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Sexe x minceur : l’énième étude qui nous les brise

Une étude nous donne des idées de positions sexuelles pour maigrir. Mais attendez : c’est pas un peu relou, d’allier culte de la minceur et sexualité ?

Mise à jour le 10 juillet 2013 –  Vincent Glad nous a cité dans son dernier article pour Slate, Comment la presse nous fait avaler n’importe quoi. Un article intéressant sur la reprise d’une information fausse sans vraie vérification, le traitement journalistique, l’info qui buzze à tout prix et la course aux clics. Allez le lire, son décryptage est bigrement intéressant.

madmoiZelle y est citée, parce qu’effectivement, je n’avais pas pris le temps de me pencher sur la véracité de la dite étude pour me concentrer sur les expertises qui essaient de nous dicter notre façon de faire du cul (d’ailleurs, merci à lui d’avoir relevé le fait que nous prenons du recul sur cette histoire, ça fait plaisir).

Mise à jour et précisions, un peu plus tard le 4 juillet – Suite à un tweet de Vincent Glad, je dois bien reconnaître que l’étude est citée depuis de longues années. Existe-t-elle vraiment ? On peut très largement en douter. Mais la voir reprise au premier degré sur de nombreux médias fait tout autant rager.

Le 4 juillet à 12h43 J’ai l’impression que c’est un running gag, qu’il ne se passe pas six mois avant qu’on nous ressorte une étude soi-disant révolutionnaire faisant le lien entre faire du sexe et perdre du poids. Je lance donc une alerte-relou de la plus haute importance.

Depuis quelques jours tourne sur Internet une étude décrite comme récente : elle aurait été faite sur 200 femmes volontaires et dirigée par une certaine Ingrid Fleischer. En 2006, cette docteure à l’université d’Hambourg aurait par ailleurs publié un livre, Secret de beauté : les milles et une vertus du sexe, introuvable sur l’Internet.

On y apprend cette fois-ci qu’en cas de désir de maigrir, il vaut mieux se tourner vers le sexe debout, qui fait perdre jusqu’à 600 calories. Viennent ensuite l’andromaque (à 300 calories perdues) et le missionnaire (à raison de 200 calories).

Mieux encore, on nous incite à avaler la semence du mâle (si on est en couple avec un homme puisque rien n’est dit sur le léchage de cyprine) : selon l’étude, « Les femmes pratiquant la fellation et qui avalent le sperme de leurs compagnons réussissent à maigrir jusqu’à deux fois plus vite que les autres

». Le sperme, coupe-faim de l’an 2000, youhou, la fête. 

Quitte à faire les choses, autant les faire bien : pour un maximum d’effet, mettons-nous contre un mur pour forniquer sur la pointe des pieds, un verre de sperme posé juste à côté pour nous désaltérer. Les plus souples pourront, avec un peu d’entraînement, tenir sur une jambe et mettre l’autre derrière la tête. À la cool.

Typiquement le genre d’études qui me donne envie de m’arracher ma moitié des cheveux et de les manger après en hurlant de rage.

Allier l’utile à l’agréable ? JAMAIS.

Bien sûr, pour défendre ce genre d’études, on nous dira probablement que ce ne sont que des conseils pour allier l’utile à l’agréable, mais quel « utile » ? Pourquoi inciter à la performance sexuelle en comparant le frotti-frotta au sport ? Économisez un jogging, suçotez des pines, qu’ils ont l’air de dire. D’ailleurs, en parlant de performance, voici un message de Brigitte Lebuysson. On se retrouve après.

Garçons, filles de tous milieux et de tout horizon, parlons performances sexuelles : est-ce que vous vous sentez forcé-e-s, par vous-même ou par d’autres, à être toujours plus performant-e-s ? Est-ce que c’est important pour vous de vous améliorer ? Et si oui, comment ça se traduit, pour vous (que ce soit une question de durée, de nombre de partenaires, de positions, de litre de sueurs qui vous coulent dans le dos) ? D’où ça vous vient, selon vous, et est-ce que ça n’aurait pas tendance à vous gâcher le plaisir ? Ou bien est-ce qu’au contraire, ça vous amène à toujours essayer de faire mieux ?

Si vous souhaitez témoigner, envoyez-moi donc un mail à brigitte[a]madmoizelle.com !

Pourquoi faudrait-il toujours décider que se muscler et maigrir est quelque chose d’important, pourquoi est-ce qu’on ne pourrait pas nous laisser une seule porte de sortie pour oublier les images de femmes aux mensurations incroyables qu’on voit à longueur de journée ?

Parce qu’entre le tag thinspiration de personnes qui ne peuvent pas s’empêcher de partager tous les efforts qu’elles font pour se galber, les conseils pour perdre 3kgs avant la plage, etc., je pense qu’on a déjà notre dose. Laissez-nous tranquille, scientifiques fictifs, ou gens des médias qui nous incitent à réfléchir de cette façon. Laissez-nous au moins le cul.

Le sexe rentable

Pour le coup, j’en ai marre : j’ai l’impression qu’on essaie de salir le sexe, de lui coller tout ce qu’on essaie déjà de coller à notre mode de vie, à savoir la rentabilisation de chaque instant. C’est un filon qui fonctionne, qui fait du clic et il y a même eu des bouquins publiés sur le sujet, avec des images drôles et sexy. En effet, le sexe, c’est drôle et sexy. Le sexe réfléchi de cette façon, bon. Ça l’est moins.

C’est assez lassant de voir qu’on essaie de nous mettre dans la tête que le plus grand moment de partage (qu’on soit amoureuses du/de la partenaire ou pas, d’ailleurs) et d’abandon doit se rationaliser en terme de calories.

Une bonne fois pour toutes, non, tout ne doit pas être question de rentabilité. Il y a des choses qu’on fait parce qu’on en a envie, parce qu’elles nous font du bien, sans rien en attendre de plus. Et se faire du bien, c’est ce qu’il y a de plus cool au monde. Point.

Mais le fait que des scientifiques (ou des internautes qui s’improvisent comme tels) prennent le temps de se pencher sur la question du calcul de calories brûlées par l’acte sexuel peut amener les sex positives à se questionner : existe-t-il un meilleur moyen de prouver la pression qui repose sur les épaules des femmes quant à leur apparence et leur poids ?

Prenez du plaisir, fézé-vous des bisous, avalez si vous voulez, faites les positions que vous souhaitez et surtout, foutez-vous de la pression qu’on nous dépose — consciemment ou pas — sur les épaules. Mais ça, on espère fort que vous le savez déjà ou que vous le faites inconsciemment.


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

21
Avatar de Mobicarte
25 août 2014 à 15h08
Mobicarte
C'est rigolo, il y a deux ans, je suis tombée sur un magazine féminin qui donnait des conseils pour perdre du poids en faisant l'amour. Et ma réaction -qui d'ailleurs est la même aujourd'hui- a été de dire:

"Mais? Mais? Ils pensent que les femmes elles prennent pas de plaisir au lit? Qu'il faut leur donner une bonne raison pour qu'elles daignent écarter les cuisses??? :o Mais, c'est super sexiste!!!"
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