J’ai créé mon compte Facebook, à reculons, en 2009, avec quelques vieilles photos dessus. J’ai attendu 2012 pour arriver sur Instagram et poster maladroitement quelques clichés de bouffe et de chats.
Dans les albums photos plastifiés de mes parents, on trouve des tonnes de photos de moi. Ma mère est du genre à tout immortaliser. Les voyages, les balades, les anniversaires, les rentrées.
C’est aussi un des éléments de ma double culture : la moitié de la famille est très loin, l’autre pas si proche finalement. Les photos tiennent mes proches au courant de ces instants de vie qu’on ne peut pas partager.
Les selfies VS mon mépris
Mais je n’ai jamais beaucoup aimé les photos, encore moins les selfies. J’ai longtemps regardé d’un oeil perplexe, et je dois bien l’avouer un poil méprisant, les gens qui se prenaient beaucoup en photo.
Je n’ai jamais beaucoup aimé les photos, encore moins les selfies.
Pour moi, les selfies ça voulait dire : « Je me kiffe (un peu trop) », et « Mes proches ne me prennent pas en photo ». Le top du top, c’était pas que je prenne une belle photo de moi, c’était qu’on en prenne une pour moi.
Sauf que comme je n’étais pas photogénique et que mes potes n’étaient pas photographes professionnel•les, je finissais avec des clichés flous. Des souvenirs de soirée surexposés ou ultra-sombres.
Toi-même tu connais la photo de profil où tu découpes les potes autour de toi… car c’est la première fois que tu aimes ta tête en deux ans, alors autant en profiter.
Comme beaucoup de choses, ça a changé progressivement. Et j’en suis arrivée à un Instagram 50% selfies, 40% nourriture, 10% chat. Sans regrets.
Les selfies, mes nouveaux amis
J’ai commencé les selfies quand j’ai commencé à changer de tête. Cheveux longs,
cheveux courts, cheveux verts, cheveux roses, cheveux bleus… C’était un kaléidoscope.
Du coup, ma bonne vieille bouille que j’aimais vaguement sans en être folle est devenue un terrain de jeu, une quasi-surprise quotidienne. Je n’avais jamais envie d’immortaliser mes longueurs châtain, mais le maëlstrom coloré matinal valait son cliché !
J’ai commencé à me maquiller, à porter des casquettes, à porter des bonnets. À accessoiriser mon visage, qui du coup me surprenait. Je pique les lunettes de mes potes ou les paillettes de Margaux pour me transformer le temps d’une photo en une autre fille, que je serai peut-être un jour, qui sait ?
Les selfies comme outil pour s’aimer davantage
Je me suis mise à aimer les selfies parce que je me suis mise à bien m’aimer. Et plus je suis à l’aise avec ma tête, plus j’ai envie d’en jouer.
Je me suis mise à aimer les selfies parce que je me suis mise à bien m’aimer.
En prenant des selfies j’ai pigé ce que j’aimais et ce que j’aimais moins chez moi. Si tel angle me plaît c’est qu’il affine une mâchoire que je trouve parfois trop prononcée. Si tel filtre me convient c’est qu’il atténue mes fichues cernes trop tenaces.
Mes cheveux plus longs caressent à présent cette mâchoire, et j’ai un anticernes tout neuf dans mon sac. Comme ça, je peux devenir la version de moi-même que j’aime le plus, si j’en ai l’envie.
Bien sûr je suis contente quand une photo récolte des likes. Sinon je ne la posterais pas en ligne ! Et je n’en ai pas honte le moins du monde. Comme tout compliment, un pouce en l’air qui veut dire « t’es jolie », ça réchauffe le coeur.
Quand je poste un selfie, moi la grosse timide en reconversion, je fais un micro-saut de l’ange dans la foule. Quand les gens l’aiment bien, je suis rassurée et je me rappelle que c’était bête d’avoir peur.
Les selfies, les stars et moi
Quand j’ai rencontré Andrew Scott, un acteur que j’adore puissance mille, je lui ai demandé une photo (ce n’était pas un selfie car j’avais besoin de mes mains pour tenir mon téléphone où se trouvait une photo de mon chat, Moriarty, nommé ainsi en l’honneur du personnage incarné par Scott dans Sherlock).
Une photo pour dire j’y étais, pour dire oh làlà regardez, parce que c’est rigolo et que ça fait un meilleur souvenir qu’une signature griffonnée.
À lire aussi : Le selfie, l’autographe du XXIème siècle
Et si un jour je rencontre Tom Hardy, comptez sur moi pour prendre le selfie le plus rougissant de l’histoire des Internets. Et le poster PARTOUT. Car je serai fière !
T’en prends, toi, des selfies ? Tu penses quoi des gens qui en prennent ? En as-tu marre de voir ma gueule à la fin de cet article ? Dis-moi tout.
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !
Les Commentaires
Je ne les poste quasiment pas, c'est surtout pour moi. Ou pour mon copain. Et depuis que j'ai découvert Snapchat en mars (oui je suis en retard), c'est presque un jeu car tu te mets dans la peau de plein de personnages c'est plutôt rigolo.