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Féminisme

Sidération et dissociation pendant un viol : les 2 mécanismes de survie du cerveau contre l’arrêt cardiaque

Lors d’une expérience traumatique intense, le cerveau mobilise deux mécanismes d’urgence : la dissociation et la sidération. C’est ce qui explique l’absence de réaction de nombreuses victimes de viol : un réflexe biologique de survie.

Plus d’un quart des Français·es estiment que « lorsqu’une femme ne réagit pas et ne s’oppose pas, on ne peut en aucun cas parler de violences sexuelles ».

Dans une société qui baigne dans la culture du viol, ces chiffres issus d’une enquête IPSOS réalisée pour l’association Mémoire traumatique ne sont pas vraiment étonnants.

Ne pas réagir, ne pas être en état de se défendre ou d’appeler à l’aide est fréquent chez les victimes d’agressions sexuelles et de viol, mais l’explication scientifique de ce mécanisme de protection n’est que rarement délivrée.

Pourquoi les victimes de viol ne se défendent pas ?

La youtubeuse de la chaîne Le labo de la légiste a ressorti ce week-end une vidéo datant de 2013. On y explique très bien quels étaient les mécanismes psychologiques et physiologiques à l’œuvre, pour comprendre cette absence de réaction chez de nombreuses victimes.

À lire aussi : Voici pourquoi les victimes de viol, parfois, ne se défendent pas

Michel Cymès et Marina Carrère y détaillent ce que sont les états de sidération, de dissociation, et le syndrome de stress post-traumatique.

https://twitter.com/LaboDeLaLegiste/status/964556304034484227

Impossible de réagir pendant une agression sexuelle ?

Tout démarre avec une partie de notre cerveau nommée l’amygdale : son rôle est de décoder les émotions, de gérer nos réflexes. En cas d’agression, c’est l’amygdale qui déclenche une série de réactions :

  • Production d’hormones du stress : adrénaline et cortisol
  • Celles-ci accélèrent le flux sanguin, le rythme cardiaque, la respiration
  • Les muscles sont contractés pour être prêts à la fuite

Mais ces réactions initiées pour la survie peuvent entraîner une « surchauffe ». Marina Carrère détaille les réactions en chaîne :

« Les centres nerveux au niveau du cortex censés analyser et modérer les réactions sont comme dépassés par les signaux d’alerte. »

La victime est incapable de réagir car l’élément de son cerveau censé gérer ses réactions de survie est entrain de s’enrayer. Elle est comme paralysée : c’est l’état de sidération.

En parallèle, le niveau de stress continue d’augmenter puisque l’amygdale fonctionne à plein régime, trop fort en réalité.

« Pour éviter que le survoltage provoque un arrêt cardiaque, le cerveau déclenche une sorte de court-circuit avec de la morphine et de la kétamine.

L’amygdale est isolée, la production d’hormones de stress est stoppée. »

« Hors de son corps » pendant une agression

Mais le corollaire de ce « court-circuit », salvateur sur le moment, est le fait que la victime de l’agression soit totalement coupée de ses émotions, comme spectatrice des événements.

C’est ce que décrivent de nombreuses victimes de viol, qui expliquent avoir eu l’impression de voir la scène « d’en haut », d’être « hors de leurs corps » : c’est l’état de dissociation.

Suite à cette mise en quarantaine de l’amygdale, le souvenir n’est pas évacué vers l’hippocampe, censé être le siège de la mémoire. Il est piégé dans une région du cerveau qui n’y est pas dédiée et va donc se constituer en « mémoire traumatique ».

La victime peut développer ce que l’on appelle un syndrome de stress post-traumatique.

Laure Salmona, citée dans un article sur les agressions sexuelles entre enfants il y a quelques mois, expliquait ce qui en découle :

« Comme cette mémoire n’a pas été intégrée et traitée, elle peut provoquer une amnésie de l’événement, et peut ressurgir n’importe quand. »

Si ce souvenir n’est pas assimilé via une thérapie par exemple, Laure Salmona détaillait que « des flashs peuvent surgir n’importe quand, en particulier lorsqu’on se retrouve dans un endroit qui rappelle l’événement traumatique, lorsqu’on voit l’agresseur, lorsqu’on sent une odeur, lorsqu’on se retrouve dans une situation similaire ».

« C’est comme si on revivait la scène, ça peut aller jusqu’à l’hallucination visuelle, auditive, ça peut être extrêmement douloureux. »

L’avantage de cette vidéo est qu’elle explique de manière très pédagogique les mécanismes physiologiques, des réactions naturelles, que les victimes ne sont pas en mesure de maîtriser.

De quoi expliquer que oui, une victime qui ne réagit pas reste une victime et n’est en rien responsable de son agression.

À lire aussi : Sexe sans consentement, le film d’utilité publique qui lève le voile sur « la zone grise »


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Les Commentaires

10
Avatar de PtitePixel
20 février 2018 à 15h02
PtitePixel
@Clemence Bodoc Merci beaucoup
Contenu spoiler caché.
4
Voir les 10 commentaires

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