Aujourd’hui, je voudrais vous parler de certains des livres qui ont le plus impacté ma jeunesse. Ils m’ont tous, d’une manière ou d’une autre, fait réfléchir sur la vie, ce qu’elle vaut, ce qu’elle signifie, sur mon existence, sur le futur du monde… Bref, je me suis agitée du bulbe à chaque fois que je les ai lus et relus. Et comme j’étais déjà fan de science-fiction et de fantasy durant mon adolescence, vous remarquerez que la majorité de ces merveilleux ouvrages est issue de ces deux genres.
Bobby Pendragon, par D.J. MacHale
Je commence avec une décalogie dont vous avez peut-être déjà entendu parler : Bobby Pendragon. Cette série de romans d’origine américaine a été écrite par D.J. MacHale et la traduction française du premier tome, Le Marchand de Peur, est parue en 2003. Cela fait donc un petit moment que j’ai découvert pour la première fois cette œuvre fantastique (dans tous les sens du terme) !
L’histoire raconte les aventures de Bobby Pendragon, un adolescent qui se retrouve à voyager dans le temps et dans l’espace, dans le but de sauver l’univers (et les différents mondes qui le constituent) du chaos total dans lequel cherche à le plonger le méchant de l’histoire, le mal-nommé Saint Dane. Jusque-là, rien d’extraordinaire, me direz-vous. Mais rappelez-vous qu’en 2003, les sagas de fantasy « pour ados » n’étaient pas aussi répandues !
A-t-on le droit de décider à leur place du destin des autres peuples ?
Le lecteur découvre plusieurs mondes différents (environ un par tome), qui peuvent être proches du nôtre ou complètement différents. Mais il s’y passe bien plus qu’un simple combat de gentils contre méchants : l’auteur y pose des questions en filigrane, telles que « si l’on pouvait changer le passé, serait-il judicieux de le faire ? » ou « a-t-on le droit de décider à leur place du destin des autres peuples ? ». Les livres sont plutôt bien écrits, sans être d’un style exceptionnel, mais suffisamment agréables pour que l’on prenne du plaisir à la lecture en plus de l’histoire elle-même.
Je dois avouer n’avoir pas encore (à mon grand regret) terminé cette décalogie. Mais comme ça au moins, je ne risque pas de vous spoiler sans le vouloir ! Tout ce que je peux vous dire, c’est que cette série ne fait pas à moitié dans le fantastique, et que ça en vaut la peine. Pour tous ceux et toutes celles qui aiment à penser que nous ne sommes pas seul•e•s, pour toutes les personnes qui rêvent de reconnaissance pour les héro•ïne•s adolescent•e•s ordinaires, cette oeuvre est faite pour vous.
Vous pouvez acheter le premier tome à la Fnac ou sur Amazon.
Alpha-Clone, de Paul Thiès
Ici, on change de style et on passe à la science-fiction. Ce petit livre, qu’on pourrait à tort penser réservé aux pré-adolescent•e•s, suit la vie de David (dans des centaines d’années), un Alpha — c’est-à-dire un privilégié. Sa caste possède toutes les richesses du monde et a tous les droits, car si un de ses membres meurt, son clone personnel sera là pour lui offrir tous ses organes.
Et puis un jour, la vie de David bascule lorsqu’il se retrouve dans la peau de son clone et passe de l’autre côté, dans un monde où il est privé de tout, où il n’a aucun droit et certainement pas celui de disposer de son corps.
Un roman où l’on ne peut même plus se faire confiance à soi-même
C’est un roman haletant, où le lecteur se perd en même temps que David, où il découvre en même temps que le jeune héros la réalité du monde qui sera peut-être notre futur. Un roman où l’on ne sait plus que penser, ni qui croire. Où l’on ne peut même plus se faire confiance à soi-même. Un roman où l’on apprend l’amitié, l’amour et toutes ses natures, la douleur, l’obéissance forcée.
J’ai été terriblement troublée par ce roman, terrifiée par la justesse de ses mots et la plausibilité du scénario. Il m’est longtemps resté en tête et je l’ai relu souvent. Pour tout vous dire, j’ai même rencontré son auteur, brièvement, car il était venu à Damas rencontrer une classe de grands (comprenez : plus âgés que moi qui étais en sixième) ; je lui ai même timidement demandé un autographe qu’il m’a refusé ! Je ne m’en remettrai sans doute jamais, mais son livre est tout simplement génial. Comme quoi le talent ne s’accorde pas forcément au caractère.
Ce livre reste en tout cas l’un des meilleurs que j’ai lus (et j’en ai lu beaucoup, pour être honnête). Il s’agit bien sûr d’une dystopie, et vu le succès de Hunger Games et de Divergente (que j’ai lus aussi, je peux donc faire la comparaison), je ne vois pas pourquoi vous n’accorderiez pas sa chance à ce court roman qui a sérieusement impacté ma jeunesse et ma réflexion d’adolescente.
À lire aussi : Que nous révèle le succès d’Hunger Games et autres dystopies « pour ados » ?
Vous pouvez acheter cette petite merveille à la Fnac ou sur Amazon (d’occasion : ça date de ma jeunesse).
La maison du scorpion, par Nancy Farmer
Encore de la science-fiction ! Eh bien oui, j’aime ça, je vous avais prévenu•e•s.
Le truc fou avec ce roman, c’est qu’
aujourd’hui ce n’est même plus tout à fait de la science-fiction. C’est-à-dire que l’humanité a les moyens d’en faire une réalité, même si l’éthique l’interdit. Ce qui donne sérieusement à réfléchir. A l’époque où je l’ai lu, je venais à peine d’entendre parler du clonage, même si Dolly la première brebis clonée était déjà née. Cela m’a donc fortement touchée.
