On a tous en tête des films, des livres, des disques, qui nous laissent sur le palais un petit goût tout doux. L’histoire prend fin et tout à coup, on se rend compte qu’on est tout simplement rempli-e de bonheur. Il y a ce sourire aux lèvres qui ne nous quittent plus, nos soucis qui sont allés se planquer quelques temps dans un coin, et ce sentiment de flotter sur un petit nuage. Il n’y a parfois pas de raison précise, pas de happy end grandiose ou de morale ultra positive, juste que l’œuvre qu’on vient de voir, de lire, d’écouter, est tellement blindée d’ondes positives qu’on ne peut qu’en sortir un peu changé-e, du genre à voir la vie plus belle, plus douce.
Et au rayon BD, forcément, il y a des titres de ce genre-là. Des BD toutes jolies, aux effets un peu anti-dépresseur. En voici une petite sélection (trois BD européennes, un comics, et deux mangas) même si, bien entendu, la liste est loin d’être exhaustive….
Les Petits Ruisseaux, de Pascal Rabaté (éditions Futuropolis)
Je me souviens encore précisément de ce sentiment incroyable qui m’a envahie, tout à coup, quand j’ai refermé Les Petits Ruisseaux. Sans mentir, j’ai dû sourire sans m’arrêter pendant des heures.
C’est l’histoire d’un petit vieux qui vivote depuis la mort de sa femme. Le bistrot le matin, la pêche l’après-midi, le 20h de TF1. Chaque jour, la même routine, sans même jamais se demander s’il est heureux, ou se dire qu’il pourrait faire autre chose de ses journées. Et puis un jour, il prend conscience qu’il est vivant, en fait, qu’être vieux ça ne veut pas dire attendre sa mort, en se disant que notre vie est déjà derrière nous. Alors il décide de réapprendre à vivre. Parce qu’au fond, avoir des rides et aimer la pêche, ça n’empêche pas d’être rock’n’roll.
Les Petits Ruisseaux, c’est une grosse claque. Une histoire bourrée d’humour, débordante d’humanité et de joie de vivre. Et puis il y a le dessin si particulier de Rabaté, très doux, très tendre, tout en simplicité, sublimé par une colorisation pleine de finesse.
Ce que nous dit cette bande dessinée, c’est de vivre, vraiment. De ne pas se reposer sur ses acquis, se contenter de peu. Prendre des risques, faire des folies, et savourer chaque minute de notre existence. Parce que peut-être que ça sera la dernière, peut-être pas, mais que rien ne nous autorise à la gâcher.
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Lydie, de Zidrou et Joris Lafèbre (éditions Dargaud)
J’ai eu peur de lire Lydie. Peur de pleurer toutes les larmes de mon corps, et de mettre des jours à me remettre du drame que j’allais y découvrir. Et puis en fait, c’est une des plus jolies histoires que j’ai jamais lues…
Camille est une gentille fille, un peu simplette, qui perd son bébé à la naissance. Les habitants de son quartier l’aiment beaucoup, mais ne savent pas comment l’aider à se remettre de cette épreuve. Et puis un jour, Camille vient leur expliquer, tout sourire, que sa petite fille est revenue.
Je ne vous en dirai pas plus, ça serait vous gâcher tout le plaisir. Mais vraiment, n’ayez pas peur de vous plonger dans ce petit bijou. C’est beau, c’est tendre, c’est doux, comme un câlin réconfortant. C’est une histoire sur la mort, et pourtant c’est une BD pleine de vie et d’amour, écrite par le génial Zidrou, qui à chaque fois manie les mots avec immensément de talent. Le dessin de Jordi Lafèbre est magnifique, et les couleurs, un peu passées, teintent l’histoire de nostalgie. Lydie bouleverse, retourne la tête et le cœur, et s’ancre au plus profond de nous. Et pendant que l’on est traversé-e par mille émotions incroyables, c’est comme si, page après page, on se remplissait de sourires et de bonheur.
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Le Trop Grand Vide d’Alphonse Tabouret, de Sybilline, Capucine et Jérôme Aviau (éditions Ankama)
Alphonse Tabouret est un petit bonhomme qui vient de naître, au milieu d’une forêt. Un monsieur le prend sous son aile, et lui apprend tout ce qu’il sait. Puis il lui demande quelque chose en échange, mais Alphonse n’a rien à lui donner. Le monsieur s’en va, Alphonse est seul. Alors il se met à marcher à travers la forêt, y fait des rencontres, des découvertes. Il apprend, évolue, grandit. Et nous aussi.
Cette BD tout public, toute en simplicité, émerveillera petits et grands. Le dessin est à la fois épuré et pleins de détails. Chaque créature est adorable, chaque décor est un vrai voyage. L’humour se trouve partout, dans les mots, comme dans les situations. Il est ici question d’amitié et d’amour, de séparations et de rencontres, de différences et de liens qui se créent. C’est parfois un peu triste, mais le petit Alphonse, qui porte sur le monde un regard tout neuf, plein de soif d’apprendre et de naïveté, nous donne envie de regarder, pour toujours, le monde avec les mêmes yeux que lui.
