Le 27 janvier marquait la Journée de la mémoire des génocides et des crimes contre l’humanité, en commémoration de la libération du camp d’Auschwitz en 1945. À cette occasion, France Télévisions a diffusé le 30 janvier le déchirant et nécessaire Shoah, un documentaire de Claude Lanzmann faisant désormais date dans l’histoire du cinéma.
Réalisé sur une période de 16 ans, le film est plus qu’un simple documentaire. Il constitue un lieu de mémoire et un témoignage poignant sur l’extermination systématique de six millions de juifs par l’Allemagne nazie. Voici trois raisons majeures de voir ou revoir le film, visible gratuitement pendant 30 jours sur le site de France TV.
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Un film à l’origine du terme « Shoah »
Entre 1941 et 1945, près de six millions de juifs ont été victimes de l’entreprise d’extermination nazie. Le terme « Shoah », qui apparaît dans la Bible et signifie en hébreu « anéantissement », est devenu le plus utilisé pour désigner cette tragédie depuis la sortie du film de Claude Lanzmann. Ce n’est pas le seul élément du film faisant date. Shoah a également été inscrit au registre de la Mémoire du monde de l’Unesco, qui a pour mission de protéger le patrimoine documentaire à travers le monde.
16 ans de travail, sans image d’archives
Claude Lanzmann a délibérément évité l’utilisation d’images d’archive, préférant donner la parole aux témoins, victimes et bourreaux dans des entretiens exclusifs. En tout, le cinéaste a capturé 300 heures d’images et réalisé une trentaine d’entretiens. Dans une interview pour Antenne 2 en 1984, le réalisateur a expliqué :
« Victime et bourreaux, c’est la première fois qu’ils parlent en 40 années et qu’on les voit parler. J’ai eu plus de mal à trouver les bourreaux que les victimes. »
Ce dispositif poignant a impressionné les contemporains du réalisateur. Dans une lettre adressée au cinéaste au lendemain de la première projection en 1984, Simone de Beauvoir écrit à propos du film :
« Il s’agit d’un monument qui pendant des générations permettra aux hommes de comprendre un des moments les plus sinistres et énigmatiques de leur histoire. »
« Un accouchement fraternel »
Entre le travail d’enquête, de recherche de témoins, de recueillement de la parole étendu sur onze ans et le montage qui en a duré cinq, la réalisation de Shoah a duré 16 ans. Dans le film, Claude Lanzmann choisit le parti pris de la diversité des récits, interrogeant aussi bien des survivants des camps que des nazis ou encore des témoins.
Comme le rapporte Franceinfo, Claude Lanzmann a fait l’objet de critiques lui reprochant de refaire revivre un traumatisme à ses témoins en les faisant se souvenir et parler de l’horreur absolue. Une critique auquel le réalisateur a répondu : « On m’a souvent reproché mon sadisme dans les questions. C’est faux, c’est un accouchement fraternel. Les larmes du coiffeur sont pour moi le sceau de la vérité. »
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