Pour résumer en trois mots le long mélo de Shakti, disons que c’est un Jamais sans ma fille qui se passerait avec un fils et en Inde.
La (forcément) jolie Nandini vit au Canada avec le (non moins) beau Shekhar, avec qui elle a eu un fils. Inquiet pour sa famille, Shekhar décide de partir avec femme et enfant pour son village d’origine au fin fond du Rajahstan, dont ses parents sont les seigneurs.
La jeune Indienne brushée et manucurée découvre une terre aux moeurs politiques primitives, où s’entretuer fait partie du quotidien, et où rester cloîtré dans son palais est le seul moyen de ne pas se faire décapiter. D’ailleurs, Shekhar, qui a dû oublier ces règles élémentaires de survie dans son exil occidental, décide de crâner dans son 4×4 comme une star hollywoodienne sur le tapis rouge de Cannes et se fait bêtement zigouiller le jour où il sort de chez lui. Nandini décide de rentrer immédiatement au Canada avec son fils retrouver ses oncles-gâteaux pour se faire choyer après tant d’horreurs.
C’était sans compter sur beau-papa, qui a de furieux airs de Jean Reno (le teint cuivré en plus), qui refuse de laisser partir l’enfant, devenu par la force des choses le seul héritier mâle de la dynastie. Nandini essaie de s’enfuir, se fait attraper, réessaie de s’enfuir, se refait attraper et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’elle rencontre Jaisingh (Sharukh Khan, dans un rôle à contre-emploi).
Un bollywood sans l’eau de rose
Si tu crois qu’un bollywood, c’est juste de la soupe de bons sentiments avec une pointe de romantisme et si tu penses que tous les gens qui portent des tuniques indiennes et des bracelets à clochettes sont nécessairement des baba-cools pacifistes, tu vas déchanter. Shakti n’est pas un bollywood à l’eau de rose. Enfin si, aussi, mais pas seulement.
C’est aussi un film avec une bonne dose de violence très violente. Certes, je suis du genre plutôt sensible pour un rien. Mais là, ils se trucident vraiment dans tous les coins avec tous les instruments possibles et imaginables. Il y a un qui se fait couper la tête dans une machine à hacher les céréales par exemple. Bon, je ne sais pas si on le voit vraiment, j’ai fermé les yeux. Comme quoi, les bollywood ne sont pas seulement des sucres d’orge à la fleur d’oranger.
Toutefois, l’effet ultra-violent de certaines images est largement nuancé par des effets spéciaux pas toujours parfaits, des bruitages parfois carrément ridicules d’exagération (visiblement, ils n’avaient qu’un bruit en stock pour les coups de poing, les coups de pied, les claques et les coups de fouet) et une vigueur des acteurs parfois déconcertante (notamment quand Jaisingh se prend une balle dans le dos et qu’il ne fait que se retourner comme pour voir quel moustique a osé le piquer avant de repartir pour un semi-marathon). Mais les gouttes de sang pleuvent tout le long du film.
Un vrai bollywood ?
Soyons clairs, l’intérêt du film indien réside généralement moins dans son intrigue intrigante (dans le genre tragédies familiales, Shakespeare et Racine ne sont pas plus mauvais) que dans ses danses entraînantes et artistiques et sa musique inimitable. De ce côté-là, Shakti est un peu décevant. Il n’y a que deux vraies danses de groupe, qui sont certes très réussies (explosion de couleurs, rhytme, musique, casting), mais deux sur trois heures, ça fait peu…
De plus, l’affiche est trompeuse, puisqu’elle montre les deux stars du genre, Sharukh Khan et Aishwarya Rai. Or leur rôle n’est que très secondaire, ils ne sont absolument pas les protagonistes du film. La déception peut poindre quand on s’en rend compte. Même si les acteurs principaux ne sont pas des débutants, on ne remplace pas deux légendes si facilement.
A propos de légende, Sharukh Kahn le sex-symbol a visiblement décidé de mettre fin à la sienne puisqu’il joue un rôle à contre-emploi dans ce film. Lui qui est habitué aux rôles de héros aussi beaux que valeureux, il joue ici un bouffon mal fringué (les boucles d’oreille et le t-shirt en résille, il vaut mieux qu’il abandonne) qui n’est héros que malgré lui. Et moi, je ne suis pas pour l’autodestruction des mythes…
Au final, hormis le dépaysement et la claque dans la figure que donnent certaines scènes, on s’ennuie un peu et on sort de la salle en regrettant qu’il n’y ait pas eu plus de musique et de danse.
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