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Société

À Valence, les lycéennes sanctionnées pour la longueur de leur jupe

Pas facile de rentrer dans le lycée Émile Loubet de Valence : au portail, la tenue des lycéen•nes serait contrôlée. Jupe trop courte ? Jeans troués ? On ne passe pas !

Récemment, on réfléchissait aux mesures qu’on pourrait mettre en place pour améliorer le lycée public.

L’enseignement public est censé être porteur des valeurs de la République : il se doit d’être moderne, irréprochable et de donner sa chance à tout•es.

Alors quand, dans un lycée public, les filles sont sanctionnées pour la longueur de leur jupe ou leur short, on a tendance à grincer des dents.

C’est à Valence, au lycée public Émile Loubet, que l’histoire se déroule. Plusieurs filles ont été sanctionnées pour la supposée indécence de leur tenue. Les lycéen•es ont décidé de réagir face à ce règlement drastique.

La direction du lycée Émile Loubet dit halte aux jupes

Tout a commencé avec le tweet d’Emma, lycéenne, partagé 12 000 fois. Elle montre en photo la tenue qui a été jugée inappropriée par la direction.

https://twitter.com/jumcileta/status/844873276774105088

Le principe : si, debout, vos doigts dépassent l’ourlet de votre jupe, c’est qu’elle est trop courte.

Par la suite, on apprend pêle-mêle par plusieurs élèves que la direction se posterait carrément à l’entrée de l’établissement pour contrôler les tenues des lycéen•nes, et même leur maquillage. Les jeans troués ne passent pas non plus, donc les mesures peuvent aussi toucher les garçons.

Libération révèle que ce petit manège durerait depuis plusieurs années, selon les témoignages d’élèves.

https://twitter.com/Emma_NLSN/status/847009044682461184

Et ce n’est pas tout : en plus d’un contrôle minutieux des tenues le matin, des affiches sont même placardées dans le lycée pour mettre en garde ses occupant•es. Affiches qui seront décollées, suite au tollé provoqué sur les réseaux sociaux.

annonce-sexisme-valence

Les élèves se mobilisent contre les règles sexistes

Si ces oppressions durent depuis plusieurs années, c’est la goutte d’eau pour les lycéen•nes d’Émile Loubet.

Une membre de l’association féministe Section Rosa, Norden Gail, est contactée par les élèves, qui lui demandent de les aider à protester. La mobilisation se forme, composée d’élèves, de parents mais aussi ancien•nes élèves.

Une manifestation est prévue pour le mardi 4 avril, et les militant•es s’organisent sur Facebook

.

evenement-facebook-emile-loubet

En plus de cette mobilisation, les lycéen•nes proposent de venir tous les jours habillé•es en jupe, short et jean troué jusqu’à l’abandon des mesures.

Quand à Norden Gail, qui avait tweeté sur ces mesures, elle a déjà dû bloquer son compte Twitter face au flot d’injures sexistes qu’elle recevait. Eh oui, visiblement, qu’on interdise à des filles de s’habiller comme elles veulent, ça fait carrément PLAISIR à des gens.

big-precis-harcelement-en-ligne-sexisme

Le dress-code sexiste, un comportement dangereux à plusieurs niveaux

Le fond du problème est très bien expliqué sur la page Facebook de l’événement : ces méthodes ne nuisent pas seulement à la liberté des filles, elles remettent en cause leur perception d’elles-mêmes.

« Attacher l’accès à l’éducation à la liberté de se vêtir ; sexualiser des adolescentes et leur faire avoir honte de leur corps qu’elles devraient cacher ; légitimer, à l’entrée d’un établissement scolaire, le harcèlement de rue, en appliquant devant des adolescent.e.s des distinctions aux filles selon la façon dont elles sont habillées…

Ces comportements et les sanctions infligées aux étudiantes sont scandaleuses. »

Si on se fait incendier par le personnel de notre lycée parce que notre jupe est trop courte, sera-t-on ensuite étonné•es de voir d’autres gens faire de même dans la rue ? Non. Et c’est ainsi que le harcèlement de rue devient une épuisante banalité.

Sans compter que sanctionner une jupe ou un short trop court sous-entend une prétendue obscénité de la tenue. De fait, les filles sont hyper-sexualisées à un âge où elles sont en pleine croissance, et où elles n’ont vraiment pas besoin de ça.

En seconde, j’ai une amie qui a fondu en larmes juste parce que sa tante lui a fait remarquer que ses seins poussaient. Je n’imagine même pas comment elle aurait réagi si on lui avait accusée de trop montrer ses jambes.

