Hitomi Kanehara est une écrivain autodidacte qui vient de remporter le prix Akutagawa, son livre s’est déjà vendu à plus de deux millions d’exemplaires au Japon… Lolita Pille nippone ?
em>Nouveau Roman d’une nouvelle auteure « enfant terrible »… Une couverture par Trevor Brown, le récit d’une jeune adulte rebelle qui flirte avec le sado-masochisme… J’avoue qu’au début j’ai hésité… J’avais peur du cliché, du Ryû Murakami édulcoré…
Et finalement je n’ai pas été déçue… ou presque.
« Dès l’instant où mes yeux se sont posés sur la langue d’Ama, j’ai senti un frisson en moi, comme si toutes mes valeurs morales commençaient à s’écrouler… »
Lui Nakazawa est une jeune adulte japonaise, plutôt Kogal, souvent cataloguée de poupée Barbie, jusqu’à ce qu’elle rencontre Ama, un jeune punk tatoué et piercé à la langue fourchue, qui le fascine et l’entraîne à dépasser ses « piercings d’oreilles »… A travers sa « quête de la langue fourchue » (un piercing de la langue que l’on agrandi jusqu’au calibre 00 pour ensuite sectionner la langue en deux), Lui va sombrer dans un monde sombre et violent… Elle rencontrera ainsi Shiba et (re)découvrira les relations sado-masochistes où la douleur et le plaisir s’entremêlent, jusqu’à frôler la mort.
Une descente aux enfers, certes, mais volontaire.
« Je me dis souvent que, si le soleil éclairait jusqu’au moindre recoin de la planète, je trouverais moyen de me métamorphoser en ombre. »
On pourrait parfois comparer Hitomi à Lolita Pille. Le milieu social et les activités ne sont pas les mêmes, mais la violence, la lente destruction de soi et des autres et les expressions crues sont de la partie.
« Si tu décides un jour que tu veux mourir, alors laisse moi te tuer. »
Le récit de cette jeune fille n’est pas une critique ou encore une intrigue qu’il faut résoudre, ce n’est pas une histoire avec laquelle il faut prendre du recul, bien au contraire, Serpents et Piercings est une sorte d’expérience qui se vit et se ressent. Ce que l’on retient de ce livre n’est pas sans rappeler les films de Shinya Tsukamoto qui traitent la douleur comme une manière de se sentir en vie.
Car en effet, Lui frôle la mort, sombre dans l’alcoolisme, l’anorexie… Et pourtant… Malgré ces expériences extrêmes, c’est finalement un sentiment de vie et de rage qui s’échappe de ce personnage. Même plus qu’une vie, c’est un combat.
« J’ai regretté de ne pas avoir un vocabulaire plus fourni pour exprimer pleinement toute l’étendue de ma douleur et de ma haine. Mais mon vocabulaire est limité. Je suis tout bonnement ridicule »
Tout de même, ce livre a parfois un goût d’inachevé : certaines scènes (notamment une séance sado-masochiste ainsi qu’un récit de torture à la Takashi Mike) sont assez extrêmes et plutôt bien trouvées, mais malheureusement, elles n’occupent pas plus d’un paragraphe… L’effet reste donc « juste » provocateur mais ne vas pas plus loin, et c’est bien dommage car l’on sent que l’auteure a le potentiel de mettre un peu plus de profondeur (si je puis m’exprimer ainsi, hin hin hin.) dans ce genre de scène…
En définitive, ce livre devrait te plaire si tu t’intéresses au thèmes précédemment cités (milieux marginaux, violence, relations sado-masochistes…), où si tu recherches un récit coup de poing : il te fera vivre une expérience plutôt intéressante, tu changeras réellement d’univers le temps de 163 pages.
Cependant, je préfère te mettre en garde de suite, ce livre comporte des scènes de sexe et de violence explicites. Ame Sensible, tu es prévenue…
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