Le 25 mai dernier, George Floyd, un noir-américain de 46 ans, est décédé lors d’une arrestation très violente dans le Minnesota.
Et si c’est loin d’être la première fois qu’une « bavure policière » provoque la mort d’une personne noire, les réactions d’indignation suscitées par cet évènement ont pris une ampleur sans précédent.
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L’occasion de redonner de la visibilité à ces films qui déjà dénonçaient les violences policières et le racisme à l’égard de la communauté afro-américaine mais qui méritent de résonner encore davantage aujourd’hui.
The Hate U Give, le film qui donne envie de s’engager
https://www.youtube.com/watch?v=q8w393pVACI
The Hate U Give, ça parle de quoi ?
The Hate U Give, c’est l’histoire de Starr, une jeune femme dont le meilleur ami, lui aussi noir, est abattu par un policier blanc. Un meurtre dont Starr est le seul témoin oculaire.
Dès lors va naître chez elle l’envie d’un combat qui la forcera à s’interroger sur sa considération de la justice, sur ses propres limites et sur son engagement…
Pourquoi faut-il voir The Hate U Give ?
The Hate U Give – La Haine qu’on donne est un film puissant qui pose son regard sur les violences policières et leurs conséquences.
Le réalisateur George Tillman Jr. a eu à cœur de livrer un récit juste, au plus près du roman éponyme d’Angie Thomas dont est tiré le film.
Il s’empare ainsi de sujets importants dont les violences policières, le racisme, la ghettoïsation, sans oublier le passage de l’adolescence à l’âge adulte.
Des thématiques denses qui font de son film une œuvre socialement primordiale, et donnent immédiatement envie, à l’image de Starr, de s’engager pour une cause, de vivre le poing levé.
Impossible de sortir de The Hate U Give – La Haine qu’on donne sans avoir envie de prendre la parole, d’oser dire ses opinions tout haut pour faire bouger les choses.
BlacKkKlansman, l’histoire folle du flic infiltré au sein du Klu Klux Klan
https://www.youtube.com/watch?v=ZzNM_4UjD1c
BlacKkKlansman, ça parle de quoi ?
Inspiré d’une histoire vraie, BlacKkKlansman oscille doucement entre thriller et film politique.
Publiées en 2014, les mémoires de Ron Stallworth ont servi de base au nouveau film Spike Lee (Malcolm X).
Dans BlacKkKlansman, John David Washington et Adam Driver sont Ron Stallworth et Flip Zimmerman, deux officiers de police qui, dans le cadre d’une mission, infiltrent les rangs du KKK.
Pourquoi faut-il voir BlacKkKlansman ?
Ce film hommage à la blaxploitation se veut aussi divertissant qu’informatif et critique. Et ça marche.
Dedans, le réalisateur n’hésite pas à envoyer quelques piques à Trump, en établissant des parallèles entre David Duke, le fondateur du KKK et le président américain.
Pamphlet anti-racisme, BlacKkKlansman est dédié à la jeune Heather Heyer, décédée à Charlottesville, le 12 août 2017 lors d’un rassemblement de plusieurs factions racistes.
Le film a bouleversé le festival de Cannes en 2018 et a, sans surprise, remporté le grand prix.
Kalindi en a d’ailleurs fait une critique en vidéo qui saura finir de te convaincre !
https://www.youtube.com/watch?v=WxLmxtIm3D0
Get Out, le film d’horreur moderne et anti-raciste
https://www.youtube.com/watch?v=tygbmB7TrsA
Get Out, ça parle de quoi ?
Get Out, c’est l’histoire de Chris (Daniel Kaluuya), un photographe afro-américain, qui se rend rencontrer les parents de Rose, sa petite amie blanche, pour la remière fois à l’occasion d’un week-end dans leur résidence à la campagne.
Mais une fois sur place, Chris se rend compte qu’au-delà du racisme ordinaire auquel il s’est malheureusement préparé, quelque chose ne tourne pas rond. L’endroit lui semble hostile… et tout devient de plus en plus étrange.
Pourquoi faut-il voir Get Out ?
Jordan Peele, le réalisateur, est très impliqué contre le racisme.
