C’est officiel, la sélection à l’entrée de master 1 est désormais autorisée.
Le but : permettre de recruter les étudiant·es selon leur niveau pédagogique, leur projet professionnel. Sans pour autant fermer définitivement l’accès aux masters, en garantissant une place dans un M1 pour tout élève en faisant la demande.
Cette sélection doit être appliquée dès la rentrée 2017. Contrôle continu, entretien, examen… Les candidat·es seront choisi·es selon des modalités établies par les universités.
Ça grogne contre la réforme des masters à Lyon 2
À Lyon 2, les étudiant·es en licence 3 de psychologie s’insurgent contre cette mesure. Jusqu’à présent, la sélection se faisait entre les deux années de master, avec une première année plus générale et une seconde plus spécifique.
Une organisation qui va devoir changer avec la nouvelle loi. Sauf que les étudiant·es estiment que les caractéristiques de leur formation ne se prêtent pas à la sélection en master 1.
Avec des stages et un rendu de mémoire, ils considèrent qu’ils n’auront pas le temps de potasser pour un examen écrit ou oral, et ne seront pas dans de bonnes conditions pour faire de leur mieux au contrôle continu.
Le vendredi 10 mars, le conseil d’administration devait décider soit de mettre en place cette sélection dès la rentrée 2017, soit de l’établir dans deux ans, le temps de réorganiser la filière.
Un droit qui leur a été accordé par le ministère de l’enseignement supérieur, que nous avons contacté pour en savoir plus. Un porte-parole nous a répondu :
« Nous savons que dans certaines filières la mise en place de cette loi sera plus compliquée. Donc nous leur avons accordé une dérogation de deux ans pour s’aligner, et la psychologie est concernée. »
Mais l’université Lyon 2 a depuis rendu son verdict : les étudiant·es de la promo 2016-2017 seront bien sélectionné·es à l’entrée du master.
La sélection en première année de master, un combat perdu
Ce vendredi 10 mars, plusieurs étudiant·es s’étaient réuni·es devant le rectorat pour faire entendre leurs voix. Je suis allée à leur rencontre.
Ils avaient déjà manifesté trois fois. Les élèves avaient été prévenu·es fin janvier de l’éventualité d’une sélection, par des professeurs souhaitant les aider. Autrement, ils l’auraient appris le 14 mars. Camille, étudiante, ne trouve pas ça normal :
« On doit pouvoir connaître le processus d’admission dès le début de l’année. Là, l’université comptait nous l’annoncer le 14 mars lors d’une journée d’information sur les masters. Ce n’est pas normal de l’apprendre aussi tard ! »
Cette sélection, elle existait déjà du M1 au M2. Ce qui était selon Camille, largement suffisant.
« La sélection à l’entrée du M2, elle est légitime : il y a très peu de places et il ne s’agirait pas de boucher le marché de l’emploi en créant trop de diplômes d’un coup. Mais à l’entrée en M1, ça ne marche pas.
La L3 c’est une année compliquée, on est en même temps dans notre mémoire et nos stages, ça n’a pas de sens de sélectionner les étudiants à ce moment-là. »
La promo avait lancé une pétition pour protester contre la potentielle mise en place d’une sélection. Des professionnel·les du milieu, des profs et même des étudiant•es d’autres filières avaient répondu à l’appel, réunissant 3 500 signatures.
Une lutte contre la sélection en master 1 pourtant pacifique
L’université Lyon 2 a connu son lot de luttes.
Rassemblement des Établissements Universitaires en 2013, manifestation pour le droit d’élèves sans papiers en 2016… Dans ces deux cas, la présidence de l’université avait même fait appel aux CRS.
Mais dans le cas présent, le dialogue était pacifique. Les étudiant·es y tenaient : ils ne voulaient pas qu’on décrédibilise leur discours en les faisant passer pour des casseurs.
Effectivement, ce matin-là, des forces de l’ordre étaient bien présentes, mais elles n’ont pas eu à se mobiliser.
« On n’a même pas essayé d’entrer dans le rectorat. Il faut que le conseil d’administration sache qu’on est là, et qu’on veut se faire entendre. Mais on ne veut pas employer la force. »
Malgré la mobilisation, l’université est restée sourde aux protestations. Les étudiant·es seront bien sélectionné·es dès la rentrée 2017, en dépit d’une L3 non adaptée selon eux.
Faut-il sélectionner avant ou pendant le cycle master ?
La question de la sélection en master 1 concerne toutes les filières, mais les étudiant·es en psycho sont bien plus inquièt·es du fait des spécificités de leur formation.
Pourtant cette mesure aurait pu être bénéfique. En effet, le but de cette nouvelle loi est surtout d’empêcher la sélection entre le master 1 et 2, afin d’éviter que des étudiant·es sortent du circuit universitaire avec seulement quatre années d’études en poche.
Le porte-parole du ministère de l’enseignement supérieur nous confirme que les difficultés de mise en œuvre que peuvent rencontrer les différentes universités, compte tenu des spécificités des divers parcours de formation, ont bien été prises en compte, notamment avec la dérogation de deux ans.
Une réforme des masters pour que chacun·e ait sa chance
En fait, cette mesure a pour but de faciliter l’accès au master à un maximum d’élèves. Tout a été mis en place pour que personne ne soit exclu·e à la sortie de la troisième année de licence, nous explique le porte-parole :
« Si l’étudiant n’est pas pris à son premier vœu, le rectorat a l’obligation de lui fournir une place dans un autre master.
L’étudiant fournit alors une liste de trois formations potentielles, et si le master attribué est trop loin de son domicile, il bénéficiera d’une bourse à la mobilité et d’un accès privilégié aux chambres étudiantes. »
En théorie, cette mesure va donc permettre à chacun·e de trouver son master, ne laissant personne sur le carreau. En pratique, ça va sûrement prendre du temps avant que la mécanique ne soit bien huilée.
Dans l’idée de faciliter cette mesure, le ministère de l’enseignement supérieur a lancé la plateforme Trouver mon master.
Le porte-parole du ministère de l’enseignement supérieur précise qu’en interdisant la sélection entre le M1 et le M2 et en facilitant l’accès aux masters, le but est aussi d’augmenter le nombre de diplômé·es sortant chaque année des universités françaises :
« L’objectif c’est aussi de rattraper certains pays étrangers quant au nombre de diplômés du supérieur.
Et en plus quand on regarde les catégories socio-professionnelles des diplômés, on constate qu’il y en a une partie qui abandonne parce qu’ils vont pas avoir les moyens de poursuivre leurs études. »
Une mesure qui pourra rassurer les autres futur•es M1, même si elle ne règle pas le problème des L3 en psycho à Lyon 2.
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