Quand on étudie le cinéma, ou qu’on écrit sur le cinéma, ou tout simplement qu’on s’intéresse au cinéma comme à quelque chose de plus qu’un divertissement, oserais-je dire comme à un art (septième du nom), on a tendance à oublier qu’il s’agit, aussi (surtout ?), d’une machine à sou. Heureusement, des films comme Sex and the City (1 et 2) viennent nous le rappeler. Mais cela les rend ils inintéressants pour autant ? Ne peut-on pas trouver matière à réflexion dans toute oeuvre ? Les films adaptés de la série Sex and the City sont d’autant plus intrigants que tout le monde s’accorde à dire qu’ils sont plutôt mauvais et pourtant ils sont toujours très attendus.
Tout d’abord, dans Sex and the City 2 y a Sex and the City. Si l’on a envie de voir les films, c’est surtout parce que quand la série s’est arrêtée, elle a laissée un grand vide dans nos coeurs esseulés. Les quatre copines sont devenues les nôtres, on veut avoir des nouvelles, savoir ce qu’elles sont devenues. Et c’est là où le premier opus avait échoué, les quatre “New York gals” n’étaient pas au rendez-vous et s’étaient fait remplacées par des sosies plan-plan et sans intérêt.
Cette fois, on retrouve les personnages qu’on aime tant : Samantha s’est réconciliée avec son botox et sa sexualité débridée, Miranda est débordée au travail, Charlotte a beau être officiellement juive, elle n’a pas perdu sa capacité à ignorer l’éléphant dans la pièce et Carrie, a toujours des petits problèmes à vivre ses relations sans créer de drame. Oubliées les coquilles vides du premier Sex and the City, on retrouve les créations HBO.
Et pendant tout le début du film, on croit même retrouver la série telle qu’on l’avait laissée, comme si le premier film n’avait été qu’un mauvais rêve. On retrouve la tonalité drôle et parfois grinçante, le jeu avec les clichés et les stéréotypes, l’humour railleur qui sait se moquer des héroïnes. Certaines scènes sont mémorables et toute la séquence du mariage est tout simplement géniale, mention spéciale pour Liza Minelli, bluffante.
Nostalgie, quand tu nous tiens…
Le voyage à Abou Dabi arrive alors comme un cheveu sur la soupe de rires qu’était la première partie du film. Le film cherche à nous éblouir en fournissant des efforts ridicules et grossiers. L’étalage de richesse et de luxe est bien lourd, toute cette partie manque de distance et de regard critique.
Sans compter que les tenues orientalisantes des filles sont grotesques, l’apogée étant le plan des quatre protagonistes sur une dune dont la ressemblance avec Priscilla, reine du désert est troublante. Alors que l’intention était de mettre en scène le choc des cultures, qui aurait aussi pu être l’occasion de se moquer du sentiment de supériorité des occidentaux, façon OSS 117 : Le Caire, nid d’espion, mais qui s’avère finalement être une avalanche de clichés sur la société émirati qui sonnent incroyablement faux. Et même lorsqu’on cherche à nous montrer un autre Abou Dabi, celui des fashonistas sous les niqabs, on n’est pas convaincues.
Mais le vrai problème, c’est la construction narrative de cette partie, suite de points d’intrigue qui ne débouchent jamais sur rien : l’arrestation de Samantha, la perte de passeport de Carrie, tout se résout sur le moment. Ce qui est dommage c’est que la partie New-Yorkaise du film est excellente et Michael Patrick King est vraiment passé à côté de ce que l’on voulait vraiment voir : la rencontre des filles dans les années 80, qui nous avait d’ailleurs été promise par les photos de tournage.
Finalement tous les points vraiment intéressants, les années 80, la difficulté d’être mère et d’avoir une carrière, comment vivre en couple, sont expédiés et rapidement mis de côté pour faire place à un film de vacances (un peu) amélioré.
La série des films Sex and the City est en progrès mais les scénarios restent encore faibles, peut-être que quand Michael Patrick King arrêtera de se faire produire par des offices de tourisme, il réussira à être à la hauteur de la série télé ?
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