C’est une petite histoire sans prétention qui, pourtant, fait un bien fou.
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Daytripper, de Fábio Moon et Gabriel Bá (éditions Urban Comics)
Celui-ci, je vous en ai parlé il y a peu de temps, puisque j’ai eu l’occasion d’interviewer ses auteurs à Angoulême. Mais je ne pouvais pour autant l’exclure de cette sélection !
Daytripper relate, à chaque chapitre, la mort du héros, Bras, à un moment différent de son existence. À chaque fois, le personnage arrive à un cap important de sa vie, mais il meurt avant que celui-ci ne s’achève.
Là encore, on voit venir la déprime, puisque ça cause de mort toutes les cinq minutes. Mais bien au contraire, les géniaux frères Bá et Moon réussissent à transformer cette histoire en hymne à la vie. Les auteurs nous encouragent avec simplicité à vivre pleinement chaque jour, à ne pas laisser la place aux regrets. Consacrer du temps aux gens qu’on aime, et à sa passion. Ce message a beau ne pas être nouveau, la manière dont il est amené ici fait vraiment, vraiment du bien. C’est comme si, en refermant le livre, on se sentait tout à coup empli de courage et de détermination, pour profiter pleinement de la chance d’être en vie.
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Yotsuba, de Kiyohiko Azuma (éditions Kurokawa)
Aaaaah, Yotsuba ! Quiconque a déjà croisé cette petite fille a forcément craqué pour ses aventures. Pour ma part, je pourrais relire ce manga des centaines de fois sans me lasser, et finir à chaque fois les larmes aux yeux d’avoir trop ri.
Yotsuba est donc, au début de l’histoire, une petite fille de 5 ans, qui emménage dans un petit quartier résidentiel avec son père. Elle est aussi curieuse que sociable, et se lie très vite d’amitié avec les trois filles de ses voisins, plus grandes qu’elle mais qui prennent plaisir à lui faire découvrir pleins de choses. Il n’y a aucune histoire folle, aucune aventure dingue. Juste le quotidien, revisité à la sauce Yotsuba. Tout est prétexte à des jeux, et la moindre promenade prend une grande importance, à travers ses yeux d’enfant.
Le dessin est, lui, simple, rond, doux, mais les personnages sont très expressifs, et l’auteur sait aussi rendre le côté majestueux des décors, quand ils provoquent l’émerveillement de la petite héroïne.
Culte au Japon, cette série est une bouffée d’oxygène. C’est mignon, rafraîchissant, et hilarant. Et, tome après tome, ça fait un bien fou.
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Barakamon, de Satsushi Yoshino (éditions Ki-Oon)
Barakamon, c’est mon dernier énorme coup de cœur. Et vraiment vraiment, je vous invite à découvrir cette série géniale. En japonais, Barakamon signifie « avoir la pêche », et aucun titre ne pouvait mieux correspondre. En le lisant, j’ai eu l’impression qu’on avait mis Yotsuba et le tout aussi génialissime Manabé Shima dans un shaker, et que je tenais entre mes mains le résultat.
Seishû Handa est un jeune calligraphe très réputé. Après une critique assez dure faite à son travail, il a légèrement pété les plombs, et son père l’envoie se rafraîchir les idées sur une petite île, loin de l’agitation de Tokyo. Lui qui comptait sur cette mise au vert pour se lancer à corps perdu dans le travail va vite déchanter. Naru, petite fille espiègle et débordante d’énergie se prend d’affection pour lui, et ne va pas le laisser tranquille une minute.
Le sujet de la calligraphie, même s’il est traité de manière très intéressante, est surtout un prétexte pour nous plonger dans le quotidien de cette petite île japonaise. Et pour tou-te-s ceux et celles qui ont lu Manabé Shima, vous allez y retrouver cette même atmosphère particulière, ces décors incroyables et ces personnages farfelus. La vie sur les petites îles de l’archipel semble évoluer à un rythme doux et apaisant (qui donne très envie d’aller y passer quelques mois, histoire de réapprendre à prendre son temps). Et puis il y a Naru, cousine de Yotsuba, à n’en pas douter. Chacune de ses tirades est à hurler de rire, elle s’émerveille d’un rien et fait absolument n’importe quoi. Elle veut que Seishû lui enseigne la calligraphie mais c’est finalement lui qui apprendra le plus à son contact. Notamment qu’il ne faut pas avoir peur d’être soi-même, si l’on veut être pleinement heureux.
L’histoire évolue lentement, comme la vie sur l’île, mais il y a Naru, véritable tornade, qui fait qu’on ne s’ennuie pas une seconde. Et puis une ribambelle d’autres personnages tout aussi géniaux vont très vite arriver dans le récit.Le dessin est plutôt classique, mais très joli. Ce concentré de bonne humeur est à mettre, absolument, entre toutes les mains.
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Et vous, quelles sont les BD qui vous ont rendu-e-s heureu-x-ses ?
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