Les calculs ne trompent pas. Le groupe de défense de l’environnement Stand.Earth a analysé les résultats des émissions absolues de carbone de plusieurs grandes marques de mode. Notamment pour les mettre en regard de leur degré de transparence, leurs actions concrètes, et leurs objectifs annoncés d’ici à 2030. Le groupe H&M, Puma, Nike, Levi’s adidas, Gap, Inditex (qui possède notamment Zara), Lululemon, Fast Retailing (qui détient Uniqlo), VF Corp (propriétaire de Vans, Supreme, Dickies et The North Face) ou encore SHEIN font partie des marques scrutées. Et sans surprise, le plus mauvais élève, c’est SHEIN.
SHEIN en bas du classement, et H&M en meilleur élève de la transition énergétique de la mode
Dans son rapport Clean Energy Close Up 2024 publié le 21 mai 2024, Stand.Earth note que les émissions absolues de carbone de SHEIN ont augmenté de 50 % au cours de l’année. Pour donner un ordre de grandeur, l’ONG compare les émissions carbones du mastodonte chinois de l’ultra fast fashion à celle de tout un pays : c’est plus que le Paraguay !
Parmi les autres marques analysées, Stand.Earth note que Lululemon, Inditex (dont Zara), et VF Corp (Vans, Supreme, Dickies et The North Face) ont augmenté leurs émissions annuelles de carbone. C’est même une croissance à deux chiffres.
À lire aussi : SHEIN, Primark, Temu… comment les marques d’ultra fast fashion seront-elles pénalisées ?
Sur les 11 marques scrutées de près par Stand.Earth en fonction des données qu’elles ont partagées publiquement, c’est le groupe H&M qui fait figure de premier de la classe. Car il a beaucoup investi pour la décarbonation de ses fournisseurs. En deuxième bon élève, c’est Puma grâce à son degré de transparence sur ses données énergétiques.
D’après les projections de Stand.Earth, seuls H&M, Puma et Levi’s devraient être en mesure de réduire leurs émissions d’au moins 55 % d’ici à 2030 par rapport à leur niveau en 2018.
« Les gens et la planète en paient les véritables coûts. »
Rachel Kitchin, responsable de cette campagne climatique de Stand.earth a ainsi déclaré dans un communiqué de presse :
« En termes simples, la plupart des marques ne sont pas encore sur la bonne voie pour se décarboner et beaucoup vont dans la mauvaise direction. Quel que soit le prix imprimé sur l’étiquette, les gens et la planète en paient les véritables coûts. »
À lire aussi : Qu’est-ce que la fast fashion ? Définition, conséquences sociales et environnementales
Elle invite donc les grands acteurs de l’industrie de la mode a éliminé rapidement les combustibles fossiles et à investissant dans des solutions concrètes et renouvelables en matière d’énergie :
« À l’heure actuelle, les fabricants agissent comme des responsables de la pollution climatique causée par la mode, tandis que les marques empochent les bénéfices à distance.
Les marques doivent payer pour les changements qu’elles exigent en finançant la transition vers les énergies renouvelables dans leurs chaînes d’approvisionnement, et en étant plus transparentes sur qui sont leurs fournisseurs et où ils se trouvent. »
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
J'imagine aussi que quand on est hors normes/pauvre et qu'on a dû des années durant se priver ou s'habiller de trucs moches et qu'on découvre enfin d'un coup des millions de vêtements sympas et accessibles, ça donne envie de se faire vraiment plaisir (je spécule, désolée si je me trompe).
Shein est certes une plaie, mais ils pallient aux carences d'une industrie souvent snob au niveau des tailles, hors de portée à cause de l'inflation et qui nous incite depuis des décennies à toujours acheter plus (je précise que je n'ai jamais rien commandé chez eux, par principe et parce que je peux me permettre de ne pas le faire, mais j'ai été tentée, le site est extrêmement bien fait). Et Temu est en train de prendre le relai.
Mais quels avantages auraient-ils à changer un business model aussi lucratif ? Aucun pour le moment. Comme la plupart des pires élèves de l'écologie, leur politique se résume sûrement à "je ferai un effort quand les autres en feront" ou "si tous les autres faisaient un effort, alors nous n'aurions pas besoin d'en faire" ou "rien à foutre dtf".
Mais si la croissance passe encore avant tout, on risque d'être mal barrés. L'effondrement du secteur immobilier chinois ne doit pas aider non plus.