Mardi 18 avril, une douzaine de pétitions étaient présentées à la Cour suprême indienne pour appuyer un procès historique, qui se déroule actuellement au sujet de la potentielle légalisation du mariage pour les personnes LGBTQI+. Si le procès aboutissait favorablement, cette mesure constituerait la plus grande avancée en matière de droits LGBTQI+ depuis 2018, lorsqu’un jugement de la Cour Suprême avait permis de supprimer une loi datant de l’époque coloniale qui criminalisait jusqu’alors l’homosexualité. L’inde deviendrait ainsi le second pays d’Asie, après Taïwan, à légaliser le mariage pour tous.
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Un bras de fer entre le gouvernement conservateur et le système judiciaire, favorable à la cause
Le procès, qui doit durer au moins deux semaines, reflète une véritable évolution dans la manière dont la communauté LGBTQI+ est perçue au sein de la société indienne. Ces dernières années, elle est devenue plus visible, notamment via la pop culture et les différentes marches des fiertés organisées dans les grandes villes du pays. Comme le rapporte le Guardian, la population est par ailleurs mieux sensibilisée qu’autrefois aux questions d’égalité qui touchent la communauté LGBTQI+.
Mais, malgré ces évolutions certaines, le patriarcat et les traditions font toujours office de valeurs cardinales. Le gouvernement actuel, nationaliste, en est l’incarnation même : lundi 17 avril, le Premier ministre Narendra Modi, a soumis une déclaration sous serment à la Cour suprême pour exprimer son opposition au mariage homosexuel et demander à ce que l’affaire soit tout bonnement laissée de côté par le tribunal.
« Un concept urbain élitiste »
« Un mariage valide n’est qu’entre un homme biologique et une femme biologique » peut-on lire dans le texte, qui dénonce un « concept urbain élitiste », allant à l’encontre des valeurs religieuses et sociales du pays. Ajoutant qu’une telle décision « affecterait gravement les intérêts de chaque citoyen », le gouvernement, qui a récemment empêché un avocat d’être promu au sein de la Cour suprême en raison de son orientation sexuelle, estime que cette affaire devrait être examinée par le Parlement et non les tribunaux.
Outre le mariage, l’accès à l’adoption pour les couples de même sexe, ainsi que le droit pour les personnes trans d’avoir leurs relations légalement reconnues, est également au cœur des débats. Si les militants obtiennent gain de cause, cela enverrait un message fort, non seulement pour les couples LGBTQI+, mais aussi pour l’égalité de tous et le droit d’épouser quiconque, indépendamment du sexe, de la religion ou de la caste. Un geste particulièrement puissant, quand on voit que les mariages interreligieux et inter-castes sont violemment attaqués par la droite nationaliste hindoue, aujourd’hui au pouvoir.
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Les Commentaires
Pardon. J'avais rien de plus constructif à dire.