Plus mes années de sériephile passent, plus je réalise un truc (qui est peut être simplement lié à la qualité des dramas) : ce dont j’attends le plus le retour pendant l’été, c’est les sitcoms. L’année dernière, et tout le monde l’a répété, on a été particulièrement gâtés du côté des nouvelles comédies (avec bien sûr, des pépites de dramas, mais reste que globalement, c’était surtout l’année du lol everywhere).
Alors, au lendemain du retour de la première d’entre elles, quelles sont les comédies qu’il va falloir suivre ou fuir cette année ?
Les vétérans
It’s Always Sunny In Philadelphia (repris le 16 septembre – FX)
Peut être la moins accessible, Sunny Philadelphia pourrait être décrite comme une version adulte (et humaine) de South Park. Cinq « amis » tiennent un bar un peu miteux. Aucun d’eux n’est particulièrement intelligent, beau, talentueux ou gentil. Des gens qu’on côtoierait en vrai avec un léger dégoût.
Mais voilà, cette comédie moins connue qu’elle ne le mériterait est un bijou de cynisme. Ses personnages sont d’éternels losers écœurants, profiteurs, s’habillent en dignitaires nazis et trouvent ça hilarant, doutent de leur beauté parce qu’ils ne se sont pas fait violer par leur prof de gym dans leur enfance, séduisent un curé, le font quitter les ordres, le rendent accro au crack et SDF, le forcent à combattre d’autres sans abris sur un ring… en bref, c’est une série horrible, devant laquelle on ne peut se caler que si on a un bon bagage de second degré, mais qui au final est furieusement intelligente et critique, et n’épargne aucun aspect de la société américaine.
How I Met Your Mother (20 septembre – CBS)
On ne présente plus cette série culte – ou on le fait en des termes pris et repris absolument partout : le nouveau Friends, comparaison plus ou moins facile, là n’est pas le sujet.
La vraie question est de savoir si on doit vraiment y revenir. Les dernières saisons ont vu la série s’essouffler, les blagues devenir moins percutantes et les montages plus très inspirés.
Mais HIMYM, c’est le Syndrome de Stockholm des séries TV. Au fond, vous savez que vous ne devriez plus l’aimer, qu’elle vous a fait du mal et continuera, si vous y réfléchissiez, vous verriez que ces épisodes ne font que diminuer votre espérance de vie (cf. le pic de suicide qu’on a probablement pu observer aux États Unis après la brillante idée qu’était Fat Barney).
Et pourtant, vous y retournez, parce que Neil Patrick Harris mérite qu’on supporte le non-jeu et les coupes de cheveux d’Alyson Hannigan.
The Office (23 septembre – NBC)
Encore une de ces séries dont la qualité a désespérément baissé. D’une comédie phare et incontournable, elle est passée à un divertissement bouche-trou, qu’on rattrape pendant la période creuse de Noël, voire pas du tout. On peut manquer des épisodes, sans rien rater de cool, et on en vient à s’étonner des bons épisodes plutôt que des mauvais.
Au risque de spoiler les Scranton-virgins, depuis que Jim et Pam sont réunis, la principale dynamique de la série a été bouleversée, et elle a été incapable de retrouver un équilibre. Peut-être est-ce pour cette saison ?
30Rock (23 septembre – NBC)
Non, vraiment ? Il y a encore des gens qui regardent ça ? Tous les épisodes ? Damn. Ça force le respect.
Un peu comme The Office et How I Met Your Mother, à notre dernière rencontre, cette série était épuisée. Elle était passée de cette copine assez fun, intelligente et constamment défoncée à la Ritaline, que tu avais du mal à vraiment suivre mais qui te faisait toujours rire, à une quasi-étrangère qui vendait son corps à des foreurs pour avoir sa dose quotidienne de crack, qui continuait à faire les mêmes blagues, en essayant de garder le même rythme qu’avant, mais avec le regard éteint. Sans faire illusion.
Ouais, c’était devenu si mauvais.
The Big Bang Theory (23 septembre – CBS)
Si vous avez laissé échapper un « Oh, oui ! » en lisant ce titre, soyez sympa, fermez la page. Sortez de chez vous. Écoutez les oiseaux. Regardez le ciel. Oui, cette fois je vous autorise à prétendre que les avions sont des étoiles filantes.
A une condition. Souhaitez qu’on vous offre un peu de bon goût.
D’une saison 1 un peu anecdotique, la série était devenue excellente en saison 2, elle avait compris que la vraie star de son show était Sheldon, et que ce qui marchait le mieux était son duo avec Penny. La série nous avait présenté un personnage touchant, extrêmement intelligent, trop même pour fonctionner sur la même échelle de valeurs ou la même sensibilité que nous.
