Cet article fait partie de la thérapie que je me suis auto-prescrite ; en effet, comme beaucoup, j’ai ce qu’on appelle une phobie de la fin du monde. A chaque nouvelle annonce d’une date butoir, je suis dans l’incapacité de me raisonner. Bien sûr, je me rends bien compte que la plupart de ces annonces ne sont que des rumeurs sans fondement, et que cette peur est absolument irrationnelle, mais chaque fois, ça ne manque pas : je fais ma blasée sur les réseaux sociaux, mais je suis prise d’une montée d’angoisse derrière mon pc et je me recroqueville sur moi-même en pleurant comme le jour où, à 5 ans, j’avais regardé l’Exorciste dans l’entrebâillement de la porte du salon sans que mes parents ne le sachent.
A l’approche de la fameuse date du 21 décembre 2012, j’ai un cruel besoin de me rassurer, et ça tombe bien parce que quelque chose me permet de me raisonner : saviez-vous par exemple qu’un individu né en 1989 (comme, au hasard, moi) a survécu à pas moins de 46 annonces de fin du monde selon cette liste wikipedienne ? 46 ce n’est pas rien. Et je ne vois pas pourquoi cette 47ème date butoir ne serait pas moins erronnée que les autres.
Ensemble, faisons le point sur quelques unes de ces prédictions de fin du monde qui se sont révélées fausses.
11 août 1999 : chute de la station Mir et Apocalypse
Cette rumeur nous vient du couturier Paco Rabanne. Dans cette interview accordée au magazine L’évènement, il racontait à l’époque la révélation qu’il avait eu dans une vision quand il avait 17 ans.
« Tout à coup, comme dans un flash, j’ai entendu quelque chose d’effroyable : des dizaines, des centaines de gens brûlant vifs qui couraient dans les rues de Paris en hurlant ».
Après quelques calculs savants du type « bon, ça devait arriver au mois de juillet, mais en fait il faut décaler de 10 jours et compter à partir de janvier donc on arrive à mi-août et BIM, en plus c’est le jour de l’éclipse total du soleil », il fait une étude approfondie de l’oeuvre de Nostradamus. Ainsi, il y découvre que le célèbre astrologue avait fait référence à l’onde mur. Ni une, ni deux, notre ami Paco a retourné le u, ce qui donne un n, qui se prononce « i » dans l’alphabet cyrillique. A la suite de quoi il se fait inviter dans les les médias et nous apprend que la station Mir s’abattra sur le bois de Vincennes avant que Dieu et l’Antéchrist ne se confrontent dans Paris.
Une bien belle illustration de l’expression « chercher midi à quatorze heures » et des effets néfastes d’une analyse littéraire trop pointilleuse.
Depuis, rien ne s’est passé, je n’ai encore jamais vu de croix blanche dessinée sur le sol de Paris, la station Mir a été détruite volontairement en 2001, et Paco Rabanne a été raillé, moqué, humilié.
2006 : Le Big Crunch
Le Big Crunch ne m’évoquait jusqu’alors que du bien : j’imaginais une énorme tablette de chocolat au lait qui croustille. Pourtant, dans le langage cosmologique, c’est pas super fendard, le Big Crunch. En fait, c’est une sorte de big bang à l’envers
: l’univers, après une expansion de… pleins de milliers de millions d’années (j’aurais pu utiliser l’expression « tendu comme un string » mais elle date de 2004 et je l’ai jugée un poil trop has been et mal à propos), s’effrondrerait sur lui-même. Je ne suis pas astronome, mais j’imagine que l’univers rentrerait dans sa coquille à l’image d’un escargot qu’on attaque avec un bout de bâton, sauf qu’en plus violent. J’imagine que, dans un décor apocalyptique, on se prendrait toute la population mondiale (qui est de 7 milliards depuis lundi) sur la tronche, comme quand le métro, lancé en pleine vitesse, cale aux heures de pointe, sauf que pire, et qu’ensuite, la Terre rentrerait en fusion avec l’univers pour ne former que l’équivalent d’une bille de chewing-gum.
