Je me suis souvent demandé quels étaient les secrets des gens heureux. Comment on fait pour se lever le matin le sourire aux lèvres, pour passer toute une journée sans être contrarié•e, pour que le bilan de fin de journée soit toujours positif.
Et puis j’ai arrêté de me la poser. Je crois que je m’étais habituée à être juste « OK », pas franchement dans l’euphorie mais pas malheureuse non plus. Sauf que depuis les attentats de Charlie Hebdo, du 13 novembre, et plus récemment de Nice, la question m’est revenue.
Parce que j’ai de plus en plus de mal à trouver de la satisfaction dans mon quotidien quand les journaux, les télés, les radios, les réseaux sociaux m’inondent de violence et de terreur à longueur de temps.
Alors je me suis remise à chercher la recette du bonheur.
Une bonne louche d’insouciance…
Le premier ingrédient était facile à trouver, parce que j’ai déjà été heureuse dans ma vie : quand j’étais enfant. La principale différence entre mon moi enfant et mon moi adulte, c’est l’insouciance !
Quand j’avais huit ans, mes principaux problèmes se résumaient à savoir ce que j’allais manger au prochain repas, et comment j’allais occuper mon temps jusque-là.
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Oui, quand j’étais enfant, j’étais un chat. En tout aussi insolent et hautain, je vous rassure.
Quand j’avais huit ans, mes principaux problèmes se résumaient à savoir ce que j’allais manger au prochain repas.
C’était un temps où je ne me laissais jamais inquiéter par aucun problème, soit parce que je n’en avais pas conscience — franchement, la chute du cours du dollar ne m’empêchait pas de dormir (et au fond, aujourd’hui non plus !) —, soit parce que je ne faisais pas le lien entre un problème et mon bien-être.
Typiquement : « Dépêche-toi, on va être en retard ! »… et ? On va donc arriver plus tard que prévu. Pourquoi c’est un problème ? Enfin, en quoi ça influence mon bien-être ?
Évidemment, à l’âge adulte, on comprend plus facilement toutes les implications négatives que le problème « être en retard » peut amener. Du coup, c’est beaucoup plus dur de ne pas se laisser affecter.
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Je le sais bien, je suis la première à grincer des dents dès que je sens que je risque de peut-être éventuellement être potentiellement en retard quand j’ai un quelconque impératif.
… ou plutôt : lâcher prise et prévoyance
L’insouciance, à l’âge adulte, ça peut prendre différentes formes. Je ne vais pas recommander l’irresponsabilité comme recette du bonheur, parce que ça peut très vite créer plus de problèmes que ça n’en évite. En revanche, on peut être prévoyant•e et lâcher prise — ou encore mieux : combiner les deux.
La prévoyance permet de se prémunir contre les tuiles du quotidien, facilement évitables ou réparables. Par exemple, emporter un parapluie en sortant de chez soi quand le ciel est gris, c’est de la prévoyance.
Peut-être qu’il ne pleuvra pas, mais s’il pleut, tu ne seras pas trempé•e en arrivant à la fac/au bureau et tu ne passeras pas les deux prochaines heures à maugréer que t’aurais dû prendre un parapluie.
Le lâcher prise, c’est se retrouver sous une averse, et ne pas le vivre négativement.
Le lâcher prise, c’est se retrouver sous une averse, et ne pas le vivre négativement. C’est lever les bras au ciel et éclater de rire sous une averse orageuse, apprécier les chatouilles de tes mèches de cheveux collées sur la nuque par les grosses gouttes d’eau tiède.
Ou alors, c’est courir se réfugier sous le premier abri et attendre que ça passe, en entamant une conversation avec les autres naufragé•es du radeau que vous vous serez dégoté dans la ville. C’est repartir de là les pieds secs (mais en retard, et alors ?!) et le sourire aux lèvres, enrichi•e d’une rencontre sympathique, d’un moment de communion avec des inconnu•es…
Lâcher prise, c’est laisser l’imprévu être toujours une bonne surprise.
Les gens heureux ne sont pas en colère
Ça pouvait paraître évident, mais j’ai remarqué que les gens heureux commencent souvent par ne pas jouer contre leur camp, c’est-à-dire qu’ils éliminent d’eux-mêmes les émotions négatives qu’ils peuvent produire.
Si les gens heureux ne sont pas en colère, ce n’est pas parce que rien ne les atteint, rien ne les touche, rien ne les énerve. On ne contrôle pas forcément tout ce qui peut provoquer chez nous des émotions négatives, et les émotions sont d’ailleurs souvent des réactions à des stimulis extérieurs.
Le truc n’est donc pas de ne jamais être en colère, jaloux•se ou énervé•e, mais de ne pas le rester. Je m’énerve, parce que vraiment, ça me tape sur les nerfs quand Josie Coloc finit le PQ sans remettre un rouleau neuf aux WC, mais combien de temps vais-je rester énervée pour ça ?
Jusqu’à ce que je la re-croise au dîner ? Ça fait beaucoup de temps passé à garder une énergie négative dans ma poitrine pour… quoi, au final ? Un rouleau de PQ ?
Les gens heureux ont l’habitude de relativiser les micro-drames de l’existence.
Qu’est-ce qui est le plus chiant : être énervé•e régulièrement (à chaque fois que Josie finit un rouleau) ou remplacer moi-même le rouleau et décider qu’au fond, je m’en fous que ce soit toujours à moi de le faire ?
Je crois que les gens heureux ont l’habitude de relativiser les micro-drames de l’existence, ce qui prend d’autant plus de sens à l’aune des grandes tragédies comme celles que l’on a connues en France, depuis janvier 2015.
Pourquoi les gens sont-ils heureux ?
Rien à faire, la cartésienne que je suis ne sait se satisfaire du « comment ». J’ai besoin de connaître le sens profond des choses, pas simplement leur mécanisme. Ça me fait une bien belle jambe de connaître la recette du bonheur si je ne comprends pas à quoi ça sert, dans la vie, d’être heureux•se.
Pourquoi ce serait un but ? Est-ce un but, d’ailleurs ?
Être heureux•se, c’est se laisser flotter à la surface plutôt que couler à pic, et en ça, c’est vraiment pas mal.
À ces questions, évidemment, je n’ai pas la réponse (sinon je serais le boss de fin de la philosophie, appelez-moi maître Bodoc). Mais je crois qu’au fond, une partie des réponses se trouve sans doute déjà dans le fait de poser la question (comme souvent en philosophie, non ?).
Je crois qu’être heureux•se, c’est une fin et un moyen. En soi, être heureux•se, c’est cool. C’est ne pas se prendre la tête. C’est être dans un état « positif » plutôt que négatif. C’est se laisser flotter à la surface plutôt que de couler à pic, et en ça, c’est vraiment pas mal, le bonheur.
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Le bonheur comme fondations de tous les possibles
Mais je pense aussi que le bonheur est un moyen d’accomplir d’autres choses. C’est un état d’esprit positif, une base de sérénité et de positivité qui permet de construire des projets dessus. Être heureux•se seul•e peut permettre, par la suite, d’être heureux•se en couple puis, pourquoi pas, en famille.
Chercher le bonheur, c’est porter son énergie sur des projets personnels et professionnels qui vont toujours nourrir cette même énergie positive.
Chercher le bonheur, c’est porter son intérêt et son énergie sur des projets personnels et professionnels qui vont toujours nourrir cette même énergie positive. Ce qui ne revient pas à chercher la facilité : je ne crois pas, par exemple, qu’il suffirait de ne pas avoir à travailler pour être heureux•se.
Les contraintes ne sont pas forcément des entraves au bonheur (de la même façon qu’un•e coloc relou•e n’est pas une entrave au bonheur individuel, au fond).
Pour moi, le bonheur se trouve dans les challenges que je me fixe et que je surmonte, parce que je m’ennuie trop vite dans la routine, le confort et la sécurité. J’ai besoin d’une part de risque, un peu comme j’aime ajouter du piment dans mes plats, sinon c’est fade.
C’est différent pour tout le monde, je pense, et c’est sans doute pour ça que la recette du bonheur n’est pas universelle. Chacun•e doit faire son propre mélange, et l’assaisonner à son goût !
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Les Commentaires
" Vaincre l'ennemi en soi " dans lequel Guy Finley donne des clefs pour accéder au moi supérieur et donc de vivre heureux, je le conseille vivement, il est top !!