Où qu’il aille, il n’est jamais qu’un clone, un moins-que-rien
L’histoire est celle de Matt, un jeune clone qui ne vit et n’est éduqué que pour le plaisir qu’a son patron à l’observer et à constater son intelligence — puisqu’il s’agit de son double, le patron s’observe et s’admire en réalité lui-même. Matt pense que le boss le garde en vie pour lui offrir le domaine à sa mort, mais la réalité est tout autre… Le héros devra se battre pour survivre, mais également pour être accepté : où qu’il aille, il n’est jamais qu’un clone, un moins-que-rien, un même-pas-vraiment-humain.
L’histoire est d’une tristesse à fendre les coeurs les plus endurcis, car partout où il va, Matt est confronté à la haine et au harcèlement, il est dénigré et son existence ne lui appartient pas réellement. Les quelques personnes auxquelles il s’attache et dont il reçoit l’amour en retour n’ont aucun pouvoir et sont elles-mêmes méprisées. La vie qui s’offre à Matt n’en est pas vraiment une ; il n’est pas libre. Mais je vous laisse découvrir son incroyable destin par vous-mêmes…
Personne n’a le droit de décider à votre place de ce que vous allez devenir
J’ai beaucoup appris avec ce livre sur la valeur de la liberté, sur le droit à disposer de son propre corps, sur la douleur de ne pas être aimé•e, aussi. La peine intrinsèque d’un être qui n’a été conçu que par utilité, dans un but précis et non pour lui-même. Avec ce roman si puissant, j’ai appris que chacun•e a le droit de prendre le contrôle de sa propre vie, de vivre pour lui-même ou elle-même, et que personne n’a le droit de décider à votre place de ce que vous allez devenir.
C’est là un principe qui paraît évident, mais qui est encore aujourd’hui foulé aux pieds. Qui peut dire qu’il/elle est vraiment libre, qu’il/elle dispose réellement de son propre corps ? Sans être un clone, tant de gens tentent de disposer de notre existence à notre place, de réclamer un droit sur notre avenir, au point que je me sens parfois prisonnière, moi aussi.
Je prends cette histoire non seulement comme une dystopie et une injonction à la prudence concernant le clonage, mais aussi, avec le recul, comme une ode à la liberté et le récit du combat d’un jeune homme pour le droit à être sa propre personne. Un roman magnifique, troublant, désespérant et en même temps plein d’espoir, d’amour et de cruauté à la fois. Un livre que je garderai toujours à l‘esprit tandis que je regarde le futur du monde se dérouler devant mes yeux.
Vous pouvez acheter ce beau roman chez le libraire près de chez vous, à la Fnac (et même en format ebook), ou sur Amazon.
La Trilogie des Elfes, de Jean-Louis Fetjaine
Changeons de monde et passons à la fantasy. Voilà une série bien trop peu connue, que j’aime d’amour, que je recommanderai à tou•te•s les fans de légendes celtiques et de chants guerriers. Cette trilogie revisite les légendes de Brocéliande, en en écrivant la préquelle, en quelque sorte. Elle remonte aux origines des guerres entre elfes et nains, à la source de l’alliance de ceux-ci avec les hommes pour combattre les monstres. Jean-Louis Fetjaine y raconte ces temps immémoriaux où les elfes n’étaient pas qu’une légende, mais l’un des quatre peuples à qui la déesse de la Nature avait offert un talisman.
Les origines des légendes qui courent encore parmi les hommes
Les trois romans racontent l’histoire des quatre peuples, l’amour inénarrable, la cruauté de la guerre, les rivalités entre elfes, hommes et nains, le goût métallique de la vengeance, celui, amer, des trahisons… Les origines des légendes qui courent encore parmi les hommes, aujourd’hui que ceux-ci dominent le monde et l’ont désenchanté.
L’histoire est tantôt narrée du point de vue d’un homme, tantôt de celui d’une elfe, conte le fruit de leurs tentatives pour sauver leurs peuples respectifs, pour préserver leur honneur, leurs tentatives de survie, tout simplement… la recherche du bonheur, de l’assouvissement de la vengeance, et comment ils apprennent petit à petit à faire confiance, à se lier avec avec des êtres qu’ils n’auraient jamais pensé approcher.
Vous apprendrez à questionner vos croyances les plus anciennes
Avec cette trilogie vous plongerez dans un monde réenchanté, de retour en des temps immémoriaux, vous serez touché•e•s au plus profond de votre coeur, et vous apprendrez à questionner vos croyances les plus anciennes. Que devient un homme (ou un elfe) lorsqu’il s’éloigne à tout jamais des siens, lorsqu’il renie tout ce en quoi il a toujours cru, lorsqu’il pactise avec le diable pour mieux le combattre ? Qui est-il lorsqu’il a tué, lorsque ses mains sont tachées du sang de tant de créatures, lorsqu’il perd la tête par soif de vengeance ? Amour, sexe, guerres, amitié, trahison, légendes celtiques de Brocéliande… tout y est !
Je ne peux que vous laisser à la merci de la plume enchanteresse de Jean-Louis Fetjaine, plus efficace qu’un philtre d’amour, plus troublante que la magie dévoilée devant vos yeux, plus douce qu’un subtil poison. Lisez… et vous serez perdu•e•s. Mais ne vaut-il pas la peine de se perdre lorsque c’est pour une telle beauté ?
Vous pouvez acheter l’intégrale chez votre libraire, à la Fnac, ou sur Amazon.
Alors, tenté•e•s par la librairie la plus proche ?
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