Encore une athlète dans le viseur des autorités sportives parce que son corps produit naturellement trop de testostérone. Aminatou Seyni, coureuse nigériane, ne pourra pas participer aux prochains Jeux olympiques de Tokyo, alors qu’elle s’était qualifiée pour l’épreuve du 200 mètres. La raison ? Son refus de prendre un traitement qui ferait baisser son taux d’hormones.
Malgré la perspective du rendez-vous olympique cet été, la sportive a fait part de son refus.
Comme plusieurs sportives avant elle, Aminatou Seyni est victime des règles de la fédération internationale d’athlétisme (IAAF) concernant l’hyperandrogénie. En effet, selon la fédération, la production naturelle de testostérone chez ces athlètes équivaut à l’usage d’un produit dopant et donc améliorerait abusivement leurs performances.
Une atteinte aux droits et à la dignité des sportives
C’est le cas de la coureuse sud-africaine Caster Semenya, une autre femme noire, qui avait mis en lumière les traitements subis par les athlètes jugées trop masculines, stigmatisées, suspectées de triches, voire d’être des hommes, soumises à des tests de féminité.
Une « violation des droits humains » selon l’ONG Human Rights Watch, qui a dénoncé la pratique d’examens médicaux forcés :
« Ces réglementations rabaissent les femmes, nourrissent un sentiment d’inadéquation et les contraignent à recourir à des interventions médicales pour participer à des sports. Le sport moderne devrait évoluer et soutenir l’inclusion et la non-discrimination plutôt que de pérenniser l’exclusion et la discrimination » rappelle Payoshni Mitra, chercheuse qui défend les athlètes sur les questions de genres.
Fin février, Caster Semenya, qui a été privée de compétitions en 2019, s’est tournée vers la Cour européenne des droits de l’homme afin de faire reconnaître une violation de ses droits.
Des restrictions aux origines racistes et sexistes
Alors que les performances sportives hors du commun de certains sportifs comme le nageur Michael Phelps, dont le corps produit naturellement moins d’acide lactique ce qui lui permet de nager davantage sans ressentir la fatigue, sont saluées et applaudies, pourquoi celles de sportives féminines et non-blanches comme Caster Semenya, comme Dutee Chand et Pinki Pramanik en Inde, Margaret Wambui au Kenya et Francine Niyonsaba au Burundi sont-elles contestées ?
Parce qu’elles produisent naturellement de la testostérone, ces athlètes sont accusées de triche.
Parce qu’elles ne correspondent pas aux standards binaires et occidentaux de ce à quoi une femme devrait ressembler selon les autorités sportives, elles sont incitées à modifier leurs corps ou empêchées de participer à des compétitions. En témoigne la longue histoire des tests de féminité dans le sport, dans lesquels un soupçon de masculinité suffit à autoriser à une pratique injustifiable.
Les décisions de l’IAAF reflètent des conceptions sexistes et racistes, mais surtout montrent que dès lors qu’une sportive ne correspond pas aux normes du masculin ou du féminin, il est toléré de remettre en cause ses performances.
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