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Une archéologie de l’intime
Culture

« Si mon histoire peut déculpabiliser ne serait-ce qu’une seule femme, j’aurai gagné » dans Archéologie de l’intime, le tabou de l’accouchement raconté en BD

L’autrice Clothilde Delacroix livre une BD émouvante et poétique sur la période qui entoure son accouchement, pourtant très difficile. Archéologie de l’intime raconte sa quête pour comprendre cet épisode traumatique, mais aussi sa relation privilégiée avec son bébé aujourd’hui devenue une adolescente.

Depuis 2017, la vague #MeToo a entraîné dans son sillage moult sujets sur lesquels la parole s’est libérée. À propos de l’accouchement, il était plus que temps que le sacro-saint mythe du “plus beau jour de la vie d’une femme” se fissure. Oui, on peut en fait le considérer comme l’un des pires, et aimer son enfant à la folie. On peut avoir peur, vivre un accouchement traumatisant, être atteinte de dépression post-partum, et être une bonne mère. Loin des clichés idéalisés de la maternité, Clothilde Delacroix livre un récit plein d’amour et de poésie dans sa BD Archéologie de l’intime (sortie le 30 août 2024). 

Connue pour ses livres jeunesse, l’autrice avait déjà livré des pans de la relation avec sa fille sur les réseaux et dans son recueil de strips Mère, fille et co (2022). Elle franchit avec Archéologie de l’intime un nouveau cap en ré-explorant le moment de son accouchement, particulièrement compliqué. Car pour donner la vie, l’autrice a frôlé la mort. En 2008, elle accouche à 7 mois de grossesse d’un bébé grand prématuré. A l’hôpital, elle tombe ensuite dans le coma puis en sort et se remet petit à petit sans trop comprendre ce qui lui arrive… 

Découvrir Archéologie de l’intime

Libérer la parole autour de l’accouchement

Treize ans et une double vague #MeToo et #monpostpartum plus tard, elle prend la plume et les pinceaux, se replonge dans ses archives personnelles, carnets et comptes-rendus médicaux, pour dépasser l’oubli qui entoure cet épisode – comme si son cerveau avait voulu l’en protéger. L’autrice cherche aussi à comprendre, car à l’époque on lui avait aussi donné très peu d’informations médicales sur son état.

Clotilde Delacroix participe ainsi à la libération de la parole autour de l’accouchement, un point qui lui avait manqué à l’époque. Elle raconte : “ À l’époque, avant #MeToo, je n’avais pas eu accès aux témoignages d’autres mamans. Découvrir sur les forums que je n’étais pas seule m’a fait beaucoup de bien”, confie-t-elle. Et c’est à elle aujourd’hui d’apporter sa pierre à l’édifice : “J’aurais aimé avoir des témoignages pour me dire qu’on peut être fort, tout en étant fragile et sensible. Si mon histoire peut déculpabiliser ne serait-ce qu’une seule femme, j’aurai gagné.”

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Déculpabiliser… et informer sur la pré-éclampsie

Ce qui avait plongé Clotilde Delacroix dans le coma était une forme sévère de pré-éclampsie.  Cette maladie est mieux connue depuis les années 2000… seulement. Elle vient d’un dysfonctionnement du placenta, l’organe qui assure les échanges entre le fœtus et la mère, et entraîne entre autres une augmentation de la pression artérielle de la femme enceinte.

L’autrice raconte :

Faire de l’archéologie correspond à ce besoin de recherches. La crise de pré-éclampsie touche moins de 1 % des femmes et je crois que si je n’avais pas appuyé sur le bouton d’urgence parce que j’avais envie de vomir, je serais morte dans mon lit d’hôpital.”

Heureusement, Clothilde Delacroix et son bébé s’en sont toutes les deux sorties, et sa BD raconte aussi sa relation privilégiée avec sa fille, aujourd’hui adolescente. L’autrice navigue d’ailleurs dans le récit entre passé et présent – parfois se mettant littéralement en scène sur une barque, pour éclairer ce qui s’est passé à l’aune de ses recherches “archéologiques”. Une BD à découvrir dès le 30 août !

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