Dans les amphis, les victimes du sexisme ne sont pas à l’abri : insultes, comportements inappropriés, harcèlement sexuel…
Dans les soirées étudiantes, c’est le même refrain : gestes déplacés et non consentis, attouchements sexuels, parfois viols…
L’enseignement supérieur souffre de problèmes sévères de sexisme : le tumblr Paye ta Fac le démontre très bien.
https://payetafac.tumblr.com/post/168014463285/les-filles-de-cet-amphi-vous-avez-pu-acc%C3%A9der-%C3%A0
Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, et Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes, ont pris des mesures pour parer à ces violences sexistes et sexuelles.
Sexisme à l’université : des affiches placardées dans les facs
D’abord, une campagne de sensibilisation sera diffusée dans les universités françaises par le biais d’affiches.
Elles dénoncent les commentaires et les actes sexistes, ainsi que les agressions sexuelles survenant dans les milieux universitaires (que ce soit dans les amphis, les soirées/week-ends d’intégration, ou encore les associations étudiantes).
Je me souviens notamment de l’enquête de Libération sur l’association UNEF, visée par des accusations d’agressions et de harcèlement d’ordre sexuel.
Intitulée « Stop aux violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur », cette campagne apparaîtra sur les mur des campus d’ici la fin du mois de mars avec un hashtag : #NeRienLaisserPasser.
Elle est accompagnée d’autres dispositifs mis en place par la ministre et la secrétaire d’État.
Accompagner les victimes et les informer de leurs droits
Désormais, « une cellule d’accueil et d’écoute » aux violences sexistes et sexuelles devra être mise en place dans chaque université de France à la rentrée 2018. Cet endroit pourra également accueillir les victimes de bizutage ou de harcèlement moral.
Cette cellule n’a pas vocation à punir les agresseurs, mais à accompagner les victimes et de leur apporter le soutien dont elles ont besoin, ainsi que des informations d’ordre juridique, et/ou médical par exemple.
Ce n’est pas une nouveauté, puisque certaines facultés en possèdent déjà, mais l’objectif sera d’appliquer ce modèle dans tous les établissements publics pour la rentrée prochaine.
Évidemment, pour que ces cellules fonctionnent correctement, le personnel devra être sensibilisé et formé pour prendre en charge les victimes en quête des conseils, d’assistance ou de renseignements.
Plus de femmes dans les sciences
La lutte contre les violences sexistes et sexuelles à l’université ne s’arrête pas à une campagne de sensibilisation.
Marlène Schiappa et Frédérique Vidal veulent également encourager les femmes à s’engager dans des filières scientifiques, qui accueillent en majorité des étudiants hommes.
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L’objectif de l’État est de compter 40% d’étudiantes dans les formations scientifiques, d’ici 2020.
…et plus de femmes dans la recherche ?
La secrétaire d’État et la ministre de l’Enseignement supérieur aspirent donc à renforcer la mixité femmes-hommes dans ces filières.
Mais au sein de l’enseignement supérieur, d’autres domaines souffrent d’une inégalité numérique entre les femmes et les hommes. La recherche notamment.
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En plus de bouder les formations en sciences, en mathématique ou en ingénierie, les étudiantes se cantonnent souvent à un Bac+3 ou Bac+5. La plupart des chercheurs sont des hommes en France, tous secteurs confondus.
Un rapport publié en mars 2017 par l’État montre qu’en 2014, les femmes ne représentent que 30% des chercheurs en France (que ce soit dans les instituons publiques ou privées).
Tu peux aller lire le résumé sur le site du gouvernement pour en apprendre un peu plus sur le sujet.
Sexisme à l’université et dans la recherche
Des observations et des études donnent plusieurs raisons à ce phénomène.
D’après les sociologues Marianne Blanchard, qui étudie les femmes dans les prépa scientifiques, Fanny Bugeja-Bloch maîtresse de conférence à Paris 10, et Marie-Paule Couto, chercheuse à Paris 8, les femmes se montrent moins enclines à se lancer dans la recherche pour pouvoir remplir le rôle de femme que leur assigne la société.
C’est-à-dire : avoir du temps pour élever les enfants et s’occuper de la famille.
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Interrogée par Marie Claire, Catherine Thinus-Blanc, psychologue à l’Université Aix- Marseille, l’explique par les discriminations et les préjugés intégrés par le corps universitaire et académique, qui freinent l’accession des femmes aux milieux de la recherche.
Selon les stéréotypes, les hommes seraient plus performants dans les carrières scientifiques telles que celles d’ingénieurs, astro-physiciens, biologistes. Tandis que les femmes ont tendance à se tourner vers des études et métiers qui nécessitent des qualités dites « féminines » : l’empathie, la sensibilité…
Rendez-vous l’an prochain pour étudier l’évolution dans les facs (même si le changement des mentalité prendra certainement plus de temps).
Et toi, que penses-tu de ces affiches bientôt dans les facultés ? Quelles mesures voudrais-tu voir déployées pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes ?
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