C’est un sujet qu’il évoque fréquemment dans son travail et il peut y amener sa propre expérience puisqu’il est lui-même afro-américain.
Ce qui est intéressant dans le film, c’est qu’il montre l’aspect insidieux du racisme ordinaire. Bien avant que Chris ne bascule dans l’horreur, il est victime de constantes micro-agressions.
Le racisme ne porte, dans Get Out, ni cagoule du Ku Klux Klan, ni fouet à la main. Il se love dans des idées reçues, des phrases toutes faites, des références aux aptitudes supposées des Afro-Américain·es en matière de sport, et même… à la taille de leur pénis.
Même si Chris est un garçon bien sous tous rapports, le monde autour de lui le renvoie constamment à sa couleur de peau.
En tant que spectateur ou spectatrice, on est sans cesse entre deux eaux. Scandalisé·e à juste titre par les micro-agressions subies par Chris. Inquiet·e à l’idée de ce qui peut lui arriver.
Et surtout indécis·e, tant il est parfois difficile de différencier le racisme quotidien de la menace mortelle.
Green Book, le film anti-raciste 3 fois oscarisé
https://www.youtube.com/watch?v=q1D0oB6-IfQ
Green Book, ça parle de quoi ?
Green Book un film humaniste de Peter Farrelly, inspiré d’une histoire vraie.
En 1962, alors que règne la ségrégation, Tony Lip, un videur italo-américain du Bronx, est engagé pour conduire et protéger le Dr Don Shirley, un pianiste noir de renommée mondiale, lors d’une tournée de concerts.
Durant leur périple de Manhattan jusqu’au Sud profond, ils doivent se confronter aux humiliations, perceptions et persécutions, tout en devant trouver des établissements accueillant les personnes de couleurs, recensée dans le fameux Green Book.
Pourquoi faut-il voir Green Book ?
Même s’il aborde thématiques sociétales graves, Green Book est un film étonnamment drôle et pacifiste, éminemment optimiste et feel-good.
Le Dr Don Shirley essaie constamment d’apprendre à son chauffeur et ami que la violence n’est JAMAIS la solution.
Seule la dignité peut faire évoluer les mentalités des hommes. En bref, le film relaye une belle leçon de vie et une belle morale !
L’année dernière, à la surprise de (presque) tout le monde, c’est Green Book qui avait dominé la compétition avec 3 Oscars dont Meilleur film.
Selma, le film indispensable sur le combat de Martin Luther King
https://www.youtube.com/watch?v=TUqqQ_xfEJo
Selma, ça parle de quoi ?
Selma est le récit des événements historiques ayant eu lieu dans la ville d’où sont parties trois Marches en faveur des droits civiques, en 1965.
Mais c’est aussi la représentation du rôle qu’a joué Martin Luther King qui trouve dans la petite ville de Selma le théâtre parfait pour orchestrer ces manifestations pacifiques, et faire pression sur le Président, Lyndon Johnson, pour le pousser à renforcer le Civil Right Act.
Pourquoi faut-il voir Selma ?
Le film retrace sans romance le déroulé d’événements devenus historiques, avec tout ce qu’ils comportent de coïncidences et de hasard.
Selma est bien sûr un hommage au combat de Martin Luther King, mais ce serait une erreur de le réduire à cela. Ana DuVernay, la réalisatrice, a trouvé l’équilibre parfait d’un biopic qui n’est pas égocentré.
En effet, il fait la part belle à tous ceux et toutes celles qui ont contribué à donner à ce mouvement l’élan qu’il a connu. Et si le pasteur King en est la figure incontournable, il était loin d’en être le seul pilier !
Les femmes, grandes oubliées de l’Histoire, occupent une place de choix dans celle-ci.
Annie Lee Cooper. Amelia Boynton. Diane Nash. Des noms méconnus, inconnus : ceux de femmes qui ont joué un rôle aussi important que les révérends Williams, Orange, Reese, Abernathy, qui ont marché dans les premiers rangs aux côté du Dr King.