En saison 3, tout a changé. La cible de la série s’était peut-être élargie, ou alors ses scénaristes n’avaient juste plus d’inspiration, mais les faits sont là : ils ont fait de Sheldon un type avec la maturité émotionnelle et intellectuelle d’un enfant de dix ans, qui de temps en temps lâche des références pseudos-geeks hyper accessibles, et les ponctue d’un Bazinga.
Mais ça ne s’arrête pas là, même les personnages « secondaires » que sont Rajesh et Howard ont subi une caricature grossière. Jamais Raj’ n’avait été présenté comme autre chose qu’un hétéro avec une incapacité à parler aux filles, et du season 3 premiere jusqu’au finale, la seule blague sur laquelle on lui ait écrit des lignes pourrait se résumer à « Tu es gay, amoureux de Howard, mais il te rejette. Que c’est amusant. Donne moi de la lotion pour les mains, je me trouve trop drôle là. »
Attention, je n’ai rien contre un personnage gay. Mais là encore, on est dans une moquerie gratuite, introduite du jour au lendemain, où on essaie de nous faire croire que ça a toujours été là.
Et ça, c’est prendre son spectateur pour un imbécile.
Voilà, on en a fini avec les séries qui sont déjà confortablement installées, on a vu que seule It’s Always Sunny In Philadelphia se démarquait et méritait vraiment d’être regardée, mais on sait déjà qu’on les suivra toutes.
C’est le moment de passer aux jeunes espoirs, celles qui n’ont pas encore eu le temps de nous décevoir ; le meilleur des futures saisons 2.
Les Newbies
Cougar Town (22 septembre – ABC)
Cougar Town c’est la nouvelle série de Bill Lawrence (Scrubs/Spin City), avec Courtney Cox (mais si, l’actrice qui jouait dans ce truc culte là, Dirt), qui démarrait en se contentant d’exploiter un terme à la mode, les cougars – Non, je parle pas de celui qu’affronte Kim Bauer – les « femmes mûres » qui couchent avec des jeunes.
Sur une bonne moitié de saison, la série ne se trouve pas et reste trop sur son idée de base, mais dès la seconde partie on a vraiment quelque chose qui vaut le coup.
Tous les personnages trouvent leur place, et leurs relations deviennent intéressantes. Les « running gags » instaurés prennent, et avec surprise, cette série devient drôle. Très drôle.
Modern Family (22 septembre – ABC)
Encore une série qui nous parle d’une grande, grande famille, et qui le fait avec beaucoup d’humour. Modern Family est une de ces séries un peu folle, avec des personnages hyper attachants, qui font gentiment rire d’eux.
Et c’est là le seul point qu’on pourrait reprocher à la série, un côté parfois trop gentillet et mignon, un manque de mordant – mais sans que ça ne soit suffisamment niais pour gâcher quoi que ce soit beyond repair.
Community (23 septembre – NBC)
Évidemment, on garde le meilleur pour la fin, surtout que tout le monde en a sûrement déjà parlé. Prenant place dans un Community College, on suit un groupe d’étude d’Espagnol formé par Jeff uniquement dans le but de coucher avec Britta. Mais rapidement, tous les membres du groupe deviennent amis, pas de ceux à être liés pour la vie, mais un petit îlot de sécurité dans cette fac où ils ne connaissent personne et où tous – et ça les inclut – sont des cas sociaux.
Le point fort de Community, c’est tout ce qu’on ne verra pas forcément au premier abord. La série est un hommage au cinéma, aux geeks, à la pop culture en général.
Elle regorge de tropes, joue avec les codes habituels de l’écran, et c’est un vrai régal. Qu’on aime ou pas le cinéma, on rit énormément, parce que c’est là que la série fait fort : Elle n’étale pas trop ses références (du moins, la plupart du temps), ce qui fait que l’on n’a pas l’impression de rater un gag. On peut le redécouvrir plus tard, mais on ne se sent pas frustré de passer à côté de quoi que ce soit.
Je vous parlerais bien de The Middle, mais c’était tellement ennuyant que j’ai préféré l’abandonner aussi vite que possible – et surtout, ça bousille un peu les « Mais si, l’an dernier, c’était brillant en matière de sitcoms » que je pourrais lâcher.
Vous pouvez vous lancer dans n’importe laquelle des séries encensées au-dessus avec une confiance aveugle, puisque comme tout le monde le sait, je détiens le secret du bon goût absolu.
Mais si avec tout ça vous ne riez pas un peu devant votre écran cette année, vraiment, je ne sais pas ce qu’il vous faut.
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Les Commentaires
Nan, le truc qui me dérange c'est "ennuyant".
Ca me sort les yeux des orbites, tu peux pas savoir à quel point ...