.
https://www.youtube.com/watch?v=tyv4dRSLppo
Adoptée à deux ans par ses grands-parents parce que sa mère ne pouvait pas s’occuper d’elle, elle affiche un moral d’acier et une résistance étonnante à la pression qui pèse sur elle. C’est comme ça qu’elle est capable de déclarer qu’elle et son équipe « n’avait pas l’impression d’être aux JO » lorsqu’elles ont concouru il y a quelques jours.
Et par-dessus tout, elle a l’air extrêmement sympathique.
Et par dessus tout, elle a l’air extrêmement sympathique. Que ce soit lorsqu’elle insiste sur le fait qu’elle ne veut pas faire de sa couleur de peau un étendard (c’est la première afro-américaine à être championne du monde), ou lorsqu’elle se décrit comme une personne « sociable » avec son petit sourire : elle me donne juste envie de lui faire des câlins.
Elle passe ce soir à 21h les épreuves du concours général individuel, et si j’étais vous, je réserverais ma soirée pour admirer celle qui est déjà une légende, à seulement 19 ans. Personnellement, elle m’a redonné le feu pour la gym !
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Les Commentaires
Ah ouais sinon sachez aussi que lors du championnat du monde en 2014 aux Pays-Bas, 2 de ses concurrentes ont quand même réussi à dire que la prochaine fois, pour gagner, qu'elles allaient se peindre en noir Désolée mais même si Biles ne parle pas de ses difficultés, on ne peut pas minimiser qu'elle s'en est bien plus prise de la haine dans la gueule que la plupart des gymnastes...
En plus à cela s'ajoute encore que ce week-end encore, Andy Murray a été déclaré par un journaliste comme le premier à gagner 2 médailles d'or olympiques aux JO et qu'il a répliqué que "non, Serena et Venus en ont 4 chacune"... On a beaucoup parlé du sexisme de cette remarque ici et là mais je suppose que peu de gens ont aussi relevé que c'était là aussi une énième invisibilisation de la communauté afro-américaine, alors que les Williams sont quand même à mettre dans le panthéon des joueuses de tennis... si on oublie même les géantes, c'est quand même le symbole d'un grave problème de représentation.