C’est encore tout chaud, mais pour beaucoup, c’est déjà un grand bol d’air frais : le premier numéro de Serge est sorti en kiosques avant-hier. Le magazine qui se veut « novateur et iconoclaste » proposera tous les 2 mois de parler de la chanson d’expression francophone. Pas tous les jours que notre presse en dépérissement peut se féliciter d’accueillir un nouveau titre sur le marché !
Moi qui honnêtement ne suis pas particulièrement une fan de chanson française, pour avoir feuilleté la bête, je peux vous dire que l’angle est suffisamment large et éclectique pour plaire à tous ceux qui ne se réclament pas forcément de Serge Gainsbourg ou Jeanne Cherhal.
Rencontre avec Patrice Bardot, co-fondateur du bimensuel et rédacteur en chef de Tsugi.
Salut Patrice. Ça y est, j’ai dans les mains le tout premier numéro de Serge Magazine ! Peux tu nous raconter comment toute cette aventure a commencé, avec Didier Varrod ?
Patrice Bardot : Didier et moi, nous nous connaissons depuis quelques années. Tsugi étant partenaire de son excellente émission Electron Libre sur France Inter, lorsqu’avec Alexis Bernier nous avons eu envie de lancer un magazine sur la chanson française qui soit à la fois chic et populaire, c’était logique de faire appel à lui, qui est sans doute le journaliste qui connait le mieux le sujet. On a approfondi l’idée avec Didier à partir de mars dernier.
À peu d’exception près, les gens rechignent souvent à se dire fan de chanson française, un peu comme si c’était un genre un peu honteux et qu’il fallait d’abord répondre rock / musique électronique ou jazz pour ne pas paraître vieux jeu. Dans ce contexte, quel est le parti prix de Serge Magazine ? Décomplexer les gens ?
Ça tombe bien que tu me poses la question puisque nous avons justement dans Serge une rubrique qui s’appelle la déclaration, où une personnalité venue d’un autre univers clame son amour pour la chanson française. Dans le numéro 1 c’est Xavier De Rosnay (Justice) qui fait son coming out et déclare sa flamme à Balavoine et Véronique Sanson. Je crois aujourd’hui que les mentalités ont beaucoup évolué et je dirais même que c’est devenu presque branché de dire qu’on aime Pierre Vassiliu et Michel Delpech. Et puis il n’y a pas que de la variété dans la chanson française : il y a aussi du rock et du hip hop…
Appeler un magazine Serge autorise bien des jeux de mot (« je suis passé prendre Serge ! », « Où est Serge ? – Dans le salon ! »). Pour toi, de quel Serge parle t-on ? Gainsbourg, Lama ou Reggiani ?
C’est bien sûr une référence à Gainsbourg, la figure tutélaire qui inspire chanteurs, rockeurs et rappeurs… Mais on peut voir aussi un clin d’oeil au film « Le Beau Serge » de Claude Chabrol, un des premiers films de la Nouvelle Vague… Et nous allons défendre « la nouvelle vague de la chanson française ».
À la différence de Tsugi (ton autre bébé), Serge ne comportera pas de chroniques de disque. Parle nous de son contenu.
C’est paradoxal que dans un monde en mouvement, la presse musicale n’a pas évolué dans sa forme depuis trente ans. C’est toujours le même tunnel de brèves, petits portraits, grande interview, chroniques de disques, agenda. Nous voulons briser ce carcan et nous positionner aussi face à internet qui offre tout cela plus rapidement que la presse magazine. Serge raconte surtout des histoires de chanteurs et de chansons. Il y a donc une seule chronique de disques, des belles double pages de photos consacrant des nouveaux talents, des artistes qui participent au magazine (Dominique A présente son carnet de tournée, Alex Beaupain raconte comment il a fait chanter Catherine Deneuve dans le prochain film de Christophe Honoré…), et bien d’autres choses encore – notamment un cahier « les dessous chics » qui montrent l’intimité des artistes.
On se souvient de l’arrêt de la revue Chorus, qui avait plus ou moins signé la fin de la représentation de la chanson d’expression francophone dans la presse. Quel est le pari lancé par Serge ? Souhaitez-vous être dans une certaine continuité de Chorus ?
Serge veut présenter la chanson d’expression française sur un mode différent, classe, ludique et iconoclaste. Je ne dis pas qu’on y arrive déjà mais on essayera de tout faire pour y arriver. Le but, c’est d’attirer des lectrices et des lecteurs peut-être pas intéressés par la chanson au départ, mais qui trouveront leur intérêt dans des articles qui ne seront pas des leçons de solfège pour mélomanes.
Et enfin : à l’heure où les webzines de musique sont de plus en plus nombreux et la presse papier toujours un peu plus en déclin, que dire à nos lectrices pour les inciter à ouvrir un Serge Magazine ?
Si vous avez envie de partager le lit d’Alain Chamfort ou de découvrir ce qu’il y a dans le frigo de Jeanne Cherhal, il faut lire Serge !
> Serge, 5 euros le bimensuel
– Site internet : sergemagazine.fr
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Les Commentaires
J'ai beau avoir 16 ans, je préfère de loin ce bon vieux Gainsbarre que, jsais pas... Obispo ! ( :ellipses: )
Enfin, je verrai bien !