Du rose partout, une femme blanche, mince, aux longs cheveux blonds et au visage extrêmement lisse, répondant à tous les standards de beauté Occidentaux actuels. À priori, la couverture de ce numéro de Glamour Bulgarie paru en juillet est tout ce qu’il y a de plus banal dans le monde merveilleux des magazines féminins et leurs diktats.
Pourtant, cette couverture marque un tournant et pose particulièrement question. En effet, l’image présente sous vos yeux a été entièrement générée par une intelligence artificielle. Aucun photographe, styliste ou maquilleur n’a participé à sa conception : même Lisa Opie, le mannequin représenté, n’a jamais posé pour cette image.
L’intelligence artificielle va-t-elle aider à lutter contre les normes de beauté irréalistes dans les magazines ?
Le magazine n’a pas du tout caché le fait que sa couverture était le produit d’une intelligence artificielle : sur Instagram, l’ancienne Miss s’est dite « honorée d’être le premier modèle à avoir une image entièrement générée par l’IA sur une couverture de magazine ».
De fait, Lisa Opie est à l’origine de cette initiative, validée par la direction du magazine. Après être tombée sur le compte Instagram “ai_fashion_photos”, qui génère des images de mannequin avec l’intelligence artificielle, Lisa Opie a demandé à ce que son portrait soit créé à partir de cette technologie. Comme le rapporte le New York Post, Fran H, la personne à l’origine du compte Instagram a travaillé à partir d’une dizaine de photos du mannequin et a produit une cinquantaine d’images, dont celle en couverture a été jugée comme la meilleure.
Des photos de Lisa Opie agrémentent les pages du magazine. Même si elles sont très retouchées, et que le mannequin porte une perruque afro (ses vrais cheveux sont lisses), ces photos rendent d’autant plus frappant l’étrangeté glaçante de l’image en couverture, qui tient beaucoup plus du personnage de jeu vidéo que de l’être humain.
Malgré l’enthousiasme de Lisa Opie face à ce choix, il est bon de se demander si l’intelligence artificielle n’est pas le meilleur moyen de prolonger encore longtemps le jeu des standards de beauté déshumanisants, inatteignables et complexants dans le monde de la mode.
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