Shepard Fairey est un graphiste américain qui travaille sur les images de propagande, les faits d’actualités, et l’affichage sauvage… On t’en dit plus !
Shepard Fairey est né en 1970 en Caroline du Sud, dès 1989, il entre à la Rhode Island School of Design, dans le domaine de l’illustration, et créé en même temps sa première campagne de stickers « André the Giant Has a Posse ».
Il est issu de ce que l’on appelle la scène « graph/punk/skate » de Californie, des années 80.
Il a commencé en reprenant le portrait du catcheur français André Roussimoff (dit le Géant Ferré) et en le stylisant et en le ré-agençant avec les codes de l’esthétique communiste soviétique.
Le portrait de « André The Giant » a ensuite été décliné en graphs, stickers, affiches… Shepard Fairey les a peu à peu appliqués dans les rues de sa ville (Providence), puis tout autour, un peu comme une contamination virale. La première campagne ressemble à une campagne publicitaire pour un produit qui n’existerait pas.
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On l’aura compris, au niveau « influences », on peut donc citer en premier lieu la propagande soviétique, les constructivistes (toujours eux !), mais aussi les travaux de Barbara Kruger. On peut aussi citer Robbie Conal.
De plus, les affiches de Shepard Fairey rappellent évidemment le célèbre 1984 de Georges Orwell et les fameuses images de Big Brother : « Le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d’en face. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston (…) ».
D’un point de vue cinématographique, on pourra citer Invasion à Los Angeles, de John Carpenter. (Un film que je te conseille vivement, où, lorsque le héros porte des lunettes, il découvre les véritables messages des panneaux publicitaires : les images colorées deviennent alors des slogans géants comme « Obey »…)
Voici comment Shepard Fairey explique lui-même son travail :
Entre 1989 et 1994, je faisais surtout des stickers marrants avec la tête d’André sur le chanteur de Kiss ou en cosmonaute. Je voulais m’approprier des icônes de la pop culture et les recréer. […] André est tout et André n’est rien. C’était ma stratégie, le vol des logos et le kidnapping d’icônes populaires. Je croyais que ça n’était que de l’humour.
Mais par la simple nature de la prolifération des stickers, leur mystère et leur côté culte, je me suis rendu compte qu’il y avait également eu beaucoup de réactions négatives. Les gens se sentent toujours menacés par ce qu’ils ne connaissent pas, ce qui provoque chez eux du doute ou une réflexion. Je n’avais pas du tout prévu cette réaction, mais j’ai décidé de poursuivre cette voir en pensant que plus la réaction était extrême, plus le dialogue était possible (…).
Les gens sont des somnambules sui ne remarquent plus leur environnement, c’est ainsi que j’ai utilisé le slogan OBEY, pour me moquer de l’esclavage de la publicité et de l’affichage.
Et voilà comment OBEY GIANT est né.
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Son travail s’élargit ensuite, toujours avec les mêmes références, Shepard Fairey réalise des images en relation avec l’actualité, comme cette année, avec son engagement auprès de Barack Obama.
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(l’image se situe en bas de page.)
Avec ses travaux, il revendique tantôt un ludisme pur, tantôt une « désaliénation » des consciences, expression qui n’est pas sans rappeler Barbara Kruger (tout comme l’utilisation de slogans, d’ailleurs).
Humour ? Graphisme ? Tentative « d’éveiller les consciences » ? Ou tout à la fois, il est difficile d’y répondre, car, bien qu’une réflexion sur les mécanismes du pouvoir soit effectivement présente dans le travail de Shepard Fairey, l’artiste est aussi un manager accompli qui gère son œuvre comme une entreprise en commercialisant tee-shirts, affiches et accessoires (pour preuve : les nombreux sites internet qui présente les différents aspects d’Obey Giant). Il est donc un peu paradoxal de dénoncer un système que l’on utilise soi même de manière lucrative, de proposer de « ré-enchanter » le monde en vendant ce qui est censé «ré-enchanter ». Cependant, on notera que l’idée de « contamination virale des images » évoquée plus haut est largement renforcée par cette commercialisation et cette prolifération d’activités.
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Il n’empêche que Shepard Fairey est un artiste en phase avec son époque, qui « rebondit » à sa manière sur les sujets d’actualité et sait en isoler les enjeus, les paradoxes.
Pour aller plus loin :
http://obeygiant.com
http://www.obeyclothing.com
http://www.thegiant.org
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Cette année, Shepard Fairey a aussi collaboré avec les éditions Penguins pour créer les couvertures des livres 1984 et La Ferme des Animaux, de Georges Orwell… (livres que je t’ordonne de courir lire si ça n’est pas déjà fait. OBEY !)
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