Mise à jour du 13 mai 2016 à 15h30 — J’ai pu contacter Swan Neptune, alias Lou, 18 ans et étudiante en anthropologie, pour avoir quelques informations sur sa vidéo.
Qu’est-ce qui t’a motivée à faire cette vidéo ?
« En fait, ce que je raconte au début de la vidéo est effectivement un truc qui s’est passé un matin. J’ai reçu un colis, posté des photos… et reçu pleins de commentaires dont certains je n’oserais même pas répéter. Des choses du genre : « vas-y montre tes seins, bébé ».
Ça m’a fait comme un électrochoc. J’avais déjà eu des commentaires de ce genre mais ça a été la goutte d’eau en trop. D’habitude je réponds à ces commentaires en essayant de faire de la pédagogie, j’explique c’est mal, que ce n’est pas respectueux…
Mais là j’ai vraiment ressenti le besoin d’en parler, d’expulser tout ça et d’attirer l’attention sur ce sujet, pour faire comprendre que ce n’est pas normal. »
Comment tu as eu l’idée de faire la vidéo sous ce format ?
« J’avais réfléchi un peu à ce que je voulais dire dans la vidéo, mais j’ai tout tourné en une prise, sans scénario très précis et écrit. D’ailleurs, j’ai suivi mon inspiration pour finir la vidéo avec un vrai message.
C’était en partie de l’improvisation, même si j’avais vraiment envie d’intégrer mon expérience personnelle avec les tweets et aussi les autres discriminations qui touchent les femmes. »
Est-ce que tu te souviens de la première fois que tu as vécu une discrimination ?
« Oui. J’étais encore au collège. À mon arrivée le matin, la directrice m’a interpellée et m’a dit qu’il était hors de question que j’aille en classe « habillée comme ça » (j’étais en short avec des collants noirs en-dessous). Elle m’a laissée entrer à contre-coeur en me disant de ne plus m’habiller de la sorte.
Je l’ai vraiment vécu comme une injustice parce que je n’avais vraiment pas l’impression que son comportement soit justifié et que je méritais une réprimande. Et au final, ma vidéo ne parle que d’une seule discrimination, alors qu’il en existe tellement : je pense aux discriminations qui touchent la communauté LGBT, ou les personnes en fonction de leur couleur de peau, et ainsi de suite.
Pour moi, ce n’est pas normal et il faut le dire. »
Le 13 mai 2016 à 12h : Swan Neptune est une Youtubeuse touche-à-tout, dont les vidéos abordent des thématiques variées : des questions culturelles et sociétales, aux tutos beauté, en passant par le monde de la musique et du cinéma…
Mais Swan Neptune est aussi une fille. Je te vois venir à des kilomètres avec ta valise de sarcasmes prête à exploser… Mais ce n’est pourtant pas anodin d’être une fille, en tout cas pas selon Swan Neptune, qui a publié hier sa nouvelle vidéo « C’est normal, je suis une fille ». Et cette vidéo est brillante.
https://youtu.be/omurAlbkZcE
Qu’est-ce que ça donne une journée ordinaire de fille ? Si tu en es une, tu connais déjà la réponse. Si tu n’en es pas une, je t’invite à regarder attentivement la vidéo.
Au début, ce n’est pas trop mal, pour Swan Neptune, la journée est pleine de possibilités. Et puis, au fur et à mesure, des « petites remarques » et des « attitudes gênantes » viennent dégrader cette journée
qui avait pourtant bien commencé.
Tout le sexisme ordinaire illustré en quelques minutes — qui n’est « ordinaire » que parce qu’il est quotidiennement répété. Mircea Austen l’avait décrit à sa façon dans son témoignage Ce monde sexiste m’épuise.
Sans accuser personne, la Youtubeuse parle avec beaucoup de justesse de ces petits riens qui, mis bout à bout, pourrissent le quotidien et donc la vie de la plupart des femmes.
C’est un peu comme si être une fille était une fatalité.
Le plus pernicieux dans tout ça, c’est que le sexisme ordinaire est si présent, et parfois si subtile que certaines personnes finissent par s’appliquer, tel un précepte, la formule « c’est normal, je suis une fille », un peu comme si c’était une fatalité.
Swan Neptune mentionne aussi plusieurs chiffres pour appuyer son propos. Voici les plus récents : en 2015 selon les chiffres du gouvernement, l’écart de salaire entre les hommes et les femmes a été de 19,2%. 84 000 femmes sont également victimes de viol ou de tentative de viol chaque année et dans 90% des cas, la femme connaît son agresseur.
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En filigrane, la Youtubeuse le dit très bien : être victime de discriminations et de violences parce qu’on est une fille, ce n’est pas normal. D’ailleurs, être victime de discriminations à cause de son genre, de sa couleur de peau, de son orientation sexuelle ou pour tout autre motif, ce n’est pas normal.
(merci à @JunkieCramzy sur Twitter pour l’info !)
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
J'oscille constamment entre "Non, je peux pas mettre ça, je vais encore me prendre des remarques." et "Merde, c'est ma vie, je m'habille comme je veux aujourd'hui."