Blushs, nettoyants, lotions ou encore crèmes pour le visage à base d’actifs comme l’acide hyaluronique ou le rétinol… De plus en plus d’enfants cherchent à imiter leurs aînés en allant se procurer des produits de beauté dans des enseignes comme Sephora. Le but ? Pouvoir s’offrir des cosmétiques tendances sur TikTok et filmer du contenu à destination de cette même plateforme. Généralement âgés entre 9 et 13 ans, ces « Sephora Kids » se mettent de plus en plus jeune à élaborer des routines skincare pointues en adoptant des marques de renom comme Drunk Elephant, Glow Recipe, La Neige, Dermalogica, Byoma ou encore Sol De Janeiro.
Avec des crèmes hydratantes à plus de 70 €, on peut facilement se demander comment des enfants d’un si jeune âge peuvent se permettre de telles dépenses. Mais ce qui inquiète davantage, c’est surtout l’impact qu’ont ces différents produits cosmétiques (et surtout leurs actifs) sur la peau de jeunes enfants.
Une tendance dangereuse pour la santé des plus jeunes
Du rétinol, de la vitamine C, de l’acide hyaluronique ou encore du bakuchiol… Voilà une liste non exhaustive des actifs régulièrement utilisés par l’industrie cosmétique. Et si certains peuvent s’avérer relativement inoffensifs pour nos peaux d’adultes, d’autres, comme le rétinol, sont (même pour nous) parfois difficiles à supporter. Mais quel peut être l’effet de ces actifs sur la peau des 9-13 ans ? Le dermatologue américain, Danilo Del Campo atteste auprès de l’AFP que de plus en plus d’enfants utilisent des produits pour adultes. Selon lui :
« Beaucoup des parents que je reçois n’ont même pas idée qu’il y a un risque et font plus confiance aux influenceurs beauté qu’à leur médecin ». Il déplore d’ailleurs « une hausse des consultations pour des réactions cutanées et des soucis résultant d’un mésusage de ces produits ».
Mais quels sont les risques exactement ? D’après le même expert : « La peau jeune est plus délicate et plus sensible aux irritations. La barrière cutanée peut être abîmée par des composants inadaptés ». Ce dernier estime qu’il existe également un risque inhérent à une exposition trop précoce aux produits chimiques contenus dans ces cosmétiques. Résultat ? Irritations, allergies et intolérances sont autant de problématiques qui peuvent émerger de l’utilisation de produits non adaptés à un très jeune âge. Sans parler du fait qu’une barrière cutanée moins imperméable rend la peau plus fragile face aux dommages environnementaux comme la pollution ou encore les rayons UV.
Le rétinol, par exemple, est un actif resurfaçant (souvent utilisé dans un cadre anti-âge) très abrasif que même les adultes ont du mal à tolérer. Des méthodes comme le rétinol sandwich ou encore l’utilisation d’ersatz de cet actif (comme le bakuchiol) peuvent être recommandées pour obtenir les mêmes effets sans attiser l’irritation cutanée. Si ces astuces souvent connues des adultes avertis, les enfants n’ont pas toujours conscience de celles-ci. Ces derniers ayant davantage tendance à se tourner vers des produits « à la mode » au packaging fun et coloré qu’à chercher des cosmétiques dédiés à leur type de peau… Ce qui peut créer des réactions cutanées parfois violentes.
De quoi un enfant a vraiment besoin côté cosmétiques ?
Qu’on se le dise, avant la puberté, un enfant n’a pas vraiment besoin de soins cosmétiques. Un simple lavage du visage à l’eau et un spray d’eau thermale (s’il y a une sensibilité) lui suffisent avec l’utilisation quotidienne d’une protection solaire. À partir de la puberté, un bon nettoyant visage (doux), un exfoliant et une crème hydratante peuvent s’ajouter à l’équation, mais c’est tout ! On réserve le rétinol et autres joyeusetés pour le début de la trentaine (et ça arrive déjà bien trop vite).
De plus en plus de marques prennent la parole
On peut donc facilement se demander quel est le rôle des marques dans cette vaste problématique ? Si certains blâment les parents, qui sont seuls garants de ce que postent ou non leurs enfants sur des réseaux sociaux comme TikTok, d’autres parlent de responsabilité des marques qui créent des packagings toujours plus funs pour attiser le désir des acheteurs.
La marque Dove, plus exactement son vice-président Firdaous El Honsali a récemment pris la parole sur le sujet dans un communiqué de presse. On peut y lire :
« Depuis quand les jeunes filles de 10 ans s’inquiètent-elles des rides et du vieillissement de leur peau ? Il est temps de prendre la parole pour souligner l’absurdité de la situation et protéger leur estime personnelle. Chez Dove, nous pensons que la beauté doit être une source de bonheur et non d’anxiété. Depuis deux décennies, nous agissons pour renforcer la confiance et l’estime de soi de millions de jeunes filles. Aujourd’hui, nos filles utilisent des produits anti-âges avant même d’avoir commencé à grandir et ont plus que jamais besoin de nous ».
Si on souligne la bien-pensance de ce texte, on ne peut pas s’empêcher de penser que l’industrie cosmétique doit pleinement prendre ses responsabilités face à ce phénomène d’ampleur mondiale. Mais comment ? Tout simplement en concentrant leur marketing sur l’éducation de ce groupe de consommateurs ainsi que sur les risques et les avantages cutanés concernant l’utilisation de certains ingrédients complexes. C’est seulement en faisant cette démarche éducative que les plus jeunes pourront comprendre la dangerosité ou l’intérêt réel de ces cosmétiques. La messe est dite !
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