Autant te dire que depuis 2006, rien ne s’est pourtant passé : l’Univers va bien et continue son expansion vers l’infini et au-delà.
10 septembre 2008 : Le LHC
L’angoisse totale. Le 10 septembre 2008 était mis en route le LHC, le large hadron collider. Cet accélérateur de particules vise à répondre à des questionnements cosmologiques et concernant la physique des particules. Il a été construit dans un tunnel sous-terrain circulaire d’un peu moins de 27km : en son sein, des protons sont lancés et accélérés à la vitesse de la lumière (c’est très beaucoup) afin de former des collisions. Jusque là, tout va bien, la science avançait et des gens habilités à comprendre les évènements qui allaient se produire étaient sur le point de nous apprendre à nous, mécréants que nous sommes, plein de choses passionnantes sur le boson de Higgs et les origines du Big Bang. Dans le monde de la science, c’était la fête.
Sauf que des citoyens du monde, dont les Citizens against the Large Hadron Collider s’égosillaient pour faire peur au monde entier : pour eux, les collisions des protons provoqueraient des micro trous noirs qui deviendraient vite incontrôlables et engloutiraient la Terre, comme tu peux le constater sur cette vidéo qui a bien failli me faire perdre le contrôle de mes sphincters.
[dailymotion]https://www.dailymotion.com/video/x6oubw_lhc-le-trou-noir-absorbe-la-terre_news[/dailymotion]
Depuis ? Rien. Les scientifiques continuent de collecter des données, et la Terre n’a pas été avalée par quoique ce soit.
21 mai 2011 : Jugement dernier et Apocalypse
Le 20 mai dernier, je me réveillais avec cet article de notre adorée Jack Parker. J’ai eu bien bien peur parce que je ne suis pas baptisée, et que j’ai tendance à trouver ça très branché au quotidien, sauf que je faisais moins ma maligne à l’annonce du jugement dernier.
Le 21 mai, à 18h, je sortais du musée d’Orsay avec mon bienaimé. J’étais en panique, je suais, et j’ai failli en rendre mon petit déjeuner sur Déjeuner sur l’herbe. Par respect pour Manet, je n’en ai rien fait. En réalité, j’étais tellement en panique que je ne me suis rendue compte à 18h02 que rien ne s’était passé. Deux hypothèses s’offraient alors à moi :
- Harold Camping, l’instigateur de cette annonce, s’était trompé comme un bleu.
- J’étais une pauvre pécheresse et Paris ne contenait pas beaucoup d’individus vertueux à en voir la foule qui m’entourait.
Le lendemain, j’apprenais qu’Harold Camping réitérait ses promesses : il s’était trompé dans ses calculs, et le Jugement Dernier était pour le 21 octobre. Le 22 octobre, j’ai fait l’appel dans ma famille et mes amis : tout le monde était là. Personne n’était aux cieux. Deux hypothèses s’offraient alors à moi :
- Ma famille, mes amis et moi-même sommes de pauvres pécheurs.
- Harold Camping s’est encore trompé. Mais on va pas trop se moquer de lui parce qu’il a fait un accident vasculaire cérébral au mois de juin, et il paraît qu’on rigole pas des gens qui font un AVC.
Bien. Je ne sais pas vous, mais même si je flippe comme le Petit Chaperon Rouge au lit avec le loup en attendant de voir ce qu’il se passera le 21 décembre 2012 (une attaque extra-terrestre ? Une contamination qui nous transformera tous en zombie ? Un astéroïde de la taille du Texas ? Rien ?), je ne céderai pas en acceptant d’acheter un bunker hors de prix ou en décidant d’aller m’incruster au milieu des habitants de Bugarach. Il est hors de question que je débourse un seul centime pour ma survie car :
- Je ne veux pas enrichir le fourbe business de la fin du monde (qui est par ailleurs très bien expliqué dans cet article de Vice)
- Vu le genre de personnes qui se cloîtrent dans des bunkers, j’aurais peur d’avoir pour seule compagnie des énergumènes de 60 ans et plus
Et puis de toute manière, je suis sûre que Bruce Willis viendra nous sauver.
— Source images : Dailymail & Facebook
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