Commençons cet article par une mise en situation.
Je sors de mon premier rendez-vous avec celui qui deviendra mon amoureux. Il m’a fait rire sur OkCupid, il m’a fait rire autour d’une pinte, il a des taches de rousseur et il sent bon.
On est dans mon lit, tout nus, un peu essoufflés et satisfaits (je crois qu’on s’aime déjà pas mal).
J’allume une cigarette post-coïtale comme si j’étais une meuf dans un film français, et je lui demande :
— Du coup, c’est quoi tes kinks ? — Mes quoi ? — Bah, tes fantasmes, tes goûts au lit, tout ça… — Oh ! Hum… j’adore les bisous.
Qu’il est chou. Les bisous. Bon. C’est très bien les bisous. Tout partout, dans les cheveux et le cou, je dis oui toute la vie.
Mais évidemment, il y a une suite.
— Et toi ? — Alors euh… moi je suis plutôt BDSM, tout ce qui est soumission, jeux de rôle, enfin bon tu vois. — Genre tu te prends des baffes ? — Oh bah je dis pas non à une claque de temps en temps écoute.
Malaise.
Enfin non, pas malaise, mais déséquilibre niveau fantasmes, clairement. Au secours, mon petit ami est « vanille » !
Ne vous inquiétez pas, cette histoire finit bien.
Sexualité kinky VS sexualité vanille
« Vanille », c’est le terme utilisé dans certaines communautés (notamment celle des adeptes du BDSM) pour parler des gens ayant une sexualité « classique ».
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Ça ne veut pas dire chiant, ça ne veut pas dire plan-plan, mauvais coup ou autre jugement de valeur. Ça veut juste dire que les actes sont plutôt courants.
Et surtout, ça veut dire qu’il y a moins « d’intellectualisation » du cul. Il n’y a pas ou peu de mise en situation, de jeu de rôle ou de pouvoir, le plaisir est physique et émotionnel.
Vis ma vie de meuf kinky au copain « vanille »
Mon bouli kinky pouvait-il se satisfaire d’une sexualité « vanille » ? C’était la grande question.
Car j’ai été claire avec mon copain : s’il voulait tenter des trucs, qu’il n’hésite surtout pas, mais jamais je n’allais le forcer ou exiger de lui qu’il rentre dans mon jeu si ça ne lui plaît pas.
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J’avais peur de finir par être frustrée, ou lassée de ne pas pouvoir assouvir une partie de mes désirs.
Nous sommes en couple exclusif, on l’a décidé ensemble après une longue conversation, donc je ne vais pas aller chercher ailleurs la soumission que je n’ai pas « à la maison ».
Au fil des mois, j’ai arrêté de me poser la question : je suis de toute évidence très satisfaite de ma vie sexuelle, même si elle ne ressemble pas aux scénarios des hentai vénère que je lis sur Internet.
« Vanille », mais pas que
Déjà, en ne mettant pas la pression à mon amoureux, je lui ai laissé le champ libre pour expérimenter s’il le souhaitait.
Semaine après semaine, partie de jambes en l’air après partie de jambes en l’air, je l’ai découvert moins « vanille » qu’il ne le pensait…
Je pense que cet aspect-là de ma sexualité l’intrigue, et il lui est arrivé de tester des choses, des gestes, des mots — ce qui était LOIN de me déplaire, clairement !
Mais quand ça ne vient pas de lui, je ne force pas.
Cependant, il a découvert avec moi une facette plutôt méconnue de sa sexualité, et je suis très contente qu’on puisse explorer ça à deux, à notre rythme.
La vanille, ça a du goût, vous savez
Au-delà de ces expérimentations, je me suis rendue compte que je n’étais pas du tout frustrée d’avoir une sexualité plus classique qu’auparavant.
Ce n’est pas le cas pour toutes les personnes kinky, notez bien. Certaines ne sont pas du tout intéressées, excitées, épanouies dans du cul « vanille ».
Et je ne les juge pas, évidemment !
Mais au cours de cette relation, je me suis rendue compte qu’à mes yeux, l’aspect kinky c’est plus un bonus, une cerise sur le gâteau.
L’amour que je ressens pour mon compagnon, et que je n’avais pas ressenti depuis très longtemps, ça rend notre sexualité bien plus intense que les jeux sexuels que je pouvais entretenir avec d’anciens plans cul par exemple.
Ce que je recherche dans le BDSM, c’est un abandon, une force des émotions qui me fait oublier tout le reste. Et c’est ce que j’ai la chance d’avoir trouvé, même sans coups de martinet.
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J’aime toujours les fessées, mais j’aime un peu plus les bisous, les câlins, la tendresse et l’intensité d’une peau aimée qui frémit sous mes doigts, sous ma langue.
Si on m’avait dit, il y a un an, que je serais tout à fait épanouie après un missionnaire du samedi soir, j’aurais peut-être eu du mal à le croire.
La leçon que je tire de tout ça, c’est que les choses ne sont pas toujours fixées en matière de sexualité. Les goûts, les fantasmes, les habitudes et les désirs évoluent au fil du temps, des relations et des émotions.
Alors je vais peut-être arrêter d’être catégorique sur ce qui me plaît ou me déplaît, et garder l’esprit ouvert.
Après tout, si mon mec a pu accéder à certains de mes désirs, peut-être qu’un jour je m’en découvrirai moi aussi de nouveaux !
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Les Commentaires
Mais j'y vois toujours un petit côté "si t'es content.e comme ça tant mieux, mais...."
Je sais pas si c'est très clair haha
C'est ce "tant mieux, mais.." qui me chiffonne.
Après j'entends bien que ton idée n'est pas de dénigrer les autres, c'est surtout pour rebondir sur la théorie que tu évoques et sur les implications un peu gênantes qu'elle peut présenter. Peut-être que je pinaille, haha