Live now
Live now
Masquer
sida-idees-recues-transmission
Société

Les idées fausses sur le SIDA gagnent du terrain chez les jeunes de France

Le SIDA et le VIH font encore l’objet de nombreuses idées reçues. Et ces croyances erronées mènent parfois à des prises de risques inconsidérées…

Je ne me souviens pas de la première fois qu’on m’a parlé du SIDA. Enfant des années 90, j’ai l’impression que l’existence de cette maladie a toujours fait partie de la vie telle que je la connais.

Par contre, je me souviens de la première fois que j’ai pris conscience des idées reçues au sujet du SIDA.

Oh, j’étais loin d’être une spécialiste moi-même, hein ! Mais je n’ai jamais cru qu’on l’attrapait en serrant une main ou en faisant la bise.

Quand j’étais au lycée, la ville s’est couverte de ces affiches :

approcher-personne-seropositive

Le minuscule texte donnait envie d’aller regarder de plus près. Et voici ce qu’il disait :

« Bravo, vous faites désormais partie des gens qui n’ont pas peur d’approcher une personne séropositive. »

Cette campagne de sensibilisation mise en place par l’INPES nous a beaucoup fait discuter du VIH, avec mes potes de l’époque, et prendre conscience des stéréotypes ou des craintes infondées qu’on pouvait entretenir.

Alors en voyant le sondage dont je veux vous parler aujourd’hui, forcément, je me dis que ça ne serait pas plus mal de coller à nouveau quelques-unes de ces affiches…

Les jeunes de France connaissent mal le SIDA

Le Sidaction se tient cette année les 23, 24 et 25 mars. Deux jours avant son lancement, l’association du même nom a publié les résultats d’un sondage mené auprès des 15-24 ans*.

Un chiffre résume bien les conclusions de cette enquête :

« 20% des jeunes s’estiment mal informé·es, soit une augmentation de 9 points par rapport à 2009 »

Et en effet, une bonne partie des personnes sondées entretiennent des idées fausses, des croyances erronées au sujet du SIDA.

*Sondage Ifop et Bilendi réalisé auprès de 1002 personnes, représentatives de la population française âgée de 15 à 24 ans.

La transmission du SIDA, toujours méconnue

Voici deux informations fausses qu’une partie des sondé·es continuent à croire :

  • On peut attraper le SIDA en embrassant une personne séropositive (21%) (contre 15% en 2015)
  • On peut attraper le SIDA via la sueur d’une personne séropositive (18%) (contre 10% en 2015)

L’occasion de rappeler que le virus du SIDA peut se transmettre par le sang, le sperme, le liquide séminal, les sécrétions vaginales ainsi que le lait maternel.

Et pas par la sueur, les larmes ou encore l’urine.

Poignées de mains, roulages de pelles, métro bondé, baignade commune avec une personne séropositive ne sont donc pas des pratiques à risque !

Pilule du lendemain et… protection contre le SIDA ?

Un chiffre qui m’a fait bondir, c’est celui-ci : 19% des sondé·es pensent qu’une contraception d’urgence (pilule du lendemain) peut empêcher la transmission du virus.

En y réfléchissant, je pense qu’une partie de ces personnes confond contraception d’urgence et Traitement Post-Exposition, ou TPE.

Il s’agit d’un traitement à faire le plus rapidement possible après un rapport à risques (par exemple, avec un partenaire séropositif et un préservatif qui glisse ou craque). Sida Info Services explique :

« Le Traitement Post-Exposition (TPE) permet de diminuer le risque de contamination lorsqu’on a été exposé au VIH. Il se compose de plusieurs médicaments actifs contre le VIH et il doit être pris pendant 28 jours.

Pour que son efficacité soit la meilleure possible, il faut le débuter immédiatement et respecter attentivement les prescriptions du médecin. »

Si vous avez un rapport à risques, rendez-vous aux urgences dans les plus brefs délais pour être examiné·e.

big-tritherapie-d-urgence-temoignage

Mais le TPE ne doit en aucun cas être confondu avec la pilule du lendemain ! Celle-ci est une contraception d’urgence, qui réduit les risques d’une grossesse après un rapport non-protégé ou en cas de contraception défaillante.

Les contraceptions hormonales ainsi que le DIU (« stérilet » au cuivre) ne sont pas des protections contre le SIDA ou autre MST/IST. C’est pourquoi l’usage du préservatif est recommandé tant que les partenaires n’ont pas fait de test sanguin.

Guérir du SIDA : où en est-on ?

Autre chiffre inquiétant : plus d’¼ des jeunes pensent qu’il est possible de guérir du SIDA via des médicaments. En 2009, ce chiffre était de 13%.

À l’heure actuelle, il est possible de réduire les risques de transmission, par exemple entre une mère et son enfant. D’ailleurs, selon Florence Thune, directrice générale de Sidaction :

« 49% des jeunes se disent bien informés sur le fait qu’une personne vivant avec le VIH et suivant correctement son traitement ne peut pas transmettre le virus du SIDA. »

Les progrès médicaux ont également permis d’adoucir l’existence des personnes séropositives et d’allonger leur espérance de vie.

