Bon nombre d’entre vous partiront en vacances cet été ou en week-end chez, au choix, les parents, des amis ou la Tata Micheline, celle qui a les joues qui piquent et une haleine de vieille fraise.
Pour faire le trajet, selon la distance à parcourir, on peut bien sûr choisir la voiture, le vélo, la trottinette, le skateboard ou l’avion. Mais au final, rien ne vaut le train. Parce qu’on n’a rien à faire, que l’embarquement est rapide, et qu’il y a moins de chance de voir son voisin faire une crise de panique.
Bien sûr, c’est plus long qu’en prenant l’engin qui vole haut dans les cieux, mais on n’a pas à transférer son shampoing et gel douche dans des petits flacons, ni à jeter notre bouteille d’eau à l’entrée, ni à attendre pendant des heures sa carte d’embarquement dans la main. Définitivement, malgré les retards et le prix, je suis de la team train.
Pour passer le temps, nous sommes nombreuses à partir avec quelques films à regarder pendant le trajet qui s’éternise. Oui mais voilà : lesquels choisir ? Voici une sélection qui te donnera peut-être une petite idée.
Notons que regarder un film dans le train peut s’avérer gênant : tout le monde ne supporte pas l’idée de montrer à son voisin une scène à caractère sexuel sur son écran, ou un passage violent, surtout si le voisin en question est un enfant (après il pleure et ses parents crient et c’est le pugilat, et tout le monde se tape. Tu ne voudrais pas que tout le monde se tape, n’est-ce pas ?) Cette sélection est donc garantie relativement SFT (safe for train), même s’il est possible qu’on y voit un doigt léché ou un jet de sang mignon. S’agirait pas non plus de te proposer de regarder Babar.
À bord du Darjeeling Limited, de Wes Anderson (2007)
Que serait une sélection de films pour prendre le train sans une référence au film que Wes Anderson a réalisé en 2007 ? Un non-sens. Ce serait comme arriver en UGG à la plage.
L’intrigue même du film repose sur les voyages en wagon, puisque trois frères tentent de renouer des liens après la mort de leur père à bord du Darjeeling Limited, qui n’est autre – suspens – qu’un train. C’est drôle et touchant, c’est beau, c’est puissant, ça sue du Wes Anderson par tous les pores. Surtout, ça met le coeur en liesse, et quand on est complètement saoulée par les gens aux alentours (surtout quand, une heure avant l’heure légale du repas, ils sortent un sandwichs au pâté), ce genre de films est salutaire.
L’inconvénient (car, oui, il y en a) c’est qu’À bord du Darjeeling Limited
te donnera peut-être un peu trop d’énergie et que tu seras frustrée à l’idée de ne pas pouvoir courir dans tous les sens (faire des allers-retours dans un wagon, mine de rien, ça restreint les limites du possible).
Eternal Sunshine of a spotless mind, de Michel Gondry (2003)
Les voyages en train, c’est stressant : il y a du monde autour de toi, des bébés qui pleurent, des animaux qui chouinent, des gens qui respirent des haleines plus ou moins fraîches, et en plus, ça met Grand Corps Malade dans la tête.
Je me devais de faire apparaître Eternal sunshine dans cette sélection. Déjà parce que le film commence plus ou moins sur un quai de gare et dans un train. De quoi largement fantasmer son propre trajet, en croyant soudain aux rencontres improbables intra-wagons.
Mais surtout, SURTOUT ce film m’apaise. Il est comme de l’Apaisyl sur les piqures de moustiques que j’ai grattés à sang, il est comme un verre de lait avalé après avoir mangé trop de piment. Il me fait du bien et me redonne de l’amour en mon dedans chaque fois que je ressens un pic de haine. Alors oui, c’est du vu et revu, mais c’est un des meilleurs films-pommade du monde.
Une femme disparaît, d’Alfred Hitchock (1938)
Dans un train rempli d’espions qui part d’Europe centrale, une femme réalise qu’une autre a disparu. Toutes deux sont britanniques et elles se sont rencontrées la veille. Elle se met alors à la chercher, et tout le monde semble essayer de lui faire comprendre qu’elle a peut-être bien bugué, et que la disparue, en réalité, n’existe pas. Personne ne se rappelle d’elle, ou tout le monde fait semblant pour de sombres raisons ?
En tout cas, y a une grosse ambiance.
Si tu aimes frissonner un poil sans forcément faire des bonds de mille mètres toutes les trente secondes, ce bon vieil Hitchock des familles devrait te convenir. C’est excessivement divertissant, et tu ne regarderas pas forcément tes voisins de voyage de la même façon après l’avoir visionné entre deux gares.
La nouvelle vie de Monsieur Horten, par Bent Hamer (2007)
Monsieur Horten est un conducteur de train qui s’apprête à partir à la retraite après avoir fait traverser sa machine sur la même ligne pendant plusieurs décennies. Tout le prédispose à continuer à vivre sans surprise ni imprévu, mais évidemment, les choses ne vont pas se passer comme prévu et la fin de carrière du héros va partir en double flip arrière sans qu’on comprenne comment et sans qu’on réussisse forcément à faire le lien entre toutes les péripéties qui lui tombent sur le pif.
Un film complètement loufoque et décalé, aussi faussement léger que vraiment intriguant, qui nous fait perdre nos repères et change notre perception des conducteurs et contrôleurs de train : ils ont un boulot assez redondant à les voir faire de l’extérieur, mais ils peuvent eux aussi, avec l’aide d’un scénario complètement fou, devenir les héros d’oeuvre cinématographique en tout genre.
Le Pôle Express, de Robert Zemeckis (2004)
Mais alors là, c’est seulement si la clim est pétée dans ton wagon et que tu as besoin de te rafraîchir l’aisselle avec une joviale ambiance de Noël.
Et toi, quels sont les films que tu aimes regarder dans le train plus qu’ailleurs ?
Les Commentaires
C'est toujours agréable de savoir qu'on peut rencontrer l'homme de sa vie dans le train