Blindspotting, le film drôle, percutant et ultra-moderne
https://www.youtube.com/watch?v=zoMSidYfJIc
Blindspotting, ça parle de quoi ?
Blindspotting est l’histoire de Collin, qui attend que sa liberté conditionnelle prenne fin.
En attendant de retrouver une vie normale, il travaille comme déménageur avec Miles, son meilleur ami, dans un Oakland en pleine mutation.
Mais lorsque Collin est témoin d’une terrible bavure policière, c’est un véritable électrochoc pour le jeune homme. Il n’aura alors plus d’autre choix que de se remettre en question pour prendre un nouveau départ.
Pourquoi faut-il voir Blindspotting ?
Réalisé par Carlos Lopez Estrada (son premier long-métrage) sur un scénario travaillé durant 10 ans par Daveed Diggs et Rafael Casal (qui interprètent également les deux personnages principaux), le film fait penser à BlacKkKlansman de Spike Lee puisqu’il utilise également la dérision pour porter des sujets sensibles et sérieux.
Le rap est également utilisé de façon originale et permet aux personnages d’exprimer leurs émotions et leurs ressentis face à certaines situations.
Blindspotting dénonce non seulement les violences policières racistes mais traite aussi avec brio des dégâts psychologiques et des traumatismes que celles-ci peuvent laisser.
Queen and Slim, une histoire de racisme et de politique mais surtout d’amour
https://www.youtube.com/watch?v=u5XWh0XoHvY
Queen and Slim, ça parle de quoi ?
En Ohio à la suite d’un rendez-vous amoureux, deux jeunes afroaméricains qui se rencontrent pour la première fois sont arrêtés pour une infraction mineure au Code de la route.
La situation dégénère de manière aussi soudaine que tragiquement banale quand le jeune homme abat en position de légitime défense le policier blanc qui les a arrêtés.
Sur la route, ces deux fugitifs malgré eux vont apprendre à se découvrir l’un l’autre dans des circonstances si extrêmes et désespérées que va naître un amour sincère et puissant révélant le cœur de l’humanité qu’ils partagent et qui va changer le reste de leur vie.
Pourquoi faut-il voir Queen and Slim ?
Le premier long métrage de Melina Matsoukas est bien plus qu’une œuvre politique.
Avec un fait divers extrêmement violent comme point de départ, l’histoire de ces deux jeunes gens se transforme rapidement en une véritable épopée qui dénonce et donne à réfléchir.
Alors même que le couple a agit en légitime défense, il se sait condamné et se dit que la fuite est préférable à la justice de l’Ohio devant laquelle il n’aura strictement aucune chance.
La réalisatrice dénonce ainsi le racisme institutionnel tout en apportant un beau message d’amour et d’humanité.
Car Queen and Slim est aussi et surtout une histoire d’amour sublime et percutante.
Le propos est engagé, l’esthétique soignée, les acteurs (dont Daniel Kaluuya, eh oui encore lui) crédibles. Bref, Slim and Queen vaut le détour.
La Voie de la justice, le sublime plaidoyer contre la peine de mort
https://www.youtube.com/watch?v=mTZG5pfsx9A
La Voie de la justice, ça parle de quoi ?
La Voie de la justice relate le combat historique du jeune et brillant avocat diplômé de Harvard, Bryan Stevenson.
Après ses études, le jeune avocat tourne le dos à la carrière qui lui tend les bras pour revenir en Alabama et défendre ceux qui ont été condamnés à tort, avec le soutien d’une militante locale, Eva Ansley.
Un de ses premiers cas – le plus incendiaire – est celui de Walter McMillian qui, en 1987, est condamné à mort pour le meurtre retentissant d’une jeune fille de 18 ans. Et ce en dépit d’un grand nombre de preuves attestant de son innocence et d’un unique témoignage à son encontre provenant d’un criminel aux motivations douteuses.
Au fil des années, Bryan se retrouve empêtré dans un imbroglio de manœuvres juridiques et politiques. Il doit aussi faire face à un racisme manifeste et intransigeant alors qu’il se bat pour Walter et d’autres comme lui au sein d’un système hostile.
Pourquoi faut-il voir La Voie de la justice ?
