Live now
Live now
Masquer
Source : Capture d'écran Youtube
Actualités France

Pourquoi la nomination de Serge Hefez à la tête d’une commission sur la parentalité pose question

La ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, a annoncé la création d’une commission sur la parentalité. Avec, à sa tête, un pédopsychiatre qui défendait, dans une interview vidéo de 2009 « le syndrome d’aliénation parentale », pseudo-théorie encore utilisée dans les affaires d’inceste en défaveur des mères protectrices.

Dans un entretien accordé ce week-end à La Tribune Dimanche, la ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, a annoncé la mise en place d’une commission qui fera des « propositions concrètes » pour « relever les défis de la parentalité ». Cette « commission scientifique », censée démarrer ses travaux dès lundi, est coprésidée par le pédopsychiatre Serge Hefez. Un choix incompréhensible pour les militants de la protection infantile.

Défenseur du « syndrome d’aliénation parentale »

À l’annonce de la nomination, une interview vidéo de Serge Hefez a refait surface. Datée de 2009, on y voit le pédopsychiatre se faire le porte-parole d’une théorie dangereuse, sans réel fondement scientifique : le « syndrome d’aliénation parentale ». Mobilisé aujourd’hui encore dans les affaires d’inceste pour décrédibiliser la parole des victimes et de leur adulte protecteur, le SAP est construit sur l’image d’une mère qui manipulerait son enfant pour nuire au père dans un contexte de conflit parental.

Théorisé dans les années 1980 par le psychiatre américain Richard Alan Gardner, au moment où on voyait émerger la parole de femmes victimes de violences conjugales et d’enfants, le SAP va de pair avec l’idée erronée qu’en contexte de séparation, il y aurait beaucoup plus d’accusations qui se révèlent fausses.

À lire aussi : #MeTooInceste : comment le « syndrome d’aliénation parentale » accable les mères qui protègent leurs enfants

De nombreuses études ont démontré depuis que la séparation est un contexte favorable à la dénonciation des violences, et, que de manière générale, les fausses allégations de violences sexuelles sont marginales : par exemple, en 2005, une recherche a montré que dans le cas de violences sexuelles commises sur des enfants, il n’y a que 4 % de fausses allégations. Le SAP alimente donc un déni sociétal autour des violences sexuelles sur mineurs.

En 2019, le ministère de la Justice a d’ailleurs émis une note interne pour informer du caractère « controversé et non reconnu » de cette notion et en 2020, il a été officiellement retiré de la Classification internationale des maladies (CIM-11), le registre américain de référence sur les troubles mentaux.

Comment donc expliquer cette nomination, en décalage avec les préconisations de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (CIIVISE), qui mettent justement en garde contre cette pseudo-théorie ? C’est cette question qu’ont posée sur Twitter de nombreux acteur•ices de la protection infantile, interpellant au passage la ministre Aurore Bergé. D’autant plus que cette commission sur la parentalité s’inscrit dans un effort gouvernemental plus large de « restaurer l’autorité parentale », autre levier de coercition dans les affaires d’inceste, comme l’expliquait à Madmoizelle le coprésident de la CIIVISE, Édouard Durand, dans une enquête publiée en novembre dernier : le maintien de la coautorité parentale « met sur le même plan l’agresseur et la victime en écartant la réalité ou l’hypothèse des violences. Et donc, parce qu’elle empêche le parent victime d’être sujet de droit et qu’elle autorise le parent agresseur à perpétuer l’emprise ».

À lire aussi : « Pendant l’enquête, l’enfant est forcé de retourner chez son agresseur » : l’association Face à l’Inceste veut changer la loi

Alors que le futur de la CIIVISE reste à préciser, ces nouvelles annonces questionnent donc sur la stratégie gouvernementale pour protéger les enfants victimes de violences intrafamiliales.


Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.

Les Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.

Réagir sur le forum

Plus de contenus Actualités France

Cela fait plusieurs heures que Brigitte Macron est en top tendance sur le réseau social X, anciennement Twitter. L’objet de la polémique ? Une photographie de vacances qui relance une vieille rumeur… Selon certains, la première dame ne serait pas une femme. Il n’en fallait pas moins pour que la toile s’enflamme et que les transphobes s’acharnent.
Actualités France

Brigitte Macron en vacances : accusée d’être un homme en raison d’une photo, elle est la cible de commentaires transphobes

1
Beauté

Adoptez cette routine beauté petit budget pour un look Make up no make up toute l’année

Humanoid Native
pareo-plage-roxy
Actualités France

Deux communes de sud de la Corse interdisent le burkini à la plage, elles vont devoir faire machine arrière

2
Source : Getty Images Pro
Actualités

On sait quand sera versée l’Allocation de rentrée de scolaire (ARS) récemment revalorisée

Pexels
Actualités France

Après la victoire du Rassemblement National, des militants d’extrême droite condamnés pour une agression homophobe

12
Source : Symeonidis Dimitri / Getty Images
Politique

Plan Procu : le site de rencontre pour faciliter les procurations

33
jus-oranges
Actualités France

Le prix de ce jus ne cesse d’augmenter, et c’est à cause du dérèglement climatique

Réforme des retraites // Source : © Sénat - Palais du Luxembourg
Société

Pourquoi la proposition de loi visant à encadrer les transitions de genre avant 18 ans est dangereuse

Source : Capture d'écran Youtube
Société

Poupette Kenza accusée d’avoir tenu des « propos antisémites », la Dilcrah saisit la justice

5
Deux femmes s'embrassent sous un drapeau arc-en-ciel, symbole LGBT © Gustavo Fring de la part de Pexels
Société

La Gen Z, plus LGBT+ que ses ainées ? Une étude le confirme

7
Grâce à Judith Godrèche, l'Assemblée envisage une commission sur le travail des mineur·e·s dans le cinéma et la mode.jpg // Source : Capture d'écran YouTube de LCP - Assemblée nationale
Actualités France

Grâce à Judith Godrèche, l’Assemblée se dote enfin d’une commission pour protéger les mineurs dans le cinéma et la mode

La société s'écrit au féminin