Sommes-nous des mammifères comme les autres ? Pas franchement. Même comme primates, on se distingue… station debout, taille du cerveau et sexualité sont les principales spécificités des humains.
Le bouquin du biologiste Jared Diamond, Pourquoi l’amour est un plaisir (éditions Folio Essais) s’attache particulièrement à ce dernier point : pourquoi notre sexualité est, du point de vue d’un chien ou d’un chimpanzé, si bizarre. Voici quelques fun facts à prendre avec des pincettes (la science, ça évolue) mais qui permettent définitivement de briller en soirée.
– Les femmes s’occupent-elles toujours des petits ?
Le plus souvent mais pas forcément. Chez les hippocampes ou certains crapauds, ce sont les mâles qui portent les bébés. Certains oiseaux mâles s’occupent de couver les oeufs. A peu près tous les cas de figure sont possibles, de la mère indigne et régnant sur un harem de mâles, jusqu’aux gorilles qui n’hésitent pas à tuer les rejetons d’une femelle qui aurait eu ses petits d’un autre père.
– Les hommes peuvent-ils donner le sein ?
Oui. (Je sais, ça peut faire un choc.) De nombreux mammifères mâles, dont certains hommes, peuvent voir leurs seins grossir et produire du lait si on leur donne les hormones appropriées… ou même sans hormones. Jared Diamond dit : « la lactation est du domaine des possibilités physiologiques de l’homme ». Il donne l’exemple notamment de milliers de prisonniers de camps de concentration, reprenant du poids après une sous-alimentation sévère, se mettant spontanément à avoir des seins et du lait.
– Pourquoi est-ce dangereux de faire l’amour ?
Du point de vue de l’évolution, notre manie de forniquer à tout bout de champ est une aberration. Le sexe met à la merci de ses ennemis, gaspille de l’énergie inutile (ce n’est pas comme si on pouvait être fécondées à tout bout de champ), gaspille aussi du temps qui aurait pu être utilisé à trouver de la nourriture. Tant d’efforts peut tuer les individus les plus vieux ou fragiles. Pour accéder au sexe ou dans le cas d’infidélité, les mâles sont parfois obligés de se battre, ce qui blesse des individus (y compris les femelles). Bref, le sexe, c’est nul.
– Pourquoi les femmes n’affichent-elles pas leur ovulation ?
Alors qu’il serait si simple de le signaler avec un derrière rouge fluo comme les babouins. Ici, l’auteur offre plusieurs théories avant de choisir, mais sans certitude, celle du « papa à la maison ». Les femmes sont tout le temps réceptives sexuellement, y compris pendant la grossesse ou la ménopause, parce que ça permet de garder l’homme près de soi : lui est sûr de sa paternité, du coup il participe aux soins des enfants, qui ont donc plus de chances de survivre.
– Pourquoi a-t-on une ménopause ?
La ménopause est un phénomène très exceptionnel dans le règne animal. Alors pourquoi ne peut-on pas procréer jusqu’à 90 ans ? Déjà parce qu’on est trop vieilles et qu’on risquerait de mourir en couches, mais notre bien-être est le cadet des soucis de l’évolution (sinon vous pensez bien qu’on aurait des tampax intégrés). Le problème, c’est que si on meurt en accouchant, on cesse de s’occuper des enfants déjà nés. En gros, en ayant moins de bébés, on a la chance de voir survivre ceux qui sont déjà nés, ce qui à terme est plus bénéfique que de mettre au monde quelques individus supplémentaires. Enfin, l’humanité a besoin de personnes vieilles pour garder en mémoire les informations essentielles de la tribu : les dangers, la médecine, les nourritures comestibles, etc. Il faut donc garder les femmes âgées en vie à tout prix (d’autant qu’elles s’occupent des petits-enfants et qu’elles assurent une grosse part du boulot nourricier).
– Pourquoi reconnaît-on surtout la beauté au visage ?
Parce que le visage est la partie la plus sensible au vieillissement, aux maladies et aux blessures. « Dans les société traditionnelles, un individu au visage déformé ou couvert de cicatrices signale de fait sa sensibilité aux infections défigurantes, ou son incapacité de se soigner, ou la présence de vers parasites. Un beau visage était donc un gage de bonne santé, avec lequel on ne pouvait pas tricher avant la chirurgie esthétique du XXe siècle. »
– Pourquoi ai-je du gras aux fesses ?
Afin de renseigner les mâles sur ma capacité à enfanter : je dois être assez grosse pour allaiter et assez mince pour éviter le diabète et les problèmes de déplacement. Bien sûr, le gras pourrait être uniformément réparti, mais si on prenait dans les bras et les jambes, ça nous gênerait pour marcher. Et pourquoi on ne grossit pas du dos, alors ? Parce que des gros seins font croire qu’on allaitera comme des déesses du lait (alors que le gras n’a rien à voir avec la quantité de lait produite), et parce que des grosses hanches font croire qu’on aura le bassin assez large pour accoucher sans problème (alors que la largeur des hanches n’est pas celle du bassin). C’est donc du bluff.
– Les hommes ont-ils un gros pénis ?
Les gorilles ont une érection de 3cm, les orang-outans de 4cm, et les hommes de 13cm. Alors que ces singes sont plus grands que nous. Donc même quand vous vous moquez de votre pine d’huître la plus proche, il faut savoir qu’en terme d’évolution, ce mec en a une énorme.
– Mais pourquoi donc ?
Alors non, ce gros pénis ne sert pas à faire des galipettes de ouf (les orang-outans nous battent) ou des accouplements plus longs (ces mêmes orang-outans durent en moyenne 15 minutes, contre 4 pour nous). En fait, c’est un signal. D’après Jared Diamond, il s’agit pour l’homme de se vanter : « Je suis déjà si intelligent et supérieur que je n’ai pas besoin de développer mon cerveau, mais je peux au contraire me permettre le handicap d’agrandir inutilement mon pénis. » La taille aurait pu foncer sans fin dans la surenchère, mais à un moment, la taille des vagins a limité le coup de frime. Un pénis tellement gros qu’on ne peut plus tenir dans une femme, ça ne fonctionnerait pas non plus !
– A quoi servent les hommes ?
De l’aveu de l’auteur, les anthropologues se posent sérieusement la question. L’apport calorique collecté par les chasseurs de mammouth est inférieur à ce que les femmes pouvaient chasser et cueillir de leur côté, leurs patrouilles laissaient paradoxalement les femmes et les enfants sans défense, aujourd’hui encore beaucoup d’hommes abandonnent leur progéniture, ou s’en occupent mal (il suffit de comparer qui s’occupe des taches ménagères en plus d’avoir un boulot à plein temps). Du point de vue de l’évolution, le bilan n’est pas brillant pour les mecs. On en déduira donc (et là c’est moi qui parle, pas l’auteur) que les garçons sont là pour faire joli. Avec leurs fesses et tout.
— Pourquoi l’amour est un plaisir (Jared Diamond – éd. Folio Essais)
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