Sorti en janvier dernier, La Voie de la justice est le film le plus récent de ce top.
Inspirée de l’histoire vraie de Bryan Stevenson, le film souligne les inégalités subies par les Afro-américains et le racisme d’état dont ils sont victimes.
Porté par Michael B. Jordan, Jamie Foxx et Brie Larsson (tous les deux lauréats aux Oscars), La Voie de la justice s’impose comme le digne successeur de La Ligne Verte.
C’est un film rare et puissant qui révolte car met le doigt sur beaucoup trop de choses qui dérangent et font mal à notre humanité. Il s’agit aussi d’un sublime et solide plaidoyer contre la peine de mort.
Et c’est en cela qu’il est aussi nécessaire.
Par Kalindi –
Si Beale Street pouvait parler, l’amour derrière les barreaux
Si Beale Street pouvait parler, ça parle de quoi ?
L’intrigue de Si Beale Street pouvait parler se déroule à Harlem, dans les années 70. Tish et Fonny s’aiment depuis des années et projettent de devenir mari et femme.
Alors qu’ils s’apprêtent à avoir un enfant, le jeune homme, victime d’une erreur judiciaire, est arrêté et incarcéré. Avec l’aide de sa famille, Tish s’engage dans un combat acharné pour prouver l’innocence de Fonny et le faire libérer…
Pourquoi faut-il voir Si Beale Street pouvait parler ?
Réalisé par Barry Jenkins, à qui l’on devait déjà le superbe et oscarisé Moonlight, Si Beale Street pouvait parler est la libre adaptation d’un roman bouleversant de James Baldwin, auteur qui analysait dans ses travaux les tensions raciales dans l’Amérique du milieu du XXème siècle.
Bouquin que j’ai lu au lycée et dont j’étais impatiente de voir une version cinématographique, et celle-ci ne m’a déçue en rien, car elle capture l’histoire difficile de ces amants avec beaucoup de délicatesse, sans jamais tomber dans le pathos.
Via des flash-backs, on découvre les dessous de l’arrestation de Fonny, qui avait tout à voir avec le racisme.
Si Beale Street pouvait parler, s’il place son récit dans les années 70, est tristement actuel.
Detroit, le film violent qui a fait débat
Detroit, ça parle de quoi ?
Les États-Unis, en 1967, connaissent une vague d’émeutes sans précédent. La guerre du Vietnam vécue comme une intervention néocoloniale et la ségrégation raciale nourrissent la contestation.
À Detroit, alors que le climat est insurrectionnel, des coups de feu détonnent en pleine nuit à proximité d’une base de la Garde nationale. Les forces de l’ordre encerclent l’Algiers Motel d’où semblent provenir les détonations.
Bafouant toute procédure, les policiers soumettent plusieurs clients noirs de l’hôtel à un interrogatoire sadique pour récolter des aveux.
Interrogatoire au terme duquel trois hommes, non armés, sont abattus à bout portant…
Pourquoi il faut voir Detroit ?
Detroit est sorti en 2017 et s’est très vite retrouvé dans toutes les bouches.
Et pour cause, ce film de Kathryn Bigelow explore des évènements historiques sinistres, d’une violence sans nom. Mais pas seulement !
Le film a en réalité pas mal divisé les critiques et le public car sa créatrice aurait omis certains détails importants de l’Histoire et aurait pris pas mal de raccourcis avec la réalité.
Sa légitimité, en tant que réalisatrice blanche issue de milieu privilégié, a aussi pas mal été remise en question.
Detroit a donc été au cœur du débat cinématographique et historique pendant plusieurs semaines.
Que l’on soit en accord ou non avec les intentions de Kathryn Bigelow, son dernier film en date avait en tout cas pour mérite de vouloir dénoncer les violences policières.
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Cette liste, chère lectrice, n’est bien sûr pas exhaustive et nombreuses sont les œuvres qui pourraient également y trouver leur place.
Sans parler des documentaires et des séries, qui pourraient avoir leur propre top 10.
Et toi, y a-t-il une œuvre qui t’a permis de mieux comprendre le racisme et les violences policières aux États-Unis ?
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