À lire aussi : La puberté « précoce » et sa ribambelle d’inconvénients

Le sexisme n’est plus la norme

À la rédac, on est tristes mais pas très surprises par cette histoire.

En fait, on est nombreuses à avoir des histoires de dress-code abusif à raconter. En cinquième (donc à DOUZE ans), la CPE de mon collège est venue jusque dans la cour pour me sommer de tirer sur mon tee-shirt parce qu’on voyait un peu mon ventre.

Sauf qu’à l’époque, ça m’avait juste fait ronchonner. Parce que je suis comme ça, je ronchonne. Pas parce que je considérais cet ordre comme sexiste et abusif.

Que les élèves aient aujourd’hui conscience que ces ordres ne sont pas légitimes, ça veut dire que la société évolue.

Le scandale que ce règlement a provoqué est déjà la preuve qu’on avance doucement… À coup de protestations, malheureusement.

Et toi, t’a-t-on déjà dit que ta tenue était « indécente » ? Que les vêtements que tu portais ne convenaient pas à la bienséance ? Viens nous raconter !

Explique-nous…

  • En quelle classe tu étais quand c’est arrivé, et dans quelle type d’établissement (primaire, collège, lycée…)
  • Qui t’a dit que ta tenue était inconvenable et quelles raisons ont été avancées
  • Si tu as dû en changer de suite
  • Comment tu t’es sentie
  • Si tes camarades ont réagi, ce qu’ils en ont pensé
  • Ce que tu en penses avec le recul, et maintenant que cela prend de telles proportions à Valence

Envoie ton témoignage à jaifaitca(at)madmoizelle.com avec « tenue » en objet. N’hésite pas à préciser ton âge et si tu veux être anonyme !

À lire aussi : La culture du viol et le sexisme se portent (toujours) bien dans nos écoles


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

66
Avatar de Charlie-Culotte
6 avril 2017 à 20h04
Charlie-Culotte
@Charlie-Culotte Je te sens agressive dans tes propos.
Je demande à savoir où est la vérité et je ne défends pas particulièrement la directrice. Il est très possible qu'elle se défende dès que ça fait grande polémique comme tu le dis. Mais quand je vois l'article, je me dis que c'est fortement possible que certain(e)s aussi se régalent de cette polémique et en rajoutent à leur sauce, comme la presse à scandale!
Cela me laisse davantage une grosse interrogation quand une partie dit blanc et l'autre dit noir, et dans ce doute-la, je ne prends pas parti comme fait Madmoizelle, je m'interroge davantage sur ce qui s'est réellement dit/passé.
Je pense que ce n'est pas local en plus, on entend assez régulièrement des affaires où des écoles font polémique sur le côté vestimentaire des ados, je me souviens encore des histoires de jupe trop longues pour les filles pratiquantes il y a 2-3 ans, on disait que c'était de la provocation religieuse, je ne pense que ça se situait au même endroit. Moi-même j'ai connu une période de contrôle des vêtements comme je le disais plus tôt, mais c'était en région parisienne. Donc on ne peut pas dire que ce soit local.

Je suis désolée si je t'ai parue agressive, ce n'était pas mon intention et je ne me sentais pas énervée juste investie dans mes propos Je voulais simplement faire comprendre que les propos publics d'une personne qui a plus à gagner à nier qu'à admettre ses torts sont à prendre avec des (grosses) pincettes. Et je me doute bien que ce n'est pas un problème juste local (cf. le récent article sur le sujet et les témoignages des madmoiZelles), je voulais dire que j'ai déjà été témoin ou victime de ce genre de discriminations à quelques centaines de mètres de l'établissement en cause ici. La ville est assez petite à l'échelle d'un milieu professionnel, les gens se côtoient forcément et les pratiques peuvent s'échanger…
Pour ce qui est de l'exagération, même si éventuellement il y en avait qui en profitait pour faire le buzz, pour moi ça n'a pas beaucoup d'importance. Sur des questions sensibles et difficiles à prouver clairement telles que celles-ci, c'est parfois difficile de faire ressortir la capacité de destruction de l'estime de soi et de la confiance d'une personne des remarques adressées aux jeunes filles. Alors même si elles en rajoutaient un tout petit peu, ça a la même valeur à mon regard. Il n'y a qu'à voir les témoignages de plein de filles dans d'autres villes qui ressortent à cette occasion, parce que comme tu dis ce n'est pas un problème local.
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