À lire aussi : Séropositifs depuis des décennies, voici à quoi ressemblent nos vies

Mais le SIDA reste, en 2018, une maladie incurable.

Ce qui rend la prévention, la protection et le dépistage encore plus importants : prendre un risque peut avoir de très lourdes conséquences.

Dépistage et pratiques sexuelles à risques chez les jeunes de France

Les risques, tiens, parlons-en. Malgré les efforts de diverses associations, l’importance de la prévention n’est pas encore une évidence pour tout le monde.

  • 32% considèrent avoir moins de risques que les autres d’être contaminé·es

À lire aussi : « Qui attrape le SIDA ? » et autres questions auxquelles répond Tristan Lopin à l’occasion du Sidaction

  • 14% des jeunes ont été exposé·es à un risque d’être contaminé·e par le VIH/le SIDA
  • Sur ces jeunes, 39% seulement ont ensuite été se faire dépister

Une personne qui prend un risque et ne va pas faire un dépistage, c’est potentiellement une personne contaminée sans le savoir, qui risque de transmettre le virus.

Sidaction estime que 25 000 Français·es non dépisté·es vivent avec le VIH sans avoir conscience de leur séropositivité.

À lire aussi : Comment parler IST et dépistage sans tuer l’ambiance ?

En plus de ces chiffres, 42% des sondé·es estiment être « mal informé·es sur les lieux de dépistage ». Là encore, que dit Sida Info Services ?

« En France, il est possible de faire un test de dépistage du VIH :

  • dans un CEGIDD (Centre Gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic)
  • dans un laboratoire d’analyses médicales (avec ou sans ordonnance selon les laboratoires)
  • dans des locaux associatifs ou des dispositifs mobiles habilités (TROD)
  • à l’endroit de son choix avec un Autotest VIH »

La diversité de ces options garantit, j’espère, un accès relativement facile à un dépistage gratuit ou peu coûteux, peu importe l’endroit de France où on se trouve.

Et dans le doute, adressez-vous à votre médecin traitant !

À lire aussi : La transmission du VIH et les pratiques à risques : faisons le point

Comment mieux informer sur le SIDA ?

En cette période où la peur des « fake news » est très répandue, certains chiffres de ce sondage sur le SIDA ne sont pas étonnants.

« Les personnes interrogées n’accordent pas leur confiance aux messages transmis sur les sites internet spécialisés (54%) ni sur les médias traditionnels (51%) et encore moins sur les forums (31%) ou sur les réseaux sociaux (22%).

La demande de communication institutionnelle se révèle forte.

Près de 7 jeunes interrogé·es sur 10 estiment que les élus locaux (75%), le pouvoir public (72%) ou le ministère de l’Education nationale (67%) n’en font pas suffisamment en matière d’information sur le VIH/SIDA. »

Je vous renvoie donc vers la page gouvernementale Informer sur le VIH/Sida et les autres infections sexuellement transmissibles (IST).

Plus vous serez informé·es, mieux vous pourrez vous protéger. Et kiffer votre sexualité en toute sécurité !

À lire aussi : Je suis en couple avec un séropositif


Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !

Les Commentaires

38
Avatar de skippy01
5 juillet 2018 à 17h07
skippy01
Ce serait intéressant de mettre ces chiffres en rapport avec le degré d'exposition de chacun aux campagnes de sensibilisation. Parce que vu le nombre que j'ai vu passer, ça me donne l'impression qu'elles sont inutiles, et j'aimerais savoir si mon intuition est juste.
3
Voir les 38 commentaires

Plus de contenus Société

Source : Getty Image / MARIA DUBOVA
Féminisme

Ève, 42 ans : « Quand il m’a demandé où était le nettoyant après six mois de vie commune, j’ai pleuré »

5
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-15T163147.788
Livres

Samah Karaki : « C’est la culture sexiste qu’il faut questionner, pas la présence ou l’absence de l’empathie »

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-13T154058.525
Santé

« Ah, on dirait que t’as le cancer » : Laure raconte comment l’alopécie affecte son quotidien

6
[Image de une] Horizontale (24)
Culture

3 raisons de découvrir Agatha, le nouveau thriller psychologique à lire de toute urgence

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-30T170053.120
Santé

« On n’en parle pas assez, mais être malade prend du temps ! » : Solène raconte son quotidien avec une maladie chronique invisible

1
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-30T164414.844
Société

« Je n’ai pas porté plainte parce qu’il y a des enfants en jeu » : Jade, victime d’exploitation domestique à 17 ans

1
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-30T115104.723
Santé

« Le sommeil occupe une place bien plus importante dans ma journée » : Quitterie, 25 ans, raconte son quotidien avec la sclérose en plaques

Capture d’écran 2024-09-06 à 16.28.20
Bien-être

« On souffre en silence » : 3 femmes nous parlent sans tabou de leurs douleurs menstruelles

Capture d'ecran Youtube du compte Mûre et Noisettes
Argent

Je suis frugaliste : je vis en dépensant moins de 1000 euros par mois (et je vais très bien)

73
Capture d’écran 2024-09-06 à 16.30.20
Bien-être

Douleurs de règles : et si on arrêtait de souffrir en silence ? Une experte nous explique pourquoi il est crucial de consulter

La société s'écrit au féminin