Le 28 mars 2019
Il y a un an, Libération révélait une effarante misogynie au sein du lycée militaire Saint-Cyr (lire ci-dessous).
En 2019, malheureusement, malgré les effets d’annonce, les sanctions promises… les choses sont peu ou prou les mêmes.
Lycée Saint-Cyr, un an après : « Finalement, rien de rien n’a changé », à lire sur Libération
Libé enquête sur le sexisme au lycée militaire Saint-Cyr
Le 23 mars 2018
Libération continue de produire un excellent travail journalistique, notamment sur le sexisme et les violences perpétrées envers les femmes.
Après l’insoutenable dossier sur les féminicides, ce « meurtre de masse », puis les révélations sur les accusations d’abus sexuels au sein de l’UNEF, le journal fait aujourd’hui la lumière sur un autre milieu…
C’est tout un dossier que Libération consacre à la misogynie régnant au lycée militaire Saint-Cyr, qui prépare aux concours d’officier de l’armée française.
À l’origine de cette enquête, il y a une lettre adressée fin 2017 à Emmanuel Macron par une élève de prépa âgée de 20 ans. Elle voulait être officière, mais son genre a fait d’elle une cible de violences.
« J’ai honte d’avoir voulu aller dans une armée qui n’est pas prête à recevoir des femmes. J’ai appris que porter un vagin ruine une carrière, une vocation, une vie. »
Sa lettre n’a pas eu l’effet escompté. Alors l’étudiante s’est tournée vers Libération
pour faire entendre sa voix.
La Secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes a réagi à l’enquête de Libération.
Lire les propos de Marlène Schiappa au sujet de la misogynie à Saint-Cyr
Libé déroule une longue description d’actes misogynes, principalement perpétrés par un noyau d’élèves, les « tradis », généralement issus de familles militaires, catholiques, et souvent très à droite.
« Bizutage » d’une élève qu’on fait mine de scalper, usage de termes dégradants pour désigner les femmes, perturbation de leur sommeil, excréments lâchés devant leurs portes, slut-shaming, menaces de mort…
Et cette autre horreur, silencieuse, celle-ci : « l’indifférence courtoise ».
« Cet usage qui consiste à ne jamais adresser la parole aux filles. Jamais, au point de ne pas transmettre les consignes du commandement ou à les prévenir des contrôles scolaires. Et donc à les pénaliser dans leurs études. »
Ces témoignages font état d’une volonté affichée et revendiquée d’exclure les femmes.
Pour les « tradis », celles qu’ils appellent les « grosses » (« parce qu’elles sont juste bonnes à être engrossées ») n’ont rien à faire hors du foyer. Le but est de les expulser, de les mener à abandonner leur envie de rejoindre l’armée.
Tragiquement, ça marche. À force de harcèlement, bien des élèves craquent et quittent ce milieu qui les rejette avec tant d’hostilité…
L’enquête de Libération est très complète. Voici ce que vous pouvez d’ores et déjà lire, en plus de l’article ci-dessus.
L’enquête de Libération sur le lycée militaire Saint-Cyr
- « J’étais un bourreau » : la confession d’un tradi repenti
- L’enquête de Libé sème le désordre dans les rangs
- Enquête sur le sexisme au lycée de Saint-Cyr : « Le problème est réel… des mesures sont mises en œuvre », assure Florence Parly
- Claude Weber : « La question du maintien des classes prépa militaires se pose »
Clémence Bodoc, rédactrice en chef de madmoiZelle, a écrit une lettre ouverte au Président de la République, en sa qualité de chef des armées (le lycée militaire de Saint-Cyr dépend du Ministère de la Défense).
Lettre ouverte à Emmanuel Macron, chef des armées : quelles valeurs l’armée française est-elle censée incarner ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
A côté de ça, l'attitude de l'université est plutôt étrange. Ils n'ont pas pensé une seule seconde que leur attitude serait relayée dans l'article, montrant au grand jour leur complicité ? C'est comme se balader avec une pancarte géante disant «JE SUIS COMPLICE ET JE VEUX FAIRE TAIRE LES GÊNEURS».