« Il a commencé à faire de la drague assez lourde, puis, il a eu des gestes déplacés, offensants. J’ai le souvenir qu’il m’a pris par la taille, la main sur les hanches, effleuré les fesses, etc… »
Dans son témoignage accordé à France Info, Sophie Tissier décrit les gestes qu’auraient eus à son égard en 2014 Eric Coquerel, figure de la France Insoumise, et tout récemment élu président de la commission des Finances.
Au moment de cette élection ce jeudi 30 juin, la journaliste et militante Rokhaya Diallo a évoqué au micro de RTL les cas de plusieurs femmes qui auraient subi des comportements problématiques de la part du parlementaire.
« J’ai plusieurs sources au sein de LFI, j’ai entendu plusieurs fois des femmes parler des comportements qu’il aurait avec les femmes », a-t-elle affirmé pour expliquer sa surprise face au choix de placer Eric Coquerel dans la course à la présidence de la commission. Elle a fait aussi part de son profond étonnement sur le silence du parti, alors même que Taha Bouhafs s’était rapidement retiré des élections législatives après les accusations de violences sexuelles portées contre lui en mai dernier.
Si les propos de Rokhaya Diallo sont récents, on trouve d’autres traces de témoignages, notamment dans un article sur le sexisme au sein de La France Insoumise daté de décembre 2018 publié dans Causette, où Eric Coquerel n’est pas cité nommément, mais où deux femmes témoignent de dragues très insistantes.
L’une d’elles est justement… Sophie Tissier, cette ancienne Gilet Jaune qui a finalement saisi le comité de suivi contre les violences sexuelles de La France insoumise durant le week-end et a porté plainte ce lundi 4 juillet pour harcèlement sexuel :
De son côté, Eric Coquerel s’est fendu d’une tribune publiée dans le JDD pour clamer qu’il n’a « jamais exercé une violence ou une contrainte physique ou psychique pour obtenir un rapport, ce qui caractérise la porte d’entrée d’un comportement délictuel dans le domaine des violences sexistes et sexuelles ».
La présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale Mathilde Panot lui a apporté son soutien, ainsi que Jean-Luc Mélenchon, qui s’est déclaré « écœuré par les attaques contre Éric Coquerel ».
LFI face aux cas de violences sexistes et sexuelles
Cela ne fait aucun doute : le cas d’Eric Coquerel secoue LFI et questionne en profondeur sa gestion interne des cas de violences sexistes et sexuelles. Plusieurs féministes engagées s’interrogent sur Mediapart : comment agir en l’absence de récits directs pour caractériser les comportements du député ?
Interrogée sur France Info la députée Sandrine Rousseau, qui fut l’une des témoins dans l’affaire Baupin en 2016, a maintenu une distinction entre Eric Coquerel, et un autre cas d’accusations de violences sexistes et sexuelles, celui de Damien Abad : « On n’écarte pas les gens uniquement sur la base de rumeurs dont on ne sait rien de rien. »
Ce matin sur RTL, Rokhaya Diallo a tenu à rappeler qu’elle avait évoqué des « témoignages anonymes » dans une démarche de protection des sources, et non cherché à répandre des rumeurs.
C’est justement sur ce terme de rumeurs qu’a rebondi la comédienne et militante Marie Coquille-Chambel sur son blog Mediapart : « La portée politique des rumeurs, c’est la protection informelle des femmes entre elles. Parce que nous n’avons que ça, face à une justice défaillante. Quelle image renvoyons-nous politiquement et publiquement aux victimes de violences sexuelles lorsque tout un groupe politique se met à défendre une personne accusée ? »
La militante Caroline de Haas regrette quant à elle que LFI n’ait pas réagi plus tôt, par exemple au moment de la publication de l’article de Causette.
L’affaire Eric Coquerel va-t-elle permettre au parti d’amorcer une remise en question profonde sur la façon dont il doit faire face aux cas de violences sexistes et sexuelles ?
À lire aussi : Qui veut faire taire le mouvement #MeTooPolitique ?
Crédit photo : Drutchy2017, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
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Les Commentaires
Je viens d'écouter l'interview de Panot par ADM. Effectivement, elle parle de volonté des victimes de taire l'affaire, mais elle avoue aussi à demi mot qu'elles, Autain et Panot, ont suggéré à TB d'invoquer le racisme, c'est quand même assez problématique de mon point de vue car ça reste une instrumentalisation d'une affaire de violences sexuelles à des fins politiciennes.
edit : décitation