Comment sont détachés, lavés, désinfectés, et désodorisés les vêtements en friperies ? Faut-il craindre les punaises de lit quand on chine des vêtements de seconde main ? Interview du fripier derrière Tucked et Untucked à Paris.
Ce qui rebute parfois les personnes réfractaires à la seconde main, ce sont les questions d’hygiène. Pourtant, les friperies proposent généralement des vêtements soigneusement reconditionnés : lavage, repassage vapeur pour défroisser, éliminer des bactéries, et tuer ce qu’il faudrait, ou encore produits désinfectants… Madmoizelle s’est entretenu avec le fripier le plus cool de Paris, Alex de chez Tucked et Untucked, pour mieux comprendre comment sont détachés, désinfectés, et désodorisés les vêtements en friperies.
Madmoizelle. Comment les vêtements chinés sont reconditionnés avant d’être vendus en friperie, généralement ?
Alex. Quand on chine des vêtements, ils sont reconditionnés de plusieurs manières en fonction de leur état, leur matière, leur fragilité, etc. Généralement, on les lave et les repasse, la chaleur agissant comme une désinfection. En plus, on utilise aussi des produits désinfectants. On les steame (traitement vapeur) à nouveau pour nettoyer encore plus. Et contre les odeurs, on vaporise un mélange moitié eau, moitié vodka. Quand les vêtements sont en excellent état, on se contente de les désinfecter et les repasser. Pour les autres, on les désinfecte et les lave chez nous, et on les steame ou les repasse en plus. Notre appartement, c’est une vraie buanderie : on a trois machines à laver (rires).
Par ailleurs, on travaille aussi avec une entreprise familiale de détachage, DJOSSYE, qui a les meilleurs conseils et meilleurs produits en cas de taches tenaces difficiles à identifier.
À quel point est-il courant de retoucher / repriser des vêtements avant de les vendre en friperie ?
C’est assez rare car ça fait partie du travail de sélection que de choisir des pièces qui n’ont pas besoin d’être retouchées ou reprisées. Mais ce sont des retouches qu’on peut faire face à une très belle pièce de luxe. Reprendre un accro ou une manche déchirée, c’est rentable. Mon partenaire de vie et de travail Geoffrey Mingot, qui est couturier, est capable de reconstruire une manche par exemple. Mais ça peut prendre plusieurs heures, du coup on finit par vendre l’article à perte.
C’est commun que les fripiers et fripières retouchent légèrement des vêtements chinés afin de les revendre, mais c’est rarement aussi poussé que chez nous, grâce à mon mari Geoffrey. C’est rare d’avoir des friperies qui sont à la fois des bons chineurs, retoucheurs, marchands, et communiquants.
Est-il courant de tomber sur des punaises de lit quand on chine en friperie, vide-grenier, vide-maison ou même en ligne ?
Personnellement, je n’en ai jamais vu, mais ça ne veut pas dire que c’est impossible. En tout cas, en friperie, ça me paraît peu probable, car on lave les vêtements, on les désinfecte, et surtout on repasse avec un fer à plus de 100°C donc ça éliminerait les potentielles punaises de lit. On scelle aussi nos sacs de vêtements chinés pendant longtemps, de 1 à 2 mois, ce qui priverait d’oxygène les éventuelles survivantes. Ça fait donc plusieurs moyens de les tuer, si jamais. On a jamais eu aucune plainte de client·e·s en